Face à la menace de dissolution de l’Assemblée nationale, consécutive aux exigences du M5-RFP qui demande la démission du Président IBK et de toutes les institutions, certains députés dont l’élection ne souffre d’aucune contestation, contrairement à d’autres, ont porté sur les fonts baptismaux, la veille du rassemblement du 19 juin, «le Club des députés du peuple », une vraie tautologie qui dénote de la gravité de l’ère où les tenants du pouvoir public n’hésitent plus à faire feu de tout bois pour se sauver d’abord et songer le Mali ensuite. A la veille du vendredi 19 juin, c’était donc le sauve-qui-peut.
Le Club des députés du peuple, une première dans l’histoire du parlement malien, prétend défendre la cause des institutions de la République dont l’Assemblée nationale, qui fait aujourd’hui l’objet d’une grande polémique, suite aux contestations populaires qui ont suivi les élections législatives du 19 Avril 2020. Elle est appelée, selon le Mouvement du 05 juin- Rassemblement des forces patriotiques (M5- RFP), à être dissoute. Rappelons que ce M5-RFP se fixe comme objectif la démission du président de la République et la dissolution des institutions, notamment la Cour constitutionnelle et l’Assemblée nationale.
Dès lors, le sauve-qui-peut s’est installé, d’où la convocation d’une session extraordinaire des députés, le jeudi 18 juin 2020, veille de la redoutable journée du vendredi 19 juin, au CICB, pour donner la position de l’hémicylce sur la situation sociopolitique du pays, extrêmement tendue ce jour.
A l’issue de cette session extraordinaire, est né le fameux «Club des députés du peuple», dont les responsables ont aussitôt rencontré le Président de la République pour lui faire part, à lui et à toutes les autres institutions, de leur soutien indéfectible.
« Le Club des députés du peuple est convaincu que, si nous n’agissons pas vite, la crise perdurera et risquerait de compromettre gravement l’avenir de la République et celui du peuple malien tout entier », on peut lire dans la déclaration faite par ces députés.
Aussi, ressort-il de leur déclaration que sur les 147 députés de l’Assemblée nationale du Mali, ceux ayant été́ proclamés élus « sans irrégularités » (c’est-à dire sans repêchage de la Cour constitutionnelle) constituent plus de 80% des députés de cette 6e Législature.
Par ailleurs, soutiennent les responsables de ce Club des députés du peuple, présidé par l’honorable Aliou Boubacar Diallo, élu dès le premier tour à Kayes, non moins président du parti ADP-Maliba, l’Assemblée Nationale est une Institution de la République dont le rôle et l’importance restent indiscutables en ce qu’elle a pour mission de légiférer, et contrôler l’action gouvernementale et ce, au nom du peuple malien tout entier.
Pour ces représentants nationaux, la dissolution de l’Assemblée nationale proposée pour décrisper la crise sociopolitique, surtout exacerbée par les résultats tronqués du second tour des législatives de 2020, ne saurait être une solution. Elle contribuerait, au contraire, à une généralisation de la crise, estiment-ils.
«Nous demandons plutôt la création d’une Commission des sages chargée de discuter avec nos collègues et les candidats malheureux des circonscriptions faisant l’objet de vives contestations, afin d’envisager des solutions de décrispation pouvant aller, si nécessaire, jusqu’à la reprise du scrutin dans les circonscriptions concernées ; nous demandons également la démission de Madame la Présidente de la Cour Constitutionnelle ; enfin, nous entreprendrons toutes les démarches utiles et nécessaires pour participer à la recherche de solutions pacifiques et à l’apaisement du climat sociopolitique afin d’alléger les souffrances de nos laborieuses populations», disent-ils dans leur déclaration.
Il est à noter que les députés du parti Yelema (Moussa Mara et Assane Sidibé) ne font pas partie ce club. D’ailleurs, ils estiment que l’Assemblée nationale n’est pas et ne doit pas être un Club de soutien pour le Président de la République.
Seydou K. KONE
Source: Bamakonews