Lancé le 15 mai 2018, par le ministre des Infrastructures et de l’Equipement, Seynabou Diop, les travaux d’aménagement de la route Kalabancoro-Kouloubleni, piétinent. L’entreprise en charge des travaux, la société de forage des travaux publics (SFTP-SA), par son inexpérience à exécuter ce type de marché, est dans l’incapacité de finir les travaux. Les résidents qui souffrent le martyr, interpellent les autorités.
Plus de deux ans que les travaux piétinent. La route peine à prendre forme. Elle présente d’ailleurs actuellement un design unique. Un tour sur cette voie nous a permis de constater l’autre scandale qui se joue sur cette route, qui paraît subir un mauvais sort.
Pour les usagers de cette route, c’est un perpétuel chemin de croix. Ils sont obligés de faire des acrobaties pour pouvoir sortir de chez eux. Aussi, c’est avec tous les risques possibles que les usagers sont obligés de faire des gymnastiques tous les jours lorsqu’ils empruntent cette route.
Ce faisant l’histoire donne raison à ceux-là qui avaient prédit que la SFTP ne peut construire cette voie de 6,02 km. Et qu’elle venait pour seulement carotter les 7 milliards de F CFA destinés à la construction de la voie et se laver les mains.
Est-ce qu’il est même bien ne ce serait ce que pour sa renommée que la SFTP mette plus de deux ans pour terminer une simple route de 6 km ? Selon un spécialiste des routes, qu’une société de la taille de la SFTP passe plus de deux ans pour faire une route nullement une surprise. Parce que la SFTP est loin d’être une entreprise reconnue et sérieuse dans la construction de routes. Elle est plutôt une entreprise spécialisée dans l’exploitation des minerais, mais surtout les études de faisabilité. Qu’est ce qui a motivé les autorités à lui confié les travaux ? Il revient à l’ancienne ministre de l’Equipement Seynabou Diop et sa mafia de la Commission de passation du marché de nous en dire plus.
Le ministre Diop a l’obligation de nous dire les projets similaires que l’entreprise SFTP a eu à exécuter au Mali. Parce qu’aujourd’hui, le constat sur le terrain est écœurant. L’état des travaux montre le degré d’immaturité de l’entreprise d’Abdoulaye Diallo, DG du groupe, à mener à bien les travaux.
Les désagréments causés par les travaux sont énormes. Les riverains expriment leurs désarrois et interpellent les autorités. « Nous ne comprenons pas ce que font véritablement les gens-là sur cette route. Il était prévu que la construction dure une année, nous sommes à plus de deux ans. S’ils commencent un tronçon, ils mettent des mois à tourner en rond, sans résultat escompté. Voyez vous-même. Il y a plusieurs routes dont les travaux ont commencé après celle-là, mais qui ont pu se terminer sans qu’on ne crie gare », a martelé Daouda Dembélé usager.
Pour sa part, Sékou Diarra, commerçant détaillant, est très remonté contre l’entreprise et les autorités. « Effectivement, la situation est assez critique sur cette voie. Nous ne sommes plus à mesure de faire des ventes. Nos activités sont paralysées depuis deux ans à cause de l’inaccessibilité de la route aux usagers. En plus la devanture de nos boutiques est impraticable. Ils ont creusé des caniveaux ou du moins des collecteurs où ils n’ont pas installé de dalles afin que nous puissions rentrer dans nos magasins. Nous invitons vivement l’entreprise, et les autorités à trouver rapidement une solution avant les eaux de pluie », a-t-il lancé pour exprimer son désarroi.
Sur cette route, les familles riveraines souffrent le martyr. Dépossédés de leurs arbres, abattus par l’entreprise, pour dit-elle, faire des caniveaux, les habitants le long de la voie ne savent plus à quel saint se vouer. « L’entreprise a rasé tous les arbres qui se trouvent le long des 6 km de la route, nous laissant à la merci de la poussière, du soleil. L’entreprise ne prête aucune attention à nos doléances d’arrosage l’axe, afin d’éviter à la population d’inhaler la poussière. Elle refuse de mettre des dalles devant nos portes. Aujourd’hui, je suis bloqué dans la cour. Impossible de sortir pour la mosquée à cause du collecteur qui reste non-couvert. J’en appelle au bon sens des responsables de l’entreprise qui nous ont causé du tord à tel enseigne que je m’en remets à Dieu », a affirmé, Nouhoun Karembeta.
Pour sa part, Mme Diarra a déclaré : « Nous ne savons pas en quelle année les travaux vont finir, mais ce qu’on vit quotidiennement ici est révoltant. C’est un travail bâclé qu’ils mènent. Regardez, les maisons sont suspendues par leur faute. Certaines familles ne peuvent plus rentrer ni à pied encore moins avec les engins à deux roues ou en voiture. Il va falloir que ces familles-là trouvent des stratégies pour protéger leurs maisons et faciliter leur entrée chez-elles. Nous resterons vigilants. Tous les désagréments causés seront réparés au risque de nous retrouver devant les juges. Nous ne sommes pas des animaux à qui on impose des choses sans nous demander ».
Sexagénaire, Isssouf Diallo, menuisier ne s’en félicite point « Il faut dire que s’il y a quelques parties qui sont acceptables. Cependant, la majeure partie présente un aspect déplorable. Le côté qui nous fait peur davantage, c’est au niveau des caniveaux où beaucoup de personnes se sont fracturé les bras ou les pieds. Des enfants y sont tombés avec des blessures graves au niveau de la tête. C’est tout simplement insupportable », a-t-il dénoncé.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les riverains et les usagers de cette route continuent de payer un lourd tribut par rapport aux « hésitations » des autorités et de l’entreprise SFTP sur ce chantier prévu pour durer quelques mois. C’est de l’amertume qu’on lit sur les visages. Régulièrement, des cas d’accidents sont signalés sur cette route. Pas par la faute des usagers, mais beaucoup plus par le laisser aller de l’entreprise qui se souci peu de la sécurité des riverains et autres usagers.
Djibril Diallo
Arc en Ciel