Pour le technicien portugais, c’est l’occasion de se venger de son ancien club (2016-2018) qui lui avait infligé sa première défaite sur le banc londonien début décembre (2-1). Mais c’est aussi un match vertigineux car Tottenham, seulement huitième (41 pts), accuse déjà quatre longueurs de retard sur “ManU” (5e, 45 pts) et sept sur la quatrième place de Chelsea (48 pts), la dernière qualificative pour la lucrative Ligue des champions.
Avec un titre qui pourrait être attribué à Liverpool dès lundi, la course à l’Europe occupe tous les esprits en Premier League.
D’ailleurs, la cinquième place occupée par Manchester United pourrait bien devenir qualificative pour la C1 en cas d’échec de l’appel de Manchester City (2e) devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) contre son exclusion de toute compétition européenne l’an prochain pour des entorses au fair-Play financier. La décision doit être rendue début juillet.
Les candidats aux places européennes sont nombreux, puisque même Burnley et Crystal Palace, 10e et 11e, ne sont qu’à 6 points. Et la lutte sera féroce.
Les Spurs et les Red Devils vont toutefois bénéficier du retour de blessés de marque pour ce match, qui sera un premier tournant: Son Heung-min, Harry Kane et Steven Bergwijn côté Spurs, Marcus Rashford et Paul Pogba pour United.
Et gare au faux pas: une défaite serait un coup dur pour Tottenham en vue d’une qualification européenne qui serait bienvenue pour leur situation financière fragilisée.
Grâce à une année 2018-2019 couronnée d’une finale de Ligue des champions (perdue 2-0 contre Liverpool), les Spurs avaient publié au début du confinement un bénéfice avant impôts de 87,4 millions de livres (près de 100 M EUR), supérieur à ceux des Reds et des deux clubs de Manchester cumulés.
– Un si cher stade –
Malgré cela, ils avaient annoncé le même jour vouloir placer une partie de leur personnel, hors joueurs professionnels, dans un programme gouvernemental de chômage partiel.
L’initiative ayant provoqué un tollé en Angleterre, Tottenham a fini par renoncer, mais le club a récemment obtenu une autre aide publique sous la forme d’un prêt de 175 M GBP (195 M EUR) à taux préférentiel accordé par la Banque d’Angleterre.
De fait, les comptes de Tottenham étaient un peu en trompe-l’œil avant même l’irruption du coronavirus dans l’équation.
Le club du nord de Londres a plusieurs centaines de millions de livres de dettes liées à la construction du Tottenham Hotspur Stadium. Les comptes arrêtés fin juin parlent de 852 M GBP (949 M EUR), mais le club a restructuré en septembre une grosse partie de sa dette à un coût plus favorable et sur 23 ans.
Pour ne rien arranger, Tottenham a perdu 200 M GBP (222 M EUR) de recettes rien qu’en conséquence des matches et des évènements hors football – centre de conférence, concerts, autres sports – annulés en raison de la pandémie.
– Balance des transferts très négative –
Les espoirs de céder les droits de “naming” de l’enceinte à Amazon pour 250 M GBP (279 M EUR) par an sur 10 ans – ce qui aurait été l’accord de sponsor-titre le plus lucratif de l’histoire – semblent aussi devoir être revus sérieusement à la baisse.
En outre, la partie “transferts” du bilan donnait une image moins flatteuse d’un club souvent loué pour son recrutement avisé.
Les Spurs doivent ainsi 84 M GBP (93,5 M EUR) d’indemnités à d’autres clubs, alors que 4,5 M GBP (5 M EUR) seulement leur sont dus.
Et ce chiffre n’inclut ni la balance nette négative des transferts estivaux (74,5 M GBP/83 M EUR), ni le recrutement hivernal de Bergwijn (30 M EUR) ou les 12,5 M GBP (14 M EUR) de coûts estimés du limogeage de Mauricio Pochettino en novembre.
Eliminés en huitièmes de la C1 par Leipzig et en Coupe d’Angleterre, la fin du championnat ressemble à un quitte ou double pour Tottenham et Mourinho. L’Europe ou rien!
Besoccer