C’est un véritable cours de droit sur l’application des textes fondamentaux de la République que la dame de fer, Manassa Danioko, présidente de la Cour Constitutionnelle abrogée et les deux autres conseillers restants ont donné au Président de la République en réagissant par écrit au décret d’abrogation prise par Monsieur Ibrahim Boubacar Kéïta. « Avant l’expiration du mandat, il ne peut être mis fin à titre temporaire ou définitif aux fonctions des membres de la Cour Constitutionnelle que dans les formes prévues pour leur nomination et après avis conforme de la Cour statuant à la majorité des 2/3 de ses membres », narguent Manassa et les siens à IBK.
Il n’est plus nécessaire de rappeler le contexte dans lequel se trouve notre pays, le Mali : mauvaise gouvernance, détournement des deniers publics, corruption, insécurité sont entre autres faits qui caractérisent la gouvernance actuelle ayant pour corolaire, l’extrême pauvreté dont sont victimes les Maliens aujourd’hui. En plus de ces maux, vient se greffer une crise sociopolitique née des élections législatives d’avril et de mai dernier. Ces élections dont les résultats ont été proclamés par la Cour Constitutionnelle, sont la goutte d’eau, mais surtout l’élément qui n’est qu’un parmi tant cités plus haut, qui ont conduit à la crise que traverse le pays avec la contestation populaire du Président IBK dont on demande la démission illico presto.
Le mal n’a point d’ami, dit-on souvent. Monsieur Ibrahim Boubacar Kéïta a beau avoir fait ce qu’il pouvait pour son pays, mais il y a des lignes rouges dans la vie qu’il ne faut jamais oser franchir quand on est appelé à diriger les hommes. Car diriger les hommes c’est plus, complexe des métiers du monde.
Voilà pourquoi, de violation en violation des lois et règles établies, IBK a fini par faire plus de mécontents que d’amis, alors qu’en politique, ce principe est de mise. Il est persona non grata, aussi bien dans son propre camp, mais encore plus au sein de ses adversaires politiques chez qui il a réussi à créer les conditions favorables pour sa contestation populaire comme l’on peut sans ambigüité le constater aujourd’hui de par tout le pays.
Aux premières heures de la contestation, le Président de la République n’a jamais voulu écouter son peuple qui demandait la dissolution, et de la Cour Constitutionnelle, et de l’Assemblé Nationale, deux grandes institutions dont la légitimité est rompue par le peuple qui refuse de les faire confiance. IBK jouant du IBK, a finalement compris, mais un peu tard, après le 10 juillet, troisième manifestation de suite qui a enregistré une vingtaine de morts et plus d’une centaine de blessés, des casses et pillages de l’Assemblé, l’ORTM et les biens privés, que son fauteuil était envahi par les fourmis dont il fallait sacrifier le plus tôt possible une institution s’il veut garder la main sur le pays. Laquelle, a été la Cour Constitutionnelle dans la nuit du 11 juillet dans une adresse à la nation sans au préalable discuter ni avec un spécialiste ni avec la Présidente de l’institution en question avec qui, on dit qu’ils sont complices l’un de l’autre dans cette mascarade électorale. Il annonce l’abrogation de la Cour, dont l’information parviendra à la présidente qu’à partir des réseaux sociaux.
Malgré tout, la contestation ne faiblit pas, on demande sa démission du pouvoir. Alors que deux missions de la CEDEAO viennent de buter sur ses déboires mettant la médiation dans l’incapacité de faire pression sur le M5-RFP en position de force, une nouvelle annoncée met en branle la suite des négociations. Manassa et Cie décident de réagir à la décision du Président qu’ils trouvent en violation de l’article 37 de la Constitution. Selon cet article, IBK a notamment juré de « respecter et de faire respecter la constitution et la loi », alors que le décret d’abrogation de la Cour Constitutionnelle prise par lui ne relève pas de sa compétence, et par conséquent viole le serment du respect. D’où, Dame Manassa et ses deux conseillers téméraires trouvent l’essence de leur rappel à l’ordre au président IBK à qui ils adressent un « recours gracieux ».
« En rompant l’ordre constitutionnel, vous rompez la légitimité qui garantit votre propre mandat et celui des membres des autres institutions de la république », lui rappellent les trois membres restants de la Cour.
Et pour cette violation, la Présidente Manassa et ses amis, estiment qu’il leur revient en tant que membres de la Cour Constitutionnelle, de rappeler à IBK que la violation de son serment est une « haute trahison » prévue à l’article 95 de la Constitution.
C’est pourquoi, Madame Manassa Danioko et ses deux conseillers, Bamassa Sissoko et Baya Berthé se référant à l’article 13 de la loi organique, qui stipule : « il ne peut être mis fin à titre temporaire ou définitif aux fonctions des membres de la Cour Constitutionnelle que dans les formes prévues pour leur nomination et après avis conforme de la Cour statuant à la majorité des 2/3 de ses membres », narguent le Président IBK et le malmènent dans l’univers du Droit constitutionnel tel un étudiant en première année.
Et pourtant, les Maliens sont témoin des œuvres de cette dame et son complice IBK lors de l’élection présidentielle de 2018 où les résultats ont été contestés. À l’époque, l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga était cité comme chef orchestre dans cette mascarade. Mais le temps étant le maître des juges sur la planète Terre, la suite de l’histoire est bien connue de tous. L’ASMA-CFP a été bien spolié de ses députés et ne se retrouve qu’avec un seul, alors que Dame Manassa qui est accusée d’avoir fabriqué des résultats pour les législatives en faveur d’IBK et sa majorité a été remerciée avec des monnaies de singe quoi qu’elle réclame aujourd’hui. IBK est désormais le chef d’orchestre et fait les choses à sa tête et en fonction de ses intérêts et besoins.
En clair, la politique est un sale jeu comparable à une cantine de loubards et chacun doit apprendre à accepter les injustices dont il est responsable hier.
Au moment où l’on annonce l’arrivée de 5 chefs d’État aujourd’hui dans nos murs pour tenter de trouver une sortie définitive à la crise, Manassa Danioko et les deux autres conseillers téméraires se placent dans la gorge d’IBK qui visiblement n’a plus d’ami au Mali. Le comité syndical (CEDEAO) dans la capitale pourra-t-il le tirer d’affaire ?
Bourama Kéïta
LE COMBAT