L’usage abusif ou excessif des antibiotiques accélère le phénomène de la résistance. Cette résistance aux antibiotiques représente, aujourd’hui, l’une des plus graves menaces sur la santé mondiale, la sécurité alimentaire et le développement. Elle peut toucher toute personne à n’importe quel âge. Elle entraîne également une prolongation des hospitalisations, une augmentation des dépenses médicales et une hausse de la mortalité.
De nouveaux mécanismes de résistance des bactéries aux antibiotiques rendent difficile le traitement des maladies infectieuses. Pour un grand nombre de cas d’infections, le traitement devient plus difficile ou même impossible à cause de la perte d’efficacité des antibiotiques.
Dr Garan Dabo, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital du Mali explique que la résistance des bactéries aux antibiotiques est un phénomène massif et préoccupant d’une haute portée de santé publique. Il soutient que pendant longtemps, la majorité des cas de résistance était détectée à l’hôpital. Cependant, le phénomène prend de plus en plus d’ampleur en ville, parce que lié à l’utilisation abusive et non rationnelle des antibiotiques.
Ainsi, à l’occasion d’un banal traitement oral, une espèce bactérienne intestinale peut développer une résistance. L’antibiotique détruit la flore bactérienne associée et laisse le champ libre à la bactérie résistante pour se développer.
Ces bactéries résistantes sont ensuite diffusées par voie manuportée, plus ou moins vite selon le niveau d’hygiène de la population.
Le praticien de l’Hôpital du Mali indique que l’antibiotique doit être prescrit pour traiter des infections bactériennes. C’est une substance naturelle ou synthétique qui détruit ou bloque la croissance des bactéries.
Dans le premier cas, on parle d’antibiotique bactéricide et dans le second cas d’antibiotique bactériostatique. à noter qu’il y a des antibiotiques qui ont, en plus de leur activité antibactérienne, d’autres types d’activités : antiparasitaire ou antifungique. Mais il s’agit ici d’antibiotiques antibactériens. Cette prescription, dit-il, d’antibiotiques doit se faire sur la base d’un diagnostic présomptif d’infection bactérienne, conduit idéalement après prélèvements microbiologiques ou au mieux sur la base d’une documentation microbiologique.
D’après le toubib, les antibiotiques ont permis de faire considérablement reculer la mortalité et la morbidité associées aux maladies infectieuses. C’est donc cette efficacité remarquable des antibiotiques qui a motivé leur utilisation massive et répétée en santé humaine et animale.
Par conséquent, cela a créé une pression de sélection sur les populations bactériennes, entraînant l’apparition de souches résistantes. Il précise que le terme résistance aux antibiotiques ou résistance bactérienne est utilisé lorsqu’une souche bactérienne est résistante à un antibiotique ou à plusieurs antimicrobiens ou classes d’antimicrobiens différents dans le cas d’espèce, on parle de multirésistance.
Il urge donc de prévenir le phénomène de résistances bactériennes. Pour ce faire, le docteur recommande de prendre des mesures pour réduire l’impact et limiter la propagation des résistances.
Il conseille tout d’abord de limiter voire inverser l’augmentation de la résistance aux antibiotiques et contrôler les réservoirs de résistance mais aussi de rechercher de nouveaux antibiotiques qui sont efficaces sur les bactéries résistantes.
Le médecin juge également nécessaire d’éviter l’usage abusif ou excessif des antibiotiques, qui accélère le phénomène de résistance. C’est une action qui doit mobiliser individuellement mais aussi les professionnels de santé et les pouvoirs publics.
Il faut souligner que l’effet négatif, à long terme, de la consommation d’antibiotiques lorsqu’ils ne sont pas nécessaires est à la fois individuel et collectif.
Ce contrôle des antibiotiques ne se limite pas à la médecine humaine mais aussi au secteur animal et en particulier à l’élevage.
F. N.
Source: Journal l’ Essor- Mali