Le vote sur la réforme de la Constitution en Russie est prévu pour le 1er juillet 2020, mais en raison du coronavirus, les autorités du pays autorisent les électeurs à voter dès ce jeudi. L’enjeu est de taille : la réforme doit permettre à Vladimir Poutine de briguer deux nouveaux mandats, et donc de rester au pouvoir jusqu’en 2036. Un « coup d’État constitutionnel » aux yeux d’une opposition totalement divisée sur la stratégie à adopter.
Avec notre correspondant à Moscou,Daniel Vallot
Faute d’accès à la télévision, et privée de meetings pour cause de coronavirus, c’est sur internet que les ténors de l’opposition sont obligés de débattre. Et pour le plus célèbre d’entre eux, l’avocat et blogueur Alexei Navalny, il n’est pas question de participer à un scrutin qualifié de mascarade.
« Je suis pour la participation aux élections, dans 99% des cas. Mais ce vote est totalement illégitime, il est donc impossible d’y participer, estime Alexeï Navalny. Ensuite, il y a les risques liés au coronavirus. À mes yeux, il serait immoral d’appeler ses partisans à voter dans ces conditions. »
Pour les tenants du boycott, participer à ce vote serait une façon de le rendre légitime. Et le seul moyen de pression à leurs yeux est de faire baisser le plus possible le taux de participation.
Boycott ou vote contre
Ancien membre du parti Iabloko, Maxime Katz estime au contraire qu’il faut aller voter et s’opposer dans les urnes aux projets du président russe. « Depuis l’élection de 2018 la cote de popularité de Poutine a brutalement chuté. Et dans la rue tous les gens nous disent qu’ils veulent s’opposer à la réforme. Il y a un tel mécontentement au sein de la société que les gens veulent aller voter contre », affirme-t-il.
Quelle que soit la stratégie adoptée par l’opposition, la réforme de la Constitution voulue par Vladimir Poutine a toutes les chances d’être adoptée le 1er juillet prochain. Le président russe aura alors le droit de briguer deux nouveaux mandats. Et dans un entretien accordé il y a quelques jours à la télévision, Vladimir Poutine a pour la première fois évoqué la possibilité de se présenter de nouveau en 2024.