L’infraction de trop? La star du sprint américain Christian Coleman, champion du monde du 100 mètres l’an passé après avoir frôlé une suspension, se retrouve suspendu provisoirement pour avoir manqué un nouveau contrôle antidopage, et pourrait se voir privé des Jeux olympiques à Tokyo l’an prochain.
Christian Coleman a d’abord annoncé sur son compte Twitter dans la nuit de mardi à mercredi un nouveau manquement aux règles de localisation, constaté le 9 décembre 2019 par l’Unité d’intégrité de l’athlétisme (AIU), avant que l’organisme n’annonce quelques heures plus tard “sa suspension provisoire”.
Coleman affirme avoir tenté en vain de contester, au cours des six derniers mois, l’infraction auprès de l’AIU, cet organe créé par la Fédération internationale chargé entre autres de la lutte antidopage.
Mais le nouveau champion du monde du 100 m, flamboyant à Doha (Qatar) en septembre dernier (9 sec 76), risque deux ans de suspension et donc de manquer les Jeux olympiques de Tokyo, repoussés à 2021 en raison de la pandémie de coronavirus.
Douze jours seulement après la suspension provisoire pour les mêmes raisons de la Bahreïnie Salwa Eid Naser, championne du monde du 400 m, c’est un nouveau coup dur pour l’image de l’athlétisme, sport marqué par les scandales de dopage qui tente de faire le ménage, notamment sur la distance reine du 100 m.
– Déjà en 2019… –
Les deux prédécesseurs américains de Coleman au palmarès des Mondiaux sur la ligne droite, Justin Gatlin et Tyson Gay, ont tous deux été suspendus pour dopage.
Pour Coleman, la menace n’est pas si nouvelle: l’athlète de 24 ans était déjà menacé de suspension à la fin de l’été 2019, après trois manquements à ses obligations de localisation en mois d’un an.
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Christian Coleman à Des Moines (Etats-Unis) le 25 juillet 2019
Il y avait finalement échappé de peu en septembre, blanchi par l’Agence antidopage américaine, qui avait commis une erreur dans la date de son premier manquement.
Les infractions de Coleman avaient été enregistrées le 6 juin 2018, le 16 janvier 2019 et le 26 avril 2019.
Cependant, l’Américain avait plaidé avec succès que le premier manquement (des imprécisions dans sa localisation et non un contrôle raté) aurait dû être antidaté au premier jour du trimestre correspondant (1er avril 2018). Ce qui plaçait les trois manquements sur une période plus longue que les 12 mois requis.
A présent, avec ce nouveau raté du 9 décembre, associé à ceux de janvier et avril 2019, Coleman se trouve en infraction.
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Christian Coleman en tête de la demi-finale du 100 m lors des championnats du monde Doha le 28 septembre 2019
Les sportifs de très haut niveau sont soumis à de scrupuleuses obligations de localisation (adresse, stages, entraînements, compétitions), devant en plus renseigner chaque jour un créneau d’une heure et un lieu afin de pouvoir être testé de façon inopinée.
Trois manquements à ces obligations (un contrôle manqué, le “no show”, ou des renseignements imprécis) en moins d’un an sont passibles de deux ans de suspension, pouvant être ramené à un an en cas de circonstances atténuantes.
Si le dossier de Coleman aboutit, la période d’une éventuelle suspension débutera soit à l’issue de la procédure, soit à la date du début de sa suspension provisoire, le 14 mai 2020, comme annoncé par l’AIU. Ainsi, si les juges sont cléments, Coleman pourrait n’être suspendu qu’un an à partir du 14 mai 2020 et se voir ouvrir la porte des JO malgré son infraction antidopage.
– “Au courant” le lendemain –
Dans son long message publié sur Twitter, Coleman accuse l’AIU d’avoir en quelque sorte provoqué le test manqué en décembre.
“Je pense que la tentative du 9 décembre a été délibérée, pour me faire rater un contrôle. Ne me dites pas que j’ai +raté un contrôle+ si vous vous faufilez devant ma porte à mon insu”, écrit-il, assurant qu'”il n’y a aucune trace que quiconque soit venu chez moi”.
Le sprinteur affirme en outre que les contrôleurs se sont rendus chez lui alors qu’il faisait des achats de cadeaux de Noël dans un centre commercial voisin, et que cela pouvait être vérifié par ses relevés bancaires.
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Christian Coleman à Stanford (Etats-Unis) le 30 juin 2019
“J’étais plus que prêt et disponible pour un contrôle et si j’avais reçu un appel téléphonique, j’aurais pu m’y soumettre”, assure-t-il, déplorant n’avoir “été mis au courant de ce contrôle que le lendemain, le 10 décembre 2019, par l’AIU”, et ne pas avoir été appelé par le contrôleur, comme c’est le cas habituellement.
Selon la notification publiée par Coleman, le contrôleur a indiqué s’être présenté à son appartement et ne pas avoir obtenu de réponse après “plusieurs coups forts, toutes les 10 minutes” pendant une heure, sans avoir en effet téléphoné.
Refusant de commenter un cas en cours, l’AIU a tout de même précisé à l’AFP que dans les règlements, “téléphoner à l’athlète est laissé à l’appréciation du contrôleur mais n’est pas obligatoire” et que “l’absence d’un coup de téléphone n’est pas un élément de défense contre l’affirmation d’un contrôle manqué”.
Coleman indique enfin avoir été contrôlé deux jours plus tard. “Et plusieurs fois encore ensuite, même pendant la quarantaine. Mais bien sûr, cela n’a pas d’importance, et le fait que je ne me sois jamais dopé non plus”, a-t-il regretté.
AFP