L’Afrique comptait ce dimanche 14 juin 233 732 cas confirmés de coronavirus. Le Covid-19 a déjà coûté la vie à 6 253 personnes sur le continent, selon le Centre africain de prévention et de contrôle des maladies. Les pays les plus touchés par la pandémie sont l’Afrique du Sud (65 736 cas), l’Égypte (42 980), le Nigeria (15 682), le Ghana (11 442), l’Algérie (10 810), le Cameroun (8 929) et le Maroc (8 732).
- L’Algérie assouplit légèrement ses mesures anti-Covid
L’un des pays les plus touchés du continent (760 morts et 7 420 guérisons) continue sa politique de déconfinement « progressif » débutée la semaine dernière. Certains commerces sont autorisés à rouvrir depuis ce dimanche : coiffeurs, magasins de vêtements et de chaussures, agences de location de véhicule. Par ailleurs, les transports urbains à l’intérieur des wilayas (préfectures) sont à nouveau possibles mais les transports routiers entre régions restent interdits.
Les taxis peuvent donc, en théorie, reprendre le travail. Mais les mesures drastiques en découragent plus d’un. Les conducteurs ont pour obligation de ne prendre qu’un seul client – à l’arrière du véhicule – et d’installer une protection en plexiglas entre l’avant et l’arrière. Autres mécontents potentiels : les propriétaires de cafés et restaurants des deux plus grandes villes, Alger et Oran. Ils ne peuvent rouvrir leur commerce pour le moment. Établissements scolaires et universitaires, stades, mosquées et salles des fêtes restent fermés.
Le confinement partiel est maintenu dans 29 des 48 wilayas algériennes. Mais dans ces préfectures, le couvre-feu est allégé : fixé auparavant de 19h à 7h, il court désormais de 20h à 5h. Enfin, le port du masque reste obligatoire (depuis le 24 mai).
- En Centrafrique, les lieux de cultes rouvrent à pas comptés
La cathédrale de la capitale Bangui rouvrira pour la messe de dimanche prochain mais de nombreuses petites églises de quartier ont rouvert dès ce dimanche pour célébrer l’office. Ce dimanche, les catholiques banguissois ont donc prié devant la cathédrale à défaut d’y entrer. Vendredi, le chef de l’État, Faustin Archange Touadéra avait en effet annoncé des assouplissements dans les mesures de lutte contre la propagation du nouveau coronavirus dont la réouverture des lieux de culte, mais aussi la réouverture graduelle des établissements scolaires. Le port du masque est en revanche rendu obligatoire dans les lieux publics. Le dernier bilan officiel fait état de 2 222 cas confirmés pour 7 décès et 369 guérisons.
- Madagascar allège les mesures sanitaires
Si le virus continue de se propager, le président Andry Rajoelina a estimé lors d’une allocution que la situation est « maîtrisée » sur la Grande Ile et a annoncé un allègement des mesures sanitaires. Un retour à la vie normale sur tout le territoire sauf pour les cinq zones les plus touchées par le Covid-19. Les mesures sanitaires y sont tout de même allégées. Dans l’Analamanga, région où se situe la capitale, Antananarivo, les habitants pourront travailler jusqu’à 17h et les transports fonctionner jusqu’à 19h. Des règles toujours en vigueurs mais moins strictes aussi pour Tamatave I et II, Fenerive-Est et Moramanga. Dans ces districts de l’Est du pays, les activités économiques peuvent se poursuivre jusqu’à 15h au lieu de 13h. Le couvre-feu est maintenu de 22h à 4h du matin.
Les rassemblements de plus de 50 personnes restent interdits dans toute l’ile. « Il faut rester unis, prudents et respecter les consignes pour combattre le coronavirus », a enjoint le chef de l’Etat, Andry Rajoelina, qui considère toutefois que l’épidémie est « contenue. » Réclamées depuis des semaines par le secteur privé durement touché par la crise, le président a annoncé quelques mesures de soutien aux entreprises. Un fonds de 40 millions de dollars sera débloqué au niveau de la Banque centrale pour leur permettre de faire des prêts à faible taux d’intérêt. Reportée plusieurs fois, une réunion entre le secteur privé et la présidence est prévue mercredi.
Par ailleurs, les 260 écoles privées de la grande ville de la côte Est de la Grande Île lancent un appel à l’aide aux autorités. Plus important port du pays, cette ville de 300 000 habitants compte le nombre le plus élevé de cas de Covid-19. Mi-avril, les écoles ont pu rouvrir leurs portes dans le reste de l’île pour les élèves en classe d’examen mais à Tamatave les cours sont totalement suspendus pour éviter la propagation du nouveau coronavirus.
Cette situation n’est plus tenable ont fait savoir, samedi, directeurs et enseignants d’établissements scolaires privés. Les responsables de l’enseignement privé de Tamatave, essentiel dans la ville qui compte seulement 32 établissements publics, réclament des mesures d’accompagnement ou des aides financières pour les écoles et les personnels ou « d’autres moyens pour que les familles qui sont en charge de l’éducation à Madagascar ne soient pas laissées pour compte ».
- Les centres d’accueil Covid-19 sont débordés en Guinée-Bissau
La Guinée-Bissau a dépassé samedi 13 juin les 1 460 confirmés de Covid-19 (15 décès, 153 guérisons), selon les données officielles. Le nombre de cas augmente mais le pays ne compte que trois centres d’accueil, qui sont aujourd’hui surchargés. L’oxygène médical manque ce qui oblige les personnels soignants à trier entre les patients. « Nous donnons de l’oxygène aux cas les plus graves, témoigne sur RFI le docteur Valdir Djalo, responsable du service dédié à la maladie engendrée par le nouveau coronavirus qui prende en charge 70 patients. Dès que le malade donne des signes de récupération, nous lui retirons l’appareil pour le passer à quelqu’un d’autre. » La seule solution pour l’instant est de laisser les cas moins graves chez eux. Ce qui augmente les risques de contagion communautaire.
Autre constat alarmant, une partie de la population bissau-guinéenne semble ne pas vouloir respecter les mesures destinées à ralentir la transmission du virus. « Les gens ne respectent pas les mesures barrières, ils font la fête, il refusent de se confiner. Cela n’aide pas à circonscrire la pandémie », pointe Alexandro, technicien au laboratoire de l’hôpital Simoes Mendes, le plus grand centre hospitalier du pays.
Pour tenter d’améliorer la situation, les autorités ont mis sur place un haut-commissariat coordonné par la docteure Magda Robalo, ancienne ministre de la Santé. Les structures de santé du pays ne permettant pas une prise en charge efficace, le gouvernement mise donc sur la sensibilisation de la population.
- Journée mondiale du don de sang : le coronavirus met à mal les réserves au Sénégal
Alors que le Sénégal a dépassé ce dimanche les 5 000 cas testés positifs au Covid-19 (5 090) et compte désormais 60 décès pour 3 344 guérisons, la pénurie de sang se fait plus aigüe. C’est pour tenter de remédier à cette situation inquiétante que le centre de transfusion sanguine situé à côté de l’hôpital Fann de Dakar, a organisé, samedi, une opération spéciale de dons et de sensibilisation, avec l’aide de la société civile et de partis politiques.
Pansement au creux du bras, Sala Diallo est fière d’avoir donné son sang. « Je pense que c’est une bonne chose, ça aide à sauver beaucoup de vies, explique-t-elle à la correspondante de RFI à Dakar. Tout le monde doit donner son sang, si on est en bonne santé, on doit aider ». Et le besoin est grand puisque le pays a enregistré une baisse de 25% des dons de sang, à cause de la pandémie qui provoque des craintes lorsqu’il s’agit de se rendre à l’hôpital, et qui a conduit les autorités à fermer interdire les rassemblements.
Autre écueil de la période, la fermeture des universités. « Je peux dire que la clientèle à 70% du centre de transfusion sanguine, ce sont les étudiants, témoigne Thierno Lecompte Seck, président de l’association nationale des donneurs de sang. Donc s’ils ne sont pas là surtout durant le mois de ramadan, alors les stocks seront sûrement très bas. » Environ 700 bénévoles ont donné leur sang dans la journée à Dakar ce qui soulage le docteur Youssou Bamar, chef du service de prélèvement, inquiet de la pénurie qui « a causé beaucoup de méfaits aux patients suivis pour des maladies chronique mais aussi pour les patients que l’on a vu en urgence comme les femmes qui accouchent ou les accidentés ».
À chaque entrée de bâtiments, les donneurs avaient accès à des masques ou du savon, grâce à l’aide d’une association de jeunes. L’objectif est de faire perdurer la dynamique sur les semaines à venir.
• Des Mauritaniens bloqués à la frontière sénégalaise alertent sur leur situation
Bloqués à la frontière avec le Sénégal, depuis le 25 mars dernier du fait de la pandémie de Covid-19, un groupe de 106 ressortissants mauritaniens, dont des personnes âgées, des femmes et des enfants, se sont fait filmer et ont diffusé la vidéo dimanche, sur les réseaux sociaux pour attirer l’attention de l’opinion sur la précarité de leurs conditions de vie. Ils s’y adressent directement au président mauritanien afin qu’il autorise leur retour en Mauritanie comme cela a été fait pour certains de leurs compatriotes bloqués en Europe et dans le Maghreb.
• 43 pays ont toujours leurs frontières entièrement fermées selon l’UA
Le Centre africain de prévention et de contrôle des maladies (Africa CDC) dresse un état des lieux des mesures prises sur le continent pour ralentir la progression de la maladie. Quarante-trois pays africains sont toujours dans un régime de « fermeture complète des frontières », tandis que le couvre-feu nocturne a été activé dans 35 pays.
Le CDC indique aussi que sept pays d’Afrique ont imposé des fermetures de trafic aérien international, tandis que deux autres ont imposé des restrictions de voyage à destination et en provenance de pays spécifiques, et que deux autres encore ont également activé des restrictions d’entrée/sortie. Toutefois, certains États autorisent toujours les transports de marchandises, de fret et d’urgence à destination et en provenance de leurs pays respectifs.
Le Centre de l’Union africaine note également que tous les États du continent limitent les rassemblements publics, que 38 ont procédé à la fermeture des établissements d’enseignement à l’échelle nationale, tandis que des visites limitées dans les prisons et les hôpitaux ont également été ordonnées dans 20 pays. Au milieu des efforts croissants pour limiter la propagation du Covid-19 en Afrique, 18 pays ont lancé un dépistage et des tests de masse, tandis que 41 ont imposé l’utilisation publique obligatoire des masques.
- La police sud-africaine touchée par le Covid-19
Le SAPS (South African Police Service) a perdu 14 agents des suites de la maladie entraînée par le nouveau coronavirus SARS-CoV-2. 1 685 policiers ont été testés positifs d’après le ministre de la police, Bheki Cele. C’est la province du Cap Occidental qui est la plus touchée avec 1 134 cas positifs chez les forces de l’ordre (c’est aussi l’épicentre de l’épidémie dans le pays). 600 agents sont toutefois guéris et ont pu reprendre le travail. Mais le chiffre des infections de policiers a quasiment doublé depuis la dernière annonce gouvernementale sur le thème fin mai. L’Afrique du Sud est le plus pays le plus touché du continent avec 65 736 cas confirmés pour 1 423 décès et 36 850 guérisons (le pays a pratiqué plus d’un million de tests ce qui, comparé aux autres pays, est énorme et augmente mécaniquement le nombre de cas positifs).
- En Tanzanie, le foot reprend ses droits
Il s’agit du premier pays africain à relancer son championnat domestique. Quatre matchs ont eu lieu ce week-end et sont les premiers à se disputer depuis trois mois même s’ils sont conditionnés à un strict protocole sanitaire. Les enfants et les supporters les plus âgés, considérés comme les plus vulnérables face au Covid-19, sont ainsi bannis des stades.
Les supporters présents dans les tribunes doivent porter un masque, se laver les mains avec du gel désinfectant ou un savon et se soumettre à un contrôle de température. La distanciation sociale est de rigueur dans les gradins, et les vestiaires sont désinfectés avant et après chaque match. Depuis l’apparition du Covid-19, tous les championnats africains se sont arrêtés, sauf au Burundi.
RFI