Pendant que la police judiciaire nigérienne poursuit ses enquêtes complémentaires et autres investigations autour de l’audit du ministère de la Défense, un collectif de quatre avocats des principaux fournisseurs de matériels militaires monte au créneau, lundi 16 juin, pour défendre leurs clients mis en cause.
Avec notre correspondant à Niamey, Moussa Kaka
Pour l’instant, aucun fournisseur de matériel militaire n’est poursuivi en justice malgré le rapport accablant de 53 pages. Sans attendre que leurs clients ne soient convoqués devant les juges, les quatre avocats ont pris les devants. Le bâtonnier Marc Le Bihan : « Le constat que l’on fait depuis le déclenchement de cette affaire est que nos clients, qui ont pourtant livré la quasi-intégralité du matériel qui leur a été commandé, sont vilipendés, stigmatisés… ».
La surfacturation, pas illégale au Niger
Cet audit a passé au crible 177 contrats d’achat de matériel militaire signés, pour la majorité, entre 2017 et 2019. Les extraits du rapport qui ont fuités ces dernières semaines ont révélé un manque à gagner de plus de 110 millions d’euros pour l’État (76 milliards de francs CFA), via des surfacturations, contrats fictifs, mises en concurrence déloyale ou tout simplement non livraison de matériel.
Mais selon ces avocats, il n’est pas possible au Niger de rechercher, poursuivre et inculper un individu pour des faits de surfacturation. Maître Ismaril Tambo : « En l’état actuel de notre droit national, la surfacturation n’est pas un délit ».
À en croire le collectif d’avocats, leurs clients se sont endettés auprès des banques pour honorer leurs contrats. Et pourtant maître Moumouni Maman Hachirou : « Aucun d’entre eux n’a reçu 30 % de la vente au démarrage qui est prévue pourtant par le contrat. Et que c’est ça qu’il faut dire au peuple, que l’Etat doit de l’argent aujourd’hui à nos clients ».
Selon le bâtonnier Marc Le Bihan, l’État doit plusieurs dizaines de milliards au plus grand fournisseur d’armes au Niger, son client l’homme d’affaires Aboubacar Hima, alias « Petit Boubé » : « Moi, par exemple M. Boubé, l’État reconnait lui devoir aujourd’hui 16 milliards de francs CFA ». Un jugement très attendu par l’ensemble des Nigériens.
RFI