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Sans Tabou: gestion de la crise, des compromis précaires ?

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Une Mission de la CEDEAO conduite par GOODLUCK EBELE JONATHAN, ancien Président de la République Fédérale du Nigéria, a séjourné à Bamako du 15 au 19 juillet 2020 ‘’afin de rechercher une solution à la crise socio-politique du Mali’’. Après avoir rencontré les différentes parties à la crise et les autres acteurs sociaux du pays, que peut-on retenir de cette mission ?

Arrivée le 15 juillet dernier alors que les leaders du M5-RFP incarcérés suite aux manifestations des 10,11 et 12 juillet pour fait de violence…, la délégation de la CEDEAO a rencontré tour à tour, l’ensemble des protagonistes ainsi que d’autres acteurs sociaux du pays, dont les membres du Cadre d’actions, de médiation et de veille des confessions religieuses, des organisations de la société civile, le Conseil national de la société civile, le Conseil national de la jeunesse, le réseau des « Femmes parlementaires, la plateforme des femmes leaders du Mali et la Coordination des Mouvements de I’AZAWAD (CMA).
Comme tout bon médiateur dans une crise, la délégation de la CEDEAO, à l’issue de ses différentes rencontres, a publié un communiqué final dans lequel, elle mentionne ses recommandations, qui laissent apparaitre aussi ses succès et échecs. En effet, dans son communiqué final, la CEDEAO est confuse : « La Mission de Médiation se félicite de I’adhésion de toutes les Délégations rencontrées aux mesures proposées à l’exception du Comité Stratégique du M5-RFP ». Et pour cause, comment le mouvement de désobéissance civile de du M5 à l’origine de la fronde et du déplacement de la délégation de l’organisation sous régionale peut être une exception dans cette affaire. Soit les postes gouvernementaux mis en jeu par la CEDEAO qui soutient un gouvernement d’union nationale ont obnubilé les autres acteurs qui ont vite oublié les morts, les blessés et les raisons profondes de la crise, soit l’organisation est passée à côté de l’essentiel. En tout cas, toute solution minimisant le M5-RFP dans cette crise ne peut être que précaire. En effet, au-delà des décisions sur la Cour constitutionnelle et l’Assemblée nationale, qui semblent focaliser les attentions, la CEDEAO a fait la proposition d’un gouvernement d’union nationale composé de cinquante pour cent (50%) des membres du gouvernement qui proviendront de la coalition au pouvoir : 30% des membres du gouvernement qui proviendront de l’opposition ; 20% des membres du gouvernement qui proviendront de la société civile.
Ce qui est certain, c’est que la crise malienne va au-delà d’une question de postes et de gouvernement. Comme l’a si bien mentionné la CEDEAO, il s’agit d’une crise de gouvernance qui a effrité la confiance entre les gouvernants et les gouvernés. Vouloir ignorer cet aspect, c’est vouloir banaliser une crise structurelle. En tout cas, la revendication principale du M5-RFP, à savoir la démission du Président IBK, à défaut d’être discutée, a complètement été reléguée second plan.
Ainsi, la CEDEAO en fait une ligne rouge à ne pas franchir, bien qu’elle ait accédé à d’autres revendications anticonstitutionnelles. En fait, la Mission rappelle que I’importance et la nécessité du respect des Institutions de la République, notamment les voies constitutionnelles pour I’accession, au pouvoir et ce, conformément au Protocole sur la démocratie et la bonne, gouvernance. ‘’Aucune forme de changement non constitutionnel d’accession au pouvoir ne sera acceptée par la CEDEAO’’, menace-t-elle.
Peut-on, dans ce contexte, parler de succès ? Difficile, puisque le M5-RFP, à l’origine de la crise qui a occasionné ce déplacement, est toujours dans la logique de la contestation. Si la délégation a eu le mérite de consolider le dialogue ainsi entamé, il serait trop tôt de parler de succès.

Par Sidi DAO

Source : INFO-MATIN

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