Ce quartier, situé à l’est de Bamako, est relié au centre-ville par une route impraticable. Pire, durant la saison des pluies, cette route se transforme en véritable courant d’eau, mettant la vie des usagers en danger.
Sabalibougou kourani est le nom le plus utilisé pour ce quartier périphérique de Bamako, entre les collines de Missabougou et de Yirimadio, du côté de Baguineda, dans le cercle de Kati. La route qui mène à Sabalibougou kourani, situé à 18 km du centre-ville, n’est pas bitumée.
Se déplacer constitue un véritable calvaire pour les habitants de ce quartier qui abrite l’un des plus grands abattoirs frigorifiques du pays. Sur cette route, il faut tenir, s’adapter et résister pour pouvoir conduire entre les immenses flaques d’eau. C’est aussi le chemin le plus utilisé par beaucoup de personnes pour se rendre à l’Office du périmètre irrigué de Baguineda. En plus de Sabalibougou kourani, les habitants d’autres villages avoisinants utilisent également le même trajet pour se rendre au centre-ville de Bamako.
Parcours du combattant
Il ne se passe pas un mois sans qu’on ne retrouve un véhicule de transport en commun, des marchandises ou un véhicule d’un particulier dans les eaux du fleuve Djoliba (Niger), causant des pertes énormes pour les populations. Certains y laissent également la vie.
Sur cette voie, j’ai assisté à une scène tragique. Ce jour-là, un taxi avait fini sa course dans le fleuve, avec quatre passagers dont un enfant. Les rescapés étaient tous au bord du fleuve sauf l’enfant. Les secouristes ont tenté de le sauver sans y parvenir.
Ce genre d’évènement se déroule fréquemment sous les yeux du pécheur Ali Karabenta : « Je ne suis pas surpris. J’ai vu, un jour, un camion rempli de ciments dans l’eau. Des conducteurs de Sotrama, de taxis et même souvent les motocyclistes perdent le contrôle de leurs engins et finissent dans l’eau ».
Danger tous les jours
Le 24 juin dernier, une forte pluie s’est abattue sur Bamako. Si dans certains quartiers les eaux ont été évacuées par les caniveaux, c’était tout le contraire sur le tronçon Missabougou-Dougourakoro en passant par Sabalibougou-Est. À l’aide d’une corde, une personne et sa moto ont été sauvées. Le courant était si fort que toutes les voitures se sont garées pour attendre que le niveau baisse. La pluie s’est arrêtée à 20h, nous n’avons quitté les lieux qu’aux environs de 22h.
Baba Traoré, un conducteur de moto tricycle, déplore la situation de la route et alerte sur les risques durant la saison des pluies : « Quand cette saison arrive, ce n’est plus une route. » Lalla Moïda, une étudiante, raconte qu’elle a failli perdre la vie sur ce tronçon lorsque son véhicule rempli d’eau s’est arrêté au beau milieu de la route : « Ce jour-là, le courant était si fort que tout le monde hurlait. Nous avions tous paniqué. Par chance, il n’y a eu que des dégâts matériels. Des personnes de bonne volonté sont venues nous faire sortir du véhicule un à un. »
Une route de qualité ne doit pas constituer un luxe. C’est une nécessité pour ces populations qui bravent le danger tous les jours pour subvenir à leurs besoins.