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Campagne cotonnière : Baisse du prix des engrais

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À titre exceptionnel, le gouvernement a fixé le coût du sac de 50 kg à 11.000 Fcfaau comptant et 11.658 Fcfa à crédit

L’annonce faite par le gouvernement de revoir à la baisse le prix du kg de coton graine a soulevé un vent de révolte dans le milieu paysan. Les producteurs menaçaient de boycotter la culture du coton si le gouvernement ne révisait pas à la hausse le prix initialement fixé. Mais le spectre d’une campagne sans coton s’éloigne peu à peu. Les raisons ?
On se rappelle que le Premier ministre, Dr Boubou Cissé, avait accepté de porter le prix du kilogramme de 215 à 250 Fcfa. Cette décision n’avait pas totalement éteint la fronde des producteurs qui se plaignaient de la hausse du prix de l’engrais du fait du transfert de la subvention sur le prix du coton graine. Les producteurs viennent d’obtenir gain de cause au sujet du prix du coton aussi. Ainsi, à titre exceptionnel, le gouvernement a fixé le prix de cession du sac des engrais du coton (complexe coton, complexe céréales et urée) à 11.000 Fcfa au comptant et 11.658 Fcfa à crédit. Ce prix est fixé dans les limites du plan de campagne révisé, précise un communiqué de la Compagnie malienne de développement des textiles (CMDT).

Cette bonne nouvelle va certainement doper le moral de certains producteurs comme ceux de Kita (Région de Kayes), où l’on s’active pour atteindre les objectifs de la campagne 2020-2021, selon le conseiller de la Fédération régionale des sociétés coopératives des producteurs de coton de la filiale Ouest de Kita. Pour Karim Diarra, les inquiétudes ont été balayées quand le gouvernement a décidé de ramener le prix du kg du coton graine à 250 Fcfa. «La pluie s’installe progressivement, et les intrants et les semis sont à la disposition des paysans des quatre secteurs de Kita», se réjouit-il.
Les efforts continuent au niveau de toutes les zones de production pour sauver ce secteur stratégique. En effet, l’or blanc fournit des revenus à 40 % de la population rurale. La filière contribue à 22 % des recettes d’exportations et 12% des recettes du budget national.

«À la date du 16 juin dernier, dans le secteur de Kita, les semis ont concerné 6.500 hectares contre 7.000 hectares à la même période de l’année dernière. Cela, malgré l’installation tardive des pluies et la situation qui menaçait de toucher le coton cette année», a indiqué le président de la Fédération régionale des sociétés coopératives des producteurs de coton de la filiale Ouest de Kita. Djalla Moussa Dembélé compte, lui-même, cultiver 20 hectares durant cette campagne. Déjà, dit-il, 14 hectares ont été semés.

Selon notre interlocuteur, tous les paysans du ressort de sa fédération ont décidé de cultiver le coton depuis la hausse du prix. «C’est vrai certains étaient désespérés, mais ils ont finalement décidé de nous rejoindre», confirme-t-il. Dans le secteur de Djidian, deux zones de production avaient refusé de cultiver cette année. Grâce au nouveau prix annoncé par le gouvernement, ils ont décidé de rejoindre les autres, assure Mahamadou Konaté, président du secteur de Djidian, tout en précisant que sur les 20 ha cultivables cette année, 10 ont déjà été semés.

LES RÉTICENTS- à Sébékoro, un autre secteur, l’idée de boycotter le coton est déjà dans les oubliettes. «Tout le monde est d’accord avec la culture du coton partout dans mon secteur depuis que le prix est fixé à 250 Fcfa», assure Siaka Cissé. Le président de l’Union des secteurs ajoute : «Dans mon secteur, je ne peux pas estimer pour le moment la superficie cultivable, mais toutes les zones s’adonnent actuellement à la culture du coton. Les intrants sont à la disposition des paysans depuis longtemps». Cependant dans la zone de production de Koutiala, certains producteurs semblent camper sur leur position de boycott. Les raisons sont multiples, selon le président de l’Association Uyetio (ceux qui refusent la culture du coton). Selon Sékou Coulibaly, les frondeurs exigent le maintien du prix du kg de coton graine à 275, le maintien de la subvention de l’engrais subventionné (11.000 Fcfa le sac), la mise en place d’une commission de surveillance pour la mise en place des Unions. «L’état nous vend à crédit la boîte d’insecticide à 4.000 Fcfa, alors qu’on en trouve sur le marché à 400 Fcfa», s’étonne le président, avant de dénoncer ce qu’il qualifie de «passation douteuse du marché des engrais et des pesticides au détriment des producteurs et de la CMDT». En outre, Sékou Coulibaly indique que les producteurs souhaitent le recours au Fonds de garantie pour sauver la filière coton. Ce fonds est, d’après lui, reparti en trois tranches.

La première tranche est accordée aux paysans sous forme de ristournes. La seconde est destinée au fonctionnement des Unions locales des producteurs de coton. La troisième partie appuie la filière au cas où le prix du coton chutait comme c’est le cas maintenant. La filière, à en croire le producteur Coulibaly, n’a connu aucun problème de 2009 à 2020. «Où est passé ce Fonds de garantie ?», s’interroge-t-il. Contrairement à Koutiala, les producteurs de coton de Kadiolo ont, de façon unanime, décidé de sauver la campagne. «Nous avons pris la sage décision de poursuivre la production du coton cette année en tenant compte des réalités du terrain», selon le président de l’Union locale des producteurs de coton. Il a révélé que 5.000 hectares sont exploités dans le Cercle de Kadiolo sur les 10.000 prévus. «Nous sommes conscients qu’avec la Covid-19, toute l’économie mondiale s’est effondrée. En refusant de produire le coton cette année, nous nous excluons de toute négociation. Donc, nous allons continuer à demander au gouvernement de faire un effort par rapport à la subvention de l’engrais. Nous restons persuadés que malgré les difficultés que traverse le pays, une solution sera trouvée au problème de l’engrais», espère Yacouba Lamissa Koné.

Il rappelle que le cercle a bénéficié, il y a deux ans, de l’une des usines d’égrenage les plus modernes d’Afrique. En refusant de produire, cette industrie s’arrêtera, reconnaît le paysan. Le coton est le troisième produit exporté d’Afrique de l’Ouest, derrière le cacao et le café. L’exportation ouest-africaine est presque totalement destinée à l’Asie : 90 % de la production y est consacrée, dont 60 % pour la Chine. Seulement 8 % de la production part en Europe et le reste (2 %) traitée localement.

Jean M. FABRICE, Amap-Kita

Ibrahim DEMBÉLÉ, Amap-Koutiala

Nabilaye Issa OUATTARA, Amap-Kadiolo

Source: Journal l’Essor-Mali

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