L’ex-conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, John Bolton, accuse le président américain d’avoir cherché l’aide de la Chine pour gagner sa réélection en novembre, selon des extraits explosifs d’un livre à paraître, publiés par des médias américains mercredi 17 juin.
L’ex-conseiller raconte qu’en juin 2019, Donald Trump avait « détourné la conversation sur la prochaine élection présidentielle, en faisant allusion à la capacité économique de la Chine et en plaidant auprès de Xi pour qu’il fasse en sorte qu’il l’emporte », selon des extraits publiés simultanément par leWall Street Journal, le New York Times et leWashington Post.
Lors de cette rencontre en marge du sommet du G20 à Osaka, le président américain « a souligné l’importance des agriculteurs et de l’augmentation des achats chinois de soja et de blé sur le résultat de l’élection », écrit dans ses mémoires ce faucon républicain, hostile au multilatéralisme et volontiers va-t-en-guerre.
Favorable à la politique menée vis-à-vis des Ouïghours
L’ex-conseiller de la Maison Blanche assure par ailleurs que le président américain a encouragé le président chinois à continuer la construction de camps de concentration pour les Ouïghours. « Trump pensait que c’était la meilleure chose à faire », affirme-t-il.
Comme pour lui apporter un démenti cinglant, le président américain a promulgué mercredi la loi votée quelques jours plus tôt, et qui instaure des sanctions contre la Chine pour le traitement de cette minorité.
Les fuites dans la presse surviennent au lendemain de l’annonce d’une action en justice de l’administration Trump pour tenter de bloquer la parution prévue le 23 juin de cet ouvrage, intitulé The Room Where It Happened, A White House Memoir.
« Un comportement fondamentalement inacceptable qui érode la légitimité même de la présidence »
« Les conversations de Trump avec Xi reflètent non seulement les incohérences de sa politique commerciale mais aussi l’interconnexion dans l’esprit de Trump entre ses propres intérêts politiques et l’intérêt national américain », poursuit John Bolton, 71 ans, conseiller à la sécurité nationale d’avril 2018 à septembre 2019.
NewsletterRecevez toute l’actualité internationale directement dans votre boite mail
« Celle-ci et d’innombrables autres conversations similaires avec Trump ont confirmé un comportement fondamentalement inacceptable qui érode la légitimité même de la présidence », accuse-t-il.
John Bolton se tourne alors vers la procédure de destitution lancée au Congrès américain par les démocrates contre Donald Trump fin 2019 pour l’affaire ukrainienne, dans lequel il n’avait pas témoigné. « Si les démocrates qui ont défendu la mise en accusation (de Trump) n’avaient pas été à ce point obsédés par leur guerre éclair sur l’Ukraine en 2019, s’ils avaient pris le temps d’enquêter de manière plus systématique au sujet du comportement de Trump à travers tout le spectre de sa politique étrangère, l’issue de la mise en accusations aurait pu être bien différente », assure-t-il.
Son livre avait d’ailleurs déjà fait irruption avec fracas dans la vie politique américaine lorsque des passages avaient fait l’objet de fuites dans la presse en janvier, en plein procès en destitution.
Dans ces extraits initiaux, John Bolton rapportait une conversation d’août dernier au cours de laquelle Donald Trump lui avait expliqué ne pas vouloir débloquer une aide cruciale à l’Ukraine tant qu’elle n’enquêterait pas sur son adversaire démocrate Joe Biden – désormais candidat contre lui à la présidentielle du 3 novembre. Donald Trump avait été acquitté par le Sénat, à majorité républicaine.
(Avec AFP)