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Edito : Déni de réalité

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Dans le cadre de la recherche de solutions à la crise sociopolitique que connaît le Mali, le président Ibrahim Boubacar Keïta a rencontré l’ensemble des acteurs sociopolitiques, les autorités coutumières et religieuses. Dans cette dynamique, un homme a beaucoup focalisé son attention : l’Imam Dicko. Qu’il a rencontré au moins à trois reprises dans l’intervalle de deux semaines.

Celui-ci n’est pas du moindre. Car, il est le parrain du mouvement politico-religieux connu sous le vocable de Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko (CMAS) mais aussi et surtout, l’Imam Dicko est l’autorité morale du Mouvement du 05 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) dont la CMAS est une composante.  Sans conteste ce religieux est bien respecté et écouté par les populations maliennes. Et sa voix, si elle n’est prépondérante, compte beaucoup au sein de la nouvelle opposition au régime incarnée par le M5-RFP. Une coalition de partis politiques et associations de la Société civile qui possède au jour d’aujourd’hui la plus grande légitimité populaire.

Le Chef de l’Etat IBK n’est pas censé ignorer l’influence notoire de l’Imam Dicko. Puisque pendant le deuxième méga meeting qui a lieu le 19 juin, place de l’indépendance de Bamako, c’est ce religieux qui a pu amener, in extremis, des manifestants et leaders irréductibles du M5-RFP de renoncer à marcher sur le palais de Koulouba et sa résidence pour lui remettre sa lettre de démission afin qu’il signe. L’intervention de Dicko a certainement permis ce jour d’éviter le bain de sang et donner du sursis à son pouvoir.

Certainement conscient du leadership de l’ancien président du Haut Conseil Islamique mais le connaissant mal qu’IBK, lors de sa deuxième rencontre avec celui-ci, a eu la maladresse de lui demander de se retirer de la contestation envers son régime contre la promesse ferme de « portefeuilles ministériels et de privilèges ». Un deal que ce dernier a naturellement récusé pour notifier au président que son combat et celui du M5-RFP ne sont point la recherche de postes encore moins de privilèges mais plutôt qu’il est uniquement « question du Mali ». Un pays, « mal gouverné, de népotisme où l’alternance au pouvoir n’est plus possible par la voie des urnes et dont la majeure du territoire échappe au contrôle l’Etat ».

Toutefois cette prise de position sans ambigüité de l’Imam Dicko et la légitimité populaire avérée du M5-RFP n’auront pas permis à IBK de comprendre qu’il ne peut plus continuer à diriger le Mali comme s’il n’y avait pas un désir profond des masses pour un changement radical de gouvernance. C’est pourquoi, lors de sa rencontre avec le M5-RFP, il a toujours persisté dans le déni de réalité de la crise sociopolitique en les renvoyant à « sa majorité présidentielle » pour discuter. Mais de quoi ?

Lorsque c’est un secret de polichinelle que le RPM et ses alliés n’ont jamais compté pour le Chef de l’Etat, il y a de quoi comprendre que sa stratégie consiste à gagner du temps pour permettre l’usure du M5-RFP. Ce qui est un pari risqué, tant ce mouvement, d’une légitimité indéniable,  s’est radicalisé à nouveau et n’exige désormais plus rien d’autre que sa démission et la fin de son régime. Il a dorénavant mis fin à sa trêve politique, en appelant ses militants et sympathisants à sortir massivement le vendredi prochain, 10 juillet. Nul ne sait ce qu’il adviendra. Que la paix soit sur le Mali !

Gaoussou Madani Traoré 

Source: Le Pélican

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