À près de quatre mois de l’élection présidentielle aux États-Unis, plusieurs enquêtes d’opinion publiées ce mois-ci montrent notamment le président sortant à la traîne chez les 65 ans et plus. Donald Trump compte plus de neuf points de retard sur Joe Biden dans la moyenne des sondages nationaux.
Aux États-Unis, les seniors forment un électorat déterminant, notamment dans les « Swing States », ces États-clés où se jouera vraisemblablement l’issue du scrutin. « C’est l’électorat qui vote le plus, c’est-à-dire qu’il est surreprésenté dans les urnes. Ce sont des gens qui votent pas forcément pour un parti, mais pour qui l’acte civique est beaucoup plus habituel que chez les jeunes », souligne Lauric Henneton, interrogé par Marie Normand, du service international de RFI.
Pour ce maître de conférences à l’université de Saint-Quentin-en-Yvelines « perdre des voix chez les jeunes, c’est moins gênant parce que ça représente moins de milliers ou de millions de voix. Un léger glissement chez les plus anciens représente un réservoir de voix beaucoup plus considérable. C’est important comme toujours aux États-Unis parce qu’on s’inscrit toujours dans une géographie électorale et que ça peut faire la différence, non pas au niveau national, mais au niveau de certains États, et notamment la Floride, qui est l’État-clé par excellence, l’État serré par excellence : l’État où il y a énormément de retraités. »
Vote par correspondance
Selon Lauric Henneton, également auteur d’un ouvrage intitulé La fin du rêve américain, la gestion de la crise du Covid-19 par Donald Trump pèse sur la perception que les seniors ont de lui. Notamment son refus de généraliser le vote par correspondance pour les plus vulnérables.
« Trump est persuadé que le vote par correspondance n’a pas véritablement d’intérêt sanitaire. L’opinion de Trump et son obstination passent mal. Cela met en danger la santé des gens qui voudraient que la possibilité de voter par correspondance soit généralisée. Or ces gens-là se disent : “Notre président prend notre santé à la légère et c’est donc un mauvais président qui ne s’occupe pas du bien-être de son peuple.” »
Recul chez les évangéliques
Parmi les catégories d’Américains concernés, il est un groupe d’électeurs cruciaux pour Donald Trump où le locataire de la Maison-Blanche recule dans les sondages : les évangéliques. Or, rappelle Lauric Henneton, ce sont plutôt des personnes âgées.
Mais selon le maître de conférences, « ce n’est pas chez les évangéliques que Trump perd en fait du terrain, c’est chez les personnes âgées, notamment par sa gestion un petit peu légère, on va dire, du Covid-19. C’est une question de survie : ils ont l’impression qu’il ne s’occupe pas d’eux. C’est une question que l’on pose régulièrement dans les sondages : “Est-ce que le président s’intéresse à des gens comme moi ?” Et là, on voit qu’il y a un creux. Les questions de santé sont loin devant dans les préoccupations des électeurs. »
RFI