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Liban: plus de la moitié de la population a basculé sous le seuil de pauvreté

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Le Liban s’enfonce dans une crise économique sans précédent. En quelques mois seulement, la monnaie locale a perdu six fois sa valeur, entrainant le pays dans une descente aux enfers que rien ne semble pouvoir arrêter. Inflation galopante, chute du pouvoir d’achat : les Libanais basculent dans la pauvreté.

A la sortie d’un supermarché de la banlieue de Beyrouth, Sandra, une mère de famille vérifie son ticket de caisse. « On fait très attention, on n’achète que le nécessaire, explique-t-elle. Il y a beaucoup de produits qu’on n’achète plus du tout parce que c’est devenu trop cher. On essaie de s’en passer et on prend ce qui est indispensable. La viande, par exemple, c’est devenu très cher alors on se prive. Au lieu d’en prendre un demi kilo, j’en mets seulement 250 grammes dans ma recette. »

Comme Sandra, plus de la moitié de la population libanaise vit désormais sous le seuil de pauvreté. Même dans les quartiers chics de Beyrouth, s’alimenter est devenu un défi. Elias fait partie de Beit el Baraka, une association qui distribue de l’aide alimentaire. Toute la journée, il voit défiler ce qu’on appelle ici les nouveaux pauvres. « Les nouveaux pauvres sont la classe moyenne, explique-t-il. Des gens qui arrivaient tout juste à vivre avec leurs salaires mais n’y arrivent plus. Ceux qui ont encore un salaire, avec le taux de change, ça ne vaut plus rien. Les nouveaux pauvres sont les gens que tu vois dans la rue tous les jours. »

Gestes désespérés

Parmi les bénéficiaires, beaucoup de personnes âgées qui ont vécu la guerre civile comme Aïda, 65 ans. « On vivait mieux pendant la guerre ce n’était pas comme ça, déplore-t-elle. Aujourd’hui je ne peux plus rien acheter du tout du tout. C’est très dur. Avec 60 euros tu ne fais rien. »

Pour sortir du marasme, le Liban espère recevoir de l’aide internationale. Mais la classe politique rongée par la corruption a du mal à convaincre les donateurs. Au siège du Commerce du Levant, seul journal économique francophone du pays, la rédactrice en chef Sahar el Attar n’est pas surprise. « On est aujourd’hui complétement acculés, les bailleurs de fond on durcit leur position on n’est plus, il faut plus espérer qu’on va nous donner des milliards on échange de promesses qu’on n’a jamais tenues », analyse-t-elle.

Livré à lui-même, le Liban risque de glisser encore d’avantage vers la misère, poussant certains à des gestes désespérés. Début juillet, un homme a braqué une pharmacie pour deux paquets de couches, un autre s’est donné la mort en pleine rue.

RFI

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