Nous savons tous que les mots ont un sens, mais savons-nous qu’ils ont aussi un impact sur celui qui les reçoit ? Certains seront comme une caresse alors que d’autres seront comme des coups de poing. Et celui qui en fera l’expérience vivra en permanence dans la peur s’il n’arrive pas à relativiser.
Malheureusement ces mots violents, à nu, sont partout et principalement sur notre lieu de travail. Un lieu où les supérieurs n’hésitent pas à se défouler sur nous quand les choses vont mal. Pis, ils sont de plus en plus nombreux ceux qui se croient autoriser à nous rabaisser uniquement parce qu’ils occupent un poste supérieur. Le travail qui occupe une place primordiale dans nos vies, est source de stress, d’angoisse, de violence, de dépression, de harcèlement et suicide.
Une souffrance au quotidien avec laquelle l’on doit apprendre à vivre si l’on veut conserver son emploi. Pour autant cette méthode de management qui consiste à optimiser chaque fois d’avantage afin d’augmenter les bénéfices en imposant des objectifs à atteindre coûte que coûte a ses limites. En effet, à force de considérer ses ouvriers comme des simples numéros, on en oublie qu’un employer épanouit sera bien plus performant que celui qui travaille à reculons avec la boule au ventre. Lorsque les mots, les phrases nous explosent au visage comme une salve d’armes à feu, il ne faut pas s’étonner de voir de plus en plus de «burn out» (un état d’épuisement physique, émotionnel et mental lié à une dégradation du rapport d’une personne à son travail) comme un manque d’énergie ou d’épuisement ; un retrait vis-à-vis du travail ou des sentiments négatifs ou cyniques liés au travail ; une perte d’efficacité professionnelle.
Est-ce-que les responsables de cette pression permanente qu’ils infligent aux autres ont conscience de la gravité de leurs actes en paroles ? Comment peut-on trouver du plaisir à détruire une personne si ce n’est un plaisir sournois de se sentir supérieur. Cette supériorité qui se veut arrogante, condescendante n’est rien d’autre qu’un chantage pour mieux nous manipuler, nous exploiter car, il ne faut pas l’oublier, chacun d’entre nous a son mot à dire.
En revanche si on se laisse marcher sur les pieds, rien ne changera et nous continuerons à être l’esclave de l’autre. Evidement, il ne faut pas non plus plaisanter avec notre vocabulaire car celui-ci doit rester courtois en toute circonstance : les grossièretés et insultes ne doivent pas être d’usage. Se défendre exige une certaine diplomatie d’où la nécessité de ne pas négliger l’éducation de nos enfants au travers des écoles (enseignement indispensable pour devenir un adulte autonome et responsable).
Si l’on n’y prend pas garde, une fois le citron pressé on le jette sans ménagement. C’est donc à nous d’imposer notre point de vue au lieu d’accepter jusqu’à être déshumanisé de peur de froisser le tout puissant qui maintient les rennes de notre avenir. Sauf que ce tout puissant n’est rien sans nous car sans la force de nos bras, il devient inutile.
La Covid-19, avec son chômage partiel, a eu au moins l’avantage de montrer les failles de notre système économique car sans marchandise (les matières) impossible de produire. Et faute de pouvoir s’adapter en temps et en heures, beaucoup de structures se retrouvent dans la mouise et ne pourront pas se relever. Le manque de considération vis-à-vis des travailleurs, des ouvriers, des employés accentue encore ce précipice car rares sont ceux qui iront travailler gratuitement (temporairement) pour sauver l’entreprise.
Ceux qui sortiront de cette impasse sont ceux qui ont su s’adapter, avec le soutien de leurs collaborateurs, tous ceux qui participent à la chaine de la production, du plus petit au plus grand. Cette pandémie doit nous servir de leçon. Il faut revoir nos comportements envers les autres et ne pas hésiter à les aider à s’épanouir afin que ces derniers puissent nous offrir le meilleur.
Au lieu de les mettre à nue pour ensuite les jeter comme de vieux détritus, osons l’impensable qui consiste à revaloriser ce qui peut nous faire avancer ensemble au lieu de jouer chacun dans son coin.
Sonia
LE MATIN