C’était l’un des derniers ou peut-être le dernier procès contre une personne coupable d’avoir participé à l’holocauste. Un ancien gardien du camp nazi du Stutthof en Pologne a été condamné ce 23 juillet 2020 à deux ans de prison avec sursis. Le tribunal de Hambourg a estimé qu’il était complice de la mort des 5000 prisonniers disparus durant sa présence dans le camp à la fin de la guerre.
De notre correspondant en Allemagne, Pascal Thibaut
« Je voudrais m’excuser aujourd’hui auprès des personnes qui ont dû vivre dans cet enfer. Cela ne doit jamais se reproduire ». Lors de la dernière journée de son procès le 20 juillet 2020, Bruno Dey, 93 ans, avait certes exprimé son empathie pour les victimes et les prisonniers du camp du Stutthof.
Mais le nonagénaire avait aussi durant la procédure souligné qu’il avait été incorporé de force dans la SS et ne savait pas quel sort était réservé aux prisonniers du camp. « Je ne porte pas de responsabilité dans ce qui s’est passé », a répété Bruno Dey a plusieurs reprises durant son procès.
Jugé complice de la mort de 5232 personnes
Le tribunal de Hambourg a, lui, estimé que l’homme, à l’époque âgé de 17 ans, était complice de la mort de 5 232 personnes tuées durant sa présence dans le camp entre août 1944 et avril 1945.
Bruno Dey a été condamné à deux ans de prison avec sursis. Le parquet réclamait trois ans fermes.
Le camp du Stutthof avait le premier ouvert à l’extérieur de l’Allemagne après l’invasion de la Pologne en 1939. 65 000 personnes y sont mortes au total.
Depuis une dizaine d’années, la justice allemande estime qu’il n’est plus nécessaire qu’une personne ait directement tué des victimes de l’holocauste pour être poursuivie et condamnée. Une vingtaine de procédures sont actuellement ouvertes contre d’autres gardiens de camps.