Mohamed Ag Assory analyste politique, blogueur, chroniqueur, spécialiste des relations internationales et de la diplomatie, analyse la crise. Entretien.
Mali-Tribune : Le pays traverse un tsunami socio-politique, quelles sont les causes immédiates de cette crise ?
Mohamed Ag Assory : Actuellement le Mali traverse plusieurs crises. Sans aller dans les détails déjà connus, on peut parler de la situation économique du pays, de l’insécurité, de la mauvaise gouvernance…C’est tout ça qui remonte aujourd’hui à la surface et qui alimente cette situation politique qu’on a au niveau national.
Mali-Tribune : Quelles sont, selon vous, les erreurs politiques commisses par IBK et qui nous ont amenés à cette crise ?
M.A. S.: Pour bien situer cette question, il faut savoir que le Président a été élu dans un contexte très difficile en 2013. Sa première erreur, malgré lui-même, a été l’excès des espoirs placés en lui.
Je crois que le Président lui-même en s’engageant en 2013 ne mesurait pas la gravité de la situation et le degré de profondeur de la crise malienne. Je crois qu’à ce niveau, il n’a pas bien évalué la situation bien avant de s’y lancer.
Au-delà, il y a le mauvais casting. Le Président ne peut pas tout faire et ne peut pas être partout. Une de ses erreurs a été au niveau du choix de ses collaborateurs.
Mali-Tribune : Après deux marches, le charme semble rompu entre M5-FRP affilié à la CMAS de Dicko, pourquoi une telle discorde ?
M A. S.: Le M5 est un mouvement hétéroclite. Comme on l’a toujours dit, une pléiade de mouvements politiques, religieux, des personnalités de la société civile se sont retrouvés. La nature même de ses acteurs fait qu’on devrait s’attendre à des discordes à l’interne. Un politique n’a pas forcément le même agenda qu’un religieux, un religieux n’a pas le même agenda qu’une personnalité de la société civile etc.
Mais au-delà de ça il y a des ambitions. Beaucoup au M5 ont vraiment des agendas politiques. On peut dire qu’il y a vraiment deux tendances comme dans tout mouvement.
Mali-Tribune : Le M5 qui refuse toute négociation avec le Président IBK, brusquement, lui soumet un mémorandum. Pourquoi ce rétropédalage ?M. A. S.: Le M5 n’a pas trop rétropédalé, le M5 avait toujours dit dès le départ qu’en cas de négociations, elles porteraient sur les modalités de départ du Président.
Il y a eu beaucoup de pressions notamment au niveau international. En réalité le M5 n’a pas changé de postures.
Mali-Tribune : Pensez-vous qu’IBK acceptera un Premier ministre sorti du M5 et de pleins pouvoirs de surcroit ?
M A. S.: Je pense que personnellement je ne sais pas ce qu’IBK va faire. Mais il est très difficile pour un Président démocratiquement élu qui n’est pas contraint par un parlement, de s’en aller comme ça.
Mali-Tribune : Le gouvernement d’union nationale pourra-t-il relever les défis auxquels fait face le pays ?
M A. S.: Sans connaitre la composition, sans connaitre les missions de ce gouvernement, il serait difficile de juger en avance. Mais je pense que si un gouvernement d’union nationale devrait être mis en place actuellement, il doit être mis de façon consensuelle avec les contestateurs, les nouveaux opposants du Président.
Tous les Maliens ont des attentes pressentes vis-à-vis de nos autorités. Je crois que tous les schémas utilisés ont montré leur limite, donc il faut vraiment aller de l’avant parce qu’aujourd’hui on se rend compte que rien ne marche dans ce pays.
La seule chose qui nous reste aujourd’hui ce sont nos institutions. On doit faire en sorte que ces institutions là servent le pays et servent les priorités des Maliens parce qu’aujourd’hui ça ne va pas économiquement.
Ousmane M. Traoré
(Stagiaire)
Source: Mali Tribune