L’ONG Save the Children dans un rapport alerte sur les conséquences de la pandémie Covid-19 qui risquent d’élever le taux d’abandon scolaire de manière définitive en Afrique. Et sans d’autres mécanismes pour appuyer le Continent, les déficits financiers en faveur dudit secteur pourraient être difficilement soutenus par des Etats africains.
Le monde est secoué depuis plusieurs mois par le coronavirus dont les conséquences sont en train de paralyser presque tous les secteurs. Dans ce contexte, l’ONG Save the Children a rendu public la semaine dernière son rapport sur les menaces de cette crise sur l’éducation en Afrique. Dans ce nouveau rapport, l’Organisation met en garde contre une « urgence éducative mondiale sans précédent» où des actions doivent être envisagées pour éviter au monde une crise scolaire.
Dans ce document d’alerte, Save the Children a averti que la Covid-19 menace de créer un déficit additionnel d’au moins 6,2 milliards de dollars dans les investissements dans l’éducation dans la région subsaharienne au cours des 18 prochains mois. À l’échelle mondiale, l’ardoise du déficit est beaucoup plus importante. Selon les estimations de l’ONG, elle pourrait atteindre 77 milliards de dollars.
Egalement, ajoute-t-elle, les importantes coupes budgétaires dans l’éducation, combinées à la pauvreté croissante causée par la pandémie COVID-19, pourraient forcer des millions d’enfants à quitter l’école de manière définitive, et des millions d’autres à accuser du retard dans leur apprentissage. Ces situations exposeront des filles aux mariages forcés, quant aux garçons, ils intégreront le marché du travail très tôt, analyse Save the Children.
Ainsi, dans son rapport, l’Organisation demande aux gouvernements et aux donateurs de répondre à cette urgence mondiale en matière d’éducation en investissant de toute urgence dans ce secteur, car les écoles commencent à rouvrir après des mois de fermeture. L’une de ses alternatives est la suspension par les créanciers du remboursement de la dette des pays à faible revenu dans le monde entier. Pour Save the Children, cette mesure pourrait libérer 14 milliards de dollars pour l’investissement dans l’éducation.
« Avant l’épidémie, 258 millions d’enfants et d’adolescents n’étaient déjà plus scolarisés. Un indice de vulnérabilité figurant dans le rapport montre que dans 12 pays, dont 9 en Afrique, les enfants courent un risque extrêmement élevé de ne pas retourner à l’école après la levée des restrictions », indique l’Organisation.
Le manque d’investissement dans l’éducation pourrait retarder, voire mettre un terme à l’éducation de millions d’enfants dans les pays à faible et moyen revenu, l’épidémie de COVID-19 faisant courir à des millions d’enfants le risque de ne pas retourner du tout à l’école en Afrique en raison du seul choc des revenus liés à la pandémie.
Save the Children attire l’attention sur le fait que les écoles ne fournissent pas seulement aux enfants un espace d’apprentissage. Pour beaucoup, elles sont aussi un lieu sûr où les enfants peuvent jouer avec leurs amis, prendre des repas et avoir accès à des services de santé, y compris des services de santé mentale. Les enseignants peuvent être des intervenants de première ligne et des protecteurs pour les enfants qui pourraient être victimes de mauvais traitements à la maison. Avec la fermeture des écoles, ces protections disparaissent.
Save the Children demande une augmentation du financement de l’éducation, avec 35 milliards de dollars mis à disposition par la Banque mondiale. Les gouvernements nationaux doivent faire de l’éducation une priorité en produisant et en mettant en œuvre des réponses éducatives COVID-19 et des plans de redressement afin de garantir que les enfants les plus marginalisés puissent continuer à apprendre.
Par Sikou BAH
Source : INFO-MATIN