Une des principales questions que se posent les enquêteurs, spécialistes du terrorisme est celle du financement. Si les financements extérieurs ont vite laissé place aux prises d’otages d’occidentaux dont le paiement des rançons ont renfloué les caisses des terroristes, aujourd’hui, force est de constater que la stratégie consiste à voler de bétail des populations ou à extorquer, sous le couvert de la Zakat (l’aumône à payer sur la richesse en islam) les populations dans toute la zone du Sahel, (Mali, Burkina, Niger).
En effet, au Centre du Mali, le vol de bétail ou l’extorsion masquée, sous le couvert de la Zakat, est le quotidien des populations qui vivent dans une vulnérabilité sans précédent.
La preuve, depuis 2016, des centaines de milliers de bœufs ont été volés au Centre du Mali. Une menace qui plane sur le cheptel national, estimé en 2019 à plus de 12 millions de têtes.
Il y a vraiment péril en la demeure, puisque, chaque année, le vol de bétail prend de plus en plus de l’ampleur :
« L’année dernière, des hommes armés ont fait irruption dans notre village. D’un seul coup, ils ont emmené avec eux près de 200 têtes de bœufs », se souvient Madani Diallo, éleveur dans le village de Sendegué, dans la région de Mopti.
Le vol et l’extorsion des animaux (bœufs et moutons) sont devenus le cachet particulier des terroristes. « Même hier nuit, des terroristes ont conduit tout un troupeau, vers la sortie de la ville, et on ne sait pas où ils les amènent », se lamente au téléphone, un vieux au Centre du pays.
Selon lui, bovins, ovins, bref tout ce qui s’appelle bétail, c’est l’insécurité qui règne sur tout ce qui bouge dans son village. Il y a donc pire pour notre pays, qui pouvait se vanter, d’avoir l’un des plus grands parcs à bétail de la sous-région, dont plus de 30% se concentrent au Centre du pays, où ni les populations, encore moins les animaux domestiques ne sont à l’abri de ces hommes sans foi, ni loi qui sèment la terreur et s’enrichissent sur le dos des pauvres citoyens sans défense.
Nombreux sont les observateurs qui estiment que le vol de bétail, acheminé hors du pays, permet à ces terroristes de se faire de l’argent pour assurer leur subsistance, mais aussi le financement des armes de guerre.
D’autres se demandent comment ces troupeaux peuvent traverser facilement les frontières du Mali ? Une question qui relance l’éternel débat sur la porosité de nos frontières, laquelle doit être prise à bras le corps par les trois pays frontaliers (Mali-Burkina et Niger) pour lutter efficacement contre le terrorisme. Toute chose qui va réduire considérablement la marge de manœuvres des terroristes sans foi ni loi, qui volent du bétail au Mali pour venir le vendre dans les pays voisins, et vice-versa, pour financer leur entreprise maléfique.
S’il est vrai que «l’argent est le nerf de la guerre» en filtrant les vannes très ouvertes de nos frontières par lesquelles transitent les animaux volés de part et d’autre, on va certainement couper la source de financement des terroristes. Ce qui constituerait un pas vers la victoire sur le terrorisme au Sahel.
Ousmane Tangara
Source: Bamakonews