Aux États-Unis plusieurs banques dédiées à la clientèle noire ont eu leur quart d’heure de célébrité la semaine dernière, enregistrant des hausses exponentielles à la bourse.
Plus 95% pour le cours de Broadway Financial, une banque basée à Los Angeles. + 850% pour celui de Carver Bank, l’une des plus vénérables institutions de la finance noire, fondée à Harlem, à New York, dans les années 40. Vendredi, journée de commémoration de l’esclavage, le Nasdaq a dû suspendre ces valeurs parce que leur cours grimpait beaucoup trop vite, bien au-delà des limites autorisées à Wall Street. La flambée s’est poursuivie dans les échanges électroniques. Un engouement très politique. Les spéculateurs ont répondu au mot d’ordre « buyblack », « achetez noir », lancé sur les réseaux sociaux à l’occasion de cette journée de commémoration. Avec la dynamique créée par le mouvement Black Lives Matter, cet appel a été largement suivi.
Cette euphorie boursière est-elle justifiée, et durable?
Les cours vont sans doute rapidement replonger jugent les analystes. L’action de Carver Bank par exemple qui est passée en quelques jours la semaine dernière de 2 à 12 dollars est déjà retombé dans la zone des 8 dollars. Cette frénésie haussière est un phénomène passager, elle ne reflète pas toujours les fondamentaux de ces sociétés. La Carver Bank affiche ainsi de piètres performances financières, son résultat est négatif et elle subit une forte érosion du volume de dépôts depuis 2016. Les plus critiques estiment que cette hausse spectaculaire relève de la manipulation de marché et qu’elle ne profitera pas à ces entreprises ou à leurs clients mais plutôt aux traders pour la plupart blancs dont le métier est de gagner de l’argent en tirant le meilleur parti des mouvements boursiers.
L’opération a surtout apporté une publicité inattendue à ces banques communautaires
Elles sont très peu nombreuses, environ une vingtaine à travers les États-Unis. Elles ont été créées par des noirs pour les noirs. Et elles jouent encore un rôle clé dans l’accès au crédit des Afro-Américains, dont les demandes sont encore trop souvent rejetées par les grandes banques américaines. D’après une enquête effectuée en 2018 dans une soixantaine de grandes villes, les dossiers de crédit des Afro-Américains sont plus souvent refusés que ceux des blancs. Ceux qui veulent monter une entreprise essuient deux fois plus de réponses négatives que les blancs d’après les données publiées par la Réserve fédérale. Un fait qui s’explique en partie par le niveau de pauvreté des noirs : ils ont donc plus de mal à réunir les conditions de solvabilité très strictes exigées pour l’obtention d’un prêt. Et un fait qui s’explique aussi par un racisme rampant. Les grands établissements bancaires américains ont déjà versé des millions de dollars à des clients noirs qui ont porté plainte pour discrimination raciale.
Certaines de ces banques communautaires connaissent un regain d’intérêt en ce moment
A cause du Covid-19, OneUnited, l’une des plus grandes d’entre elles, a vu affluer des dizaines de milliers de nouveaux clients en un mois, des afro américains ayant des factures de santé astronomiques à acquitter ou tout simplement besoin d’argent frais pour tenir le choc et maintenant, c’est le mouvement engendré par le meurtre de George Floyd qui pousse les Afro-Américains à préférer les banques communautaires.
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►En bref
Cet été les frontières de l’Europe pourraient rester fermées aux visiteurs américains
C’est une information du New York Times, la décision sera prise dans les prochains jours. Puisque à partir du premier juillet l’Union européenne devrait rouvrir ses portes aux ressortissants des pays tiers. La liste finale tient compte de la vigueur du coronavirus dans le pays d’origine.
En France, le gouvernement envisage de restreindre le travail détaché
Les entreprises recrutant de la main d’œuvre européenne avec des charges sociales moindres correspondant à celles des pays d’origine seraient encouragées à freiner cette pratique si elles veulent l’aide de l’État. Ces restrictions seraient prises au nom de la préférence nationale, pour sauver les emplois locaux. Cette disposition chère au président Macron pourrait être annoncé ce mercredi aux partenaires sociaux.
RFI