Plusieurs services publics et privés sont restés fermés. La psychose de la violence plane sur la ville
La place de l’Indépendance reprend peu à peu son rythme normal. Ce lieu emblématique, symbole de la souveraineté retrouvée, était méconnaissable le vendredi à cause de la désobéissance civile déclenchée par les opposants au régime. Ces derniers y ont spontanément improvisé des barrages en brûlant des pneus et en déversant des ordures ménagères un peu partout.
Les véhicules, les motos et autres usagers de la circulation étaient obligés de passer par les rues étroites et boueuses des quartiers adjacents dont les habitants vivent aujourd’hui dans l’angoisse. «Chaque fois qu’il y a un rassemblement à la place de l’Indépendance, on a tous peur que ça déborde. Nous sommes chaque fois des victimes collatérales des échauffourées entre forces de l’ordre et manifestants. Le vendredi dernier, on ne pouvait plus respirer à cause des gaz dégagés par les pneus brûlés.
Les forces de l’ordre ont également fait usage de gaz lacrymogènes. Donc, ça gazait de partout et on ne pouvait plus respirer normalement. On craignait des coups de feu car quelqu’un a été arrêté dans la foule avec une arme et des munitions», explique un habitant de Bamako-Coura rencontré au niveau de l’Institut français.
Hier, la circulation était revenue presque à la normale au boulevard de l’Indépendance après que des citoyens eurent ramassé les ordures et les restes des pneus brûlés. Cependant, tous les services longeant le boulevard étaient fermés. À la Station Total située au niveau du monument Hippopotame à Bolibana, aucun pompiste n’était visible. Une femme de passage était attristée de constater une paralysie au niveau de cette station service habituellement très fréquentée par les Bamakois. Un peu plus loin se trouve le siège de la Banque internationale pour le Mali (BIM). Là aussi, l’entrée principale était cadenassée. On se croirait un jour férié. Idem au niveau de l’Institut français devant lequel des traces de brûlure de pneus étaient encore visibles.
Après avoir contourné la place de l’Indépendance, nous nous sommes dirigés vers le siège de Ecobank. Des vigiles étaient postés devant à la porte principale, mais à l’intérieur il n’y avait aucune activité humaine. Depuis vendredi, cette banque avait décidé de fermer par crainte d’être la cible des pilleurs et autres malfrats. «Je suis venu jeudi pour faire un retrait mais il y avait trop de gens et je suis reparti. Le lendemain, je suis revenu et j’ai trouvé que la banque était fermée. Je suis encore venu ce matin (Ndlr lundi), c’est pareil. Maintenant, je ne sais pas quand est-ce qu’il vont rouvrir. J’ai peur de la situation car on ne sait pas ce qui va se passer demain et après demain», confiera un jeune commerçant que nous avons rencontré sur place.
Il n’y avait également aucun mouvement au niveau du service de l’INPS contigu à Ecobank. Le lieu était complément désert. De l’autre côté de la voie se trouve l’ancienne Primature occupée depuis quelques années par le Haut conseil des collectivités. Depuis vendredi, après la mise en application de la désobéissance civile, l’endroit a été attaqué par une bande de pilleurs. Ils ont éventré les bureaux, emporté les mobiliers et mis le feu à des véhicules garés dans la cour. Une scène de désolation qui ne laisse aucun citoyen insensible. Selon nos informations, plusieurs services publics et privés du centre-ville étaient restés fermés ce lundi par crainte des pillages. La question que les Maliens se posent aujourd’hui est de savoir : quand tout cela va prendre fin ?
Madiba KEITA
Source: Journal l’Essor-Mali