Les échauffourées ont repris ce lundi 13 juillet 2020 à Bamako entre les forces de l’ordre et les manifestants contre le président Ibrahim Boubacar Keita et son régime. Des pneus brûlés et des barricades ont été posés sur les grands axes et un peu partout dans la capitale. Suite à ces manifestations et aux ripostes des forces de sécurité, “plus de 23 personnes sont mortes”, selon les responsables du mouvement M5-RFP. La communauté internationale et des partis politiques ont appelé au calme. Dans Bamako, de nombreux services publics et privés restent fermés. Pour certains observateurs maliens, “il faut dans l’urgence un dialogue franc entre Maliens avec une médiation de la CEDEAO.”
La tension reste montée dans la capitale malienne ce lundi 13 juillet 2020. A Daoudabougou, la route qui mène vers l’Aéroport a été bloquée avec des pneus brûlés au niveau du rond-point près de l’hôtel Wassoulou. Des chargements de camions de sable ou de graviers ainsi que des blocs de bétons interposés ont empêché la circulation sur le pont fadh et certains axes principaux.
A Badalabougou, de nombreux manifestants ont été blessés ce lundi lors d’unaffrontement entre des policiers et des militants du mouvement M5-RFP. Selon un responsable du regroupement, le bilan est de 23 morts, une centaine de blessés et plusieurs autres personnes arrêtées. Toutefois des sources hospitalières indiquent un bilan de 11 morts et 120 blessés.
Ce matin, les troubles se sont propagés dans plusieurs quartiers de la capitale, malgré les appels au calme de l’Imam Mahmoud Dicko hier dimanche à la suite de l’enterrement des victimes. D’autres responsables du mouvement ont précisé que « les manifestations continueront jusqu’à la démission pure et simple du président Ibrahim Boubacar Keita ». Selon eux, la désobéissance civile se poursuivra même après la dissolution de l’Assemblée nationale et la dissolution de la cour constitutionnelle.
La communauté internationale et des partis politiques appellent au calme
Suite à cette crise sociopolitique, la communauté internationale s’est dite “préoccupée” par la situation au Mali. Dans un communiqué conjoint, elle demande au gouvernement de créer les conditions du dialogue politique notamment par la libération des leaders du M5-RFP. Les partis politiques maliens ont aussi condamné les récents événements survenus à Bamako surtout l’usage des balles réelles contre les manifestants. Certains d’entre eux appellent le Premier ministre Boubou Cissé à démissionner.
Dans leur déclaration commune, la CEDEAO, l’Union africaine, l’Union européenneet les représentants des Nations unies au Mali invitent toutes les parties à laretenue et à privilégier le dialogue. La communauté internationale dit «regretter » la destruction des édifices publics et privés ayant entraîné des pertes en vies humaines, de nombreux blessés et la dégradation des biens de l’État et des particuliers. Cependant, elle condamne l’usage de la force létale dans le cadre dumaintien de l’ordre tout en demandant au gouvernement de créer les conditions du dialogue politique par la libération des leaders du M5-RFP.
Des partis politiques maliens se disent « alarmés » dans des communiqués par l’usage excessif de la force et les tirs à balles réelles contre des manifestants. LaCODEM demande la libération des personnes arrêtées et la démission du Premier ministre Dr Boubou Cissé pour donner tout son sens et sa chance au consensus. «Les forces du régime IBK, ont abattu à bout portant un jeune non loin du cabinet du Chef de file de l’opposition et assiégé nos locaux, par des tirs à balles réelles » a dénoncé l’URD dans un communiqué séparé. Le parti dit tenir, les autorités responsables, de la situation actuelle du pays.
Quant au Parena, ses responsables demandent le retrait immédiat de la FORSAT du dispositif de maintien de l’ordre et l’ouverture d’une enquête indépendantepour situer la responsabilité des morts et des violences des 10 et 11 juillet.
Des services publics et privés restent paralysés
Toutes les banques sont fermées pour la journée du lundi 13 juillet 2020, sur toute l’étendue du territoire national. La décision a été prise hier par l’Association Professionnelle des Banques et Établissements Financiers du Mali (APBEF), en raison de la situation sociopolitique du pays.
En plus des banques, de nombreux services publics et privés n’ont pas ouvert leurs portes. Parmi eux, des services étatiques, des stations d’essences, restaurants et boutiques. Plusieurs établissements scolaires et universitaires ont aussi libéré leurs élèves et enseignants.
Du côté des forces de sécurité, la police de la circulation routière était déployée au niveau de certains axes de Bamako. Des véhicules des forces de sécurité équipés avec des citernes à eau étaient aussi perceptibles sur plusieurs voies surtout celles qui mènent sur les ponts qui relient les deux rives de la capitale.
La tension reste montée dans le pays, malgré la rencontre entre le Premier ministre Boubou Cissé et la figure centrale de la contestation l’imam Mahmoud Dicko dimanche tard dans la nuit. Face à cette situation, des observateurs maliens proposent l’ouverture d’un dialogue national d’ici jeudi prochain. L’universitaire Bréma Ely Dicko estime qu’il faut que ce soit un dialogue franc entre Maliens avec une médiation de la CEDEAO.
Et au finir, Boubou Cissé pour l’intérêt de la nation doit rendre le tablier pour faciliter la tache à son mentor IBK.
S.T
Source : l informateur