Accueil A l'instant Désobéissance civile: 10 jours de violences

Désobéissance civile: 10 jours de violences

221
0
PARTAGER

Les 10 derniers jours, nous avons assisté à une intensification des mouvements de contestation du Président IBK et de son régime, lesquels ont viré à l’émeute causant des pertes en vies humaines et des destructions de biens publics comme privés. Retour sur les faits marquants.

Le 10 juillet
Les interpellations
Dès le vendredi, jour de ‘’l’assaut final’’ pour ‘’dégager’’ le Président IBK, Issa Kaou N’DJIM, le Coordinateur de la Coordination des Mouvements et Associations de Soutien à l’Imam Mahmoud DICKO (CMAS) est interpellé par les services de sécurité.
Adama Diarra alias Ben « le cerveau », membres du collectif des Jeunes de Kati contre la Corruption, et l’imam Oumar Diarra, ancien candidat aux législatives, ont été arrêtés le vendredi, après le rassemblement à la Place de l’Indépendance.
Clément DEMBELE de la Plateforme de lutte contre la corruption et pour le changement (PCC), membre du M5-RFP, donné tantôt arrêté, tantôt porté disparu, était en réalité rentré en clandestinité.
Le samedi 11 juillet, les anciens ministres Choguel Kokala MAIGA et Mountaga TALL seront également interpellés et conduits au Camp I de la Gendarmerie.
Me TALL a été libéré ou jeté dehors vers, 23h à cause de son statut d’avocat.
Dans un communiqué sur la situation des personnes détenues Procureur Général près la cour d’appel de Bamako ‘’informe l’opinion nationale que suite à l’épuisement des délais de garde à vue des personnes interpellés à la suite des événements de ces derniers jours ont été élargis conformément à la loi par les différents procureurs de la République, en attendant la fin des enquêtes et les suites à y réservées.
Il faut préciser que c’est seulement au niveau du parquet du tribunal de grande instance de la Commune 4, que des procès-verbaux d’enquêtes accompagnant 35 personnes ont été transmis sur lesquels trois ont été placés sous mandat de dépôt, 25 élargies et 7 mineurs conduits devant le procureur de la République du tribunal pour enfants de Bamako.
Le Procureur Général rassure l’opinion que toute la lumière sera faite sur tous les cas d’atteinte au bien et aux personnes dont sont saisies les autorités judiciaires.
L’ORTM est mise à sac
Depuis 15 heures, des milliers de manifestants assiègent l’ORTM. Vers 17 heures, ils s’introduisent dans l’enceinte de l’ORTM. Les deux chaînes de la télévision publique ont interrompu la diffusion de leurs programmes.
Les visiteurs ont saccagé le matériel, des véhicules, emporté ce qui les intéressait ; en bien appartenant autant à l’État qu’à des particuliers.
Les faîtières de la presse expriment leur solidarité : c’est avec une très grande affliction que les faîtières de la presse malienne ont suivi l’occupation anarchique de l’ORTM par des manifestants du M5- RFP. Celle-ci a été suivie du saccage des locaux ainsi que de l’incendie de plusieurs véhicules de service et du personnel.
En ce moment gravissime, nous, membres des faîtières de la presse, manifestons notre soutien indéfectible à nos confrères de l’ORTM ; -Condamnons avec la dernière rigueur la tournure violente prise par les événements ; -plaidons pour une plus grande sécurisation des hommes de média et de leurs biens ; -appelons les manifestants au calme et à l’esprit de discernement ; -réaffirmons notre profond attachement à la liberté d’expression et d’opinion ; -formulons le vœu que le personnel soit dédommagé à concurrence des préjudices subis ; -exhortons l’ensemble des journalistes à œuvrer pour l’apaisement et à l’observance des règles d’éthique et de déontologique ; -aux acteurs politiques de privilégier le dialogue, la paix pour la résolution de la crise politique actuelle’’.
L’Assemblée nationale est vandalisée
Après le grand rassemblement, à la Place de l’indépendance annoncé comme ‘’l’assaut final’’ pour faire démissionner le Président Ibrahim Boubacar KEITA, les émeutiers ont jeté des pierres sur l’Assemblée nationale et ont brisé sa façade de verre, avant de saccager et incendier certaines parties du bâtiment. « Plusieurs bureaux ont été saccagés, des documents détruits, des biens emportés », a déclaré un responsable de l’institution. « Les forces de l’ordre ont été obligées de tirer », a-t-il ajouté.
Pillage de LA MAISON DU PEUPLE
( l’ex Primature)
L’ancienne Primature a reçu la visite des manifestants qui y ont perpétré des saccages.
Saccage de la permanence de Karim Keita
La permanence du député Karim KEITA, fils du président de la République, a été saccagée.
Des stations d’essence éventrées
De nombreuses stations d’essence ont servi de théâtre à un hideux festival de bandits. Les alimentations jouxtant ces stations ont été littéralement éventrées, les boissons et les produits alimentaires dérobés. Plusieurs jours après le passage de cet ouragan de manifestants lesdites stations étaient toujours fermées. Les stations qui ont été épargnées, dans le plus clair des cas, sont celles dont les patrons ont pris les devants en venant soudoyer les manifestants ; celles qui n’avaient pas d’alimentation ou bien il y avait une alimentation, mais elle a été vidée de son contenu par anticipation d’une éventuelle visite des émeutiers.
Le 11 juillet
IBK dissout la Cour constitutionnelle
Suite aux nombreuses analyses et consultations, sollicitations sur la crise post-électorale, et pour la sauvegarde et la préservation de la vie, même des membres restants de la cour constitutionnelle, j’ai décidé, non sans en mesurer la gravité -mais que ne ferait-on pour le salut national – nous sommes dans l’obligation de nous surpasser, de n’envisager que le Mali. J’ai donc décidé d’abroger le décret de nomination des membres restants de la Cour constitutionnelle et d’aller vers la mise en œuvre des recommandations issues de la mission de CEDEAO.
La dissolution de la Cour va nous conduire dès la semaine prochaine à demander aux autorités compétentes la désignation de membres pour que rapidement, une cour reconstituée nous aide à trouver les solutions au contentieux issu des élections législatives. Autant que possible, des mesures d’apaisement judiciaires seront examinées, mais tout le monde conviendra que cette fois-ci, toutes les limites du tolérable auront été atteintes et dépassées, des faits d’une extrême gravité ont été posés, qui méritent examen et assurément sanctions judiciaires appropriées.
Enfin, pour être en plus grande capacité de faire face à la situation actuelle tout en donnant des chances au gouvernement de consensus, à la mise en place de duquel nous nous attelons et nous ne perdons pas patience ni courage, je continuerai de privilégier le dialogue, avec toutes les forces vives de la nation, pour la mise en place d’une équipe gouvernementale consensuelle, composée de cadres républicains et patriotes et non de casseurs et de démolisseurs du pays, le Mali mérite mieux que ça, chacun dorénavant est édifié, aura vu à l’œuvre, ceux qui aiment le pays et ceux qui sont les démolisseurs du pays. (Extrait de son discours)
IBK promet une enquête sur les pertes en vies humaines
Nous avons suivi, tous, et déploré ce qui s’est passé hier dans notre pays, en particulier dans la capitale, Bamako.
Des actes de vandalisme à nul autre pareil ! Le saccage de l’Assemblée nationale ! L’occupation de l’Office de Radiodiffusion-Télévision Nationale du Mali ! Le pillage des biens d’honnêtes citoyens ! Les voitures incendiées d’agents du service public !
Et plus grave, dans des circonstances qui seront élucidées, inchallah, par une enquête : des pertes en vies humaines, des blessés ! (Extrait de son discours)

Le 12 juillet
Le siège du RPM saccagé en CV
Le dimanche, la tension était toujours vive à Badalabougou avec des tirs de gaz lacrymogènes par les Forces de l’ordre qui avaient en face des jeunes qui brûlaient des pneus et érigeaient des barricades. C’est dans ce climat d’extrême tension qu’un groupe d’émeutiers a pris à partie le siège du RPM, le parti présidentiel qui a été pillé et saccagé.
Auparavant, le 10 juillet, le siège du Parti présidentiel avait été saccagé en Commune II du District de Bamako.
Le tribunal de la Commune V saccagé
Les jeunes manifestants, dans leur furie, n’ont pas non plus épargné le tribunal de la Commune V du District de Bamako qui a été saccagé.

À Sikasso, le siège de la CODEM vandalisé
À Sikasso, la CODEM affirme que son siège a été saccagé par les manifestants, et le domicile de son président, Housseini Amion GUINDO, a fait l’objet de tentative d’attaque.
Le 14 Juillet
Le PM veut élucider l’emploi de la FORSAT
Le Premier ministre Boubou CISSE adresse une lettre au ministre de la Sécurité et de la protection civile pour demander des explications sur l’emploi de la FORSAT.
Il m’est revenu que la Force Spéciale Anti-Terroriste (FORSAT) rattachée au ministère de la Sécurité et de la Protection Civile a été déployée lors des opérations de maintien d’ordre du 10 juillet 2020 et jours suivants, pour appuyer les unités des forces de Sécurité déployées dans le cadre de la sécurisation des manifestations de désobéissance civile organisées par le M5-RFP.
Je vous instruis de procéder aux investigations nécessaires en vue de me préciser, entre autres : -les raisons de l’engagement de la FORSAT ; -l’autorité ayant ordonné l’engagement de la FORSAT ; -le respect ou non de la procédure prévue en la matière. (Extrait de la lettre du Premier ministre)
Le 15 Juillet
Le PM rencontre le commandement militaire
Le Premier ministre, le Dr Boubou Cissé, a présidé le mercredi 15 juillet 2020, dans la salle de conférence du ministère de la Sécurité et de la Protection civile, une rencontre de haut niveau avec le commandement militaire. C’était en présence des secrétaires généraux des ministères de la Sécurité, de la Justice et de l’Administration territoriale. À l’entame de son propos, le Premier ministre a présenté ses condoléances aux familles endeuillées ainsi qu’à la nation entière et souhaité prompt rétablissement aux blessés. Il a tenu à observer une minute de silence en hommage aux victimes des événements récents. Il a salué et remercié les forces de l’ordre pour la coordination et le travail opérationnel mené sur le terrain lors des événements liés aux dernières manifestations organisées par le M5-RFP. Il leur a renouvelé sa confiance ainsi que celle du Président de la République, Chef suprême des Armées, SEM. Ibrahim Boubacar Keïta, quant à leur capacité à encadrer sans dommages la prière collective projetée ce vendredi par le M5-RFP, en hommage aux victimes. Tout en saluant leur détermination et leur professionnalisme dans l’encadrement des manifestations, la protection des institutions de la République, des édifices publics ainsi que des personnes et de leurs biens, le Premier ministre a appelé les hommes à encore plus de vigilance. C’est ce que le Président de la République, résolument engagé dans la recherche d’une rapide solution de sortie de crise, sur la base du dialogue, attend d’eux.
À ce propos, le Secrétaire général du ministère de la Sécurité a donné l’assurance que les hommes déployés sur le terrain ainsi que leurs hiérarchies, s’en tiendront strictement aux recommandations avec loyauté et professionnalisme.
Quant au Secrétaire général du ministère de la Défense et des Anciens Combattants, il a assuré du respect strict du cadre du maintien d’ordre et des règles d’engagement des hommes sur le terrain.
Pour ce qui est de l’enquête qu’il a instruite sur les décès survenus lors des manifestations, le Dr Boubou Cissé a souhaité une transparence et une diligence absolues dans les investigations afin que toute la lumière soit faite concernant ces incidents malheureux et regrettables.
Entre autres participants à la rencontre, on peut citer le Procureur général de la République, M. Sombé Théra, le Chef d’état-major particulier du Président de la République, le Directeur général de la Police nationale, celui de la Gendarmerie nationale, le représentant du Chef d’état-major de la Garde nationale.
Le 17 juillet
Le PM au chevet des blessés
Le vendredi 17 juillet 2020, le Premier ministre, Dr Boubou Cissé, a rendu visite aux blessés dans les rangs des Forces de Défense et de Sécurité, répartis entre les différentes structures sanitaires.
Dr Boubou Cissé s’est respectivement rendu à la structure sanitaire de l’école de police, à l’hôpital du Luxembourg, à l’infirmerie de la gendarmerie et au CHU de l’hôpital Gabriel Touré.
Ainsi, 303 blessés ont été recensés, dont 176 civiles et 127 éléments des FDS.
Partout où il est passé, le Premier ministre a échangé avec les blessés pour s’enquérir de leur état de santé et de leur niveau de satisfaction quant à leur prise en charge au sein des établissements visités.
Il a également échangé avec le personnel de santé, qu’il a tenu à encourager en les exhortant à plus d’engagements pour assurer une prise en charge effective à l’ensemble des blessés civils et ceux des FDS et leur a assuré du soutien total du Président de la République et de l’ensemble du peuple malien.
À la fin de la visite, le Premier ministre a accordé une interview à la presse, au cours de laquelle, il a adressé un message aux acteurs du M5-RFP dans lequel, il les invite à se retrouver autour du dialogue pour une sortie de crise consensuelle.
En ce jour d’hommage aux victimes des manifestations organisées par le M5-RFP, le Premier ministre a présenté les condoléances du chef de l’État aux familles éplorées et souhaité prompt rétablissement aux malades.
Le Premier ministre invite les Maliens à participer aux cérémonies de recueillements prévus dans les différents lieux de culte du pays et salue l’élan de solidarité à l’endroit des victimes.
Le PM présente ses condoléances
En ce jour d’hommage aux victimes des manifestations organisées par le M5-RFP, le Premier ministre a présenté les condoléances du chef de l’État aux familles éplorées et souhaité prompt rétablissement aux malades.
Cérémonie
de recueillement
Le vendredi 17 juillet, une grande prière collective pour ceux qui sont tombés sous les balles des Forces de sécurité était prévue à la Place de l’indépendance devenue l’antre de la Contestation. Afin de prévenir tout nouveau dérapage, sur insistance des Médiateurs de la CEDEAO, elle a été décentralisée. Ce à quoi le M5-RFP a agréé sur le conseil de l’Imam Mahmoud DICKO particulièrement sollicité à cet effet par la Médiation sous régionale. Le mot d’ordre était désormais d’organiser des prières dans les différents lieux de culte. Ces prières n’ont donné lieu à aucun incident signalé.
Le Cardinal Zerbo se rend chez l’Imam Dicko
L’archevêque de Bamako, Monseigneur Jean Cardianal Zerbo, rend une visite de courtoisie chez le très respecté imam Mahmoud Dicko, le Mercredi 15 Juillet 2020, à Badalabougou. Rien n’a filtré de leurs échanges, même s’il est évident que la situation sociopolitique préoccupante du pays était leur principal sujet de discussion
Contradictions sur les morts et les blessés.
Dans son communiqué n°2 sur sa rencontre avec la Mission de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) conduite par l’ancien président nigérian Jonathan GOODLUCK, ‘’le M5-RFP a exigé l’ouverture prioritaire et immédiate d’enquêtes judiciaires en vue de poursuites contre les auteurs, commanditaires et complices des tueries (23 morts par balles), des centaines de blessés également par balles et d’autres exactions commises’’.
Pourtant, Ahmadou N’Douga MAIGA, le chargé de communication de la CMAS, la principale composante du Mouvement de contestation du Président IBK et de son régime, assure dans une vidéo : « 17 personnes ont été tuées ».
La Primature, dans son communiqué du 17 juillet, parle de 303 blessés recensés, dont 176 civiles et 127 éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS).
Les manifestations à Bamako du M5-RFP, ce jour, ont fait au total 11 morts et 140 blessés, précise un bilan officiel fourni le lundi 13 juillet 2020. Selon le secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, le Dr Mama KOUMARE, 158 victimes ont été enregistrées, parmi lesquelles il y a eu 11 décès. Parmi ces cas de décès selon Dr Mama KOUMARE, il y a la population civile, mais également les forces de sécurité. Aucun parmi les blessés actuellement pris en charge dans les hôpitaux n’est dans une situation critique, ajoute la même source.
De source médicale, le 10 juillet, le bilan était en fin de soirée, d’au moins une personne tuée et de nombreux blessés, dont 19 par balles.
« Il est difficile de donner un bilan définitif, mais le bilan provisoire est de plusieurs dizaines de blessés, il faut en compter une quarantaine environ », estime Djimé KANTE, secrétaire général adjoint du comité syndical du CHU Gabriel Touré. Parmi ces blessés, certains sont dans un état critique.
« J’ai vu un jeune dont la main droite a été totalement détruite et d’autres ont des impacts de balles. Ils sont en train d’être pris en charge. » Djimé KANTE confirme par ailleurs qu’il y a bien un mort « le corps a été déposé à la morgue de l’hôpital Gabriel Touré, mort des suites de ses blessures par balles ».
Le MondeAfrique écrit dans sa publication du 13 juillet : ‘’durant ce week-end marqué par un durcissement de la confrontation entre le gouvernement et l’opposition, onze manifestants sont morts, et 124 blessés’’.
Il y a beaucoup de spéculation et de surenchère sur le nombre des blessés et de morts, comme c’est généralement le cas dans ce genre d’événement où les chiffres sont volontairement manipulés, soit pour accabler le régime, le décrédibiliser et l’abattre, soit pour rétablir la vérité ou la tronquer également dans le cas du pouvoir. De toutes les manières, les chiffres représentent un enjeu majeur.
La trêve Tabaski
Le M5-RFP, depuis le 20 juillet, a décidé d’observer une trêve dans son mouvement de désobéissance civile. Ce, jusqu’à la fin du mois de juillet ; question de permettre aux fidèles musulmans de préparer sereinement la fête de Tabaski.

Info-Matin

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here