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M5-RFP: le temps de la fracture

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Au troisième jour de la désobéissance civile, contrairement aux jours précédents, il n’y a pas eu de perturbations majeures à Bamako et à l’intérieur du pays, sauf à Ségou où le maire Nouhoun DIARRA a tenu à être ferme avec les jeunes manifestants. Droit dans ces bottes, le Maire de Ségou a catégoriquement refusé de dire à son personnel d’arrêter de travailler. Si la désobéissance civile est votre droit, travailler est aussi notre droit et même un devoir, a-t-il tranché. A noter que parallèlement à un déploiement impressionnant des Forces de l’ordre pour sécuriser les personnes et les biens, la justice est entrée en action et des individus ont été condamnés, après leur arrestation.
Voici le journal la désobéissance civile du mercredi 5 août.

Le constat d’échec
La reprise de la campagne de désobéissance civile a été annoncée à grand renfort de publicité. Les actes de banditisme qui ont émaillés les précédentes sorties des militants du M5-RFP ont fait craindre à beaucoup le pire. Naturellement, à Bamako principalement, le lundi, la population dans une proportion importante était dans l’expectative. Pour autant, le changement de stratégie des contestataires reposant sur l’évitement avec les Forces de l’ordre et le chantage, sinon les menaces de violence sur les personnes et les biens sur leurs lieux de travail n’a pas produit l’effet escompté.
Ici à Bamako l’activité économique reprend timidement sous haute surveillance policière. Les services publics n’ont pas été perturbés comme mardi et les banques sont restées ouvertes sans aucun problème.
Dans les régions de Kayes, Sikasso et ailleurs, le mot d’ordre reste très peu suivi sans grande perturbations sur le trafic des personnes et des biens.
Les jeunes du M5-RFP évitent toute confrontation avec les Forces de l’ordre, préférant les aborder dans un esprit de fraternité.
C’est donc dans un climat de timide reprise du mouvement de désobéissance civile que le Comité stratégique du M5-RFP annonce la tenue d’un rassemblement le mardi 11 août à la Place de l’indépendance. L’échec des opérations insurrectionnelles dites de désobéissance civile pousse les contestateurs du régime d’IBK à mener une pression supplémentaire.
Selon le porte-parole de M5- RFP, Choguel Kokalla MAIGA, ‘’cette mobilisation prévue, le 11 aout sera la toute dernière sortie du peuple Malien parce que nous ne nous rentrons pas jusqu’à la démission de IBK et son régime’’.

Les apparences trompeuses
Pendant que le Comité stratégique du M5-RFP appelle à manifester des déchirures profondes se font jour. Tout indique désormais que les adversaires du Président IBK ne soufflent plus dans la même trompette. Derrière la cohésion de façade affichée mercredi dernier 29 juillet lors de la conférence de presse où l’Imam a été exhibé comme preuve de la solidité du M5-RFP, les positions semblent désormais inconciliables. Pire, les fractures s’étalent sur la place publique.
Ainsi, alors que le président par intérim du FSD le Dr Choguel MAIGA annonçait la tenue d’un grand rassemblement le mardi 11 août, qui sera, selon lui et ses partisans, le tsunami qui va balayer le régime et débarrasser le Mali d’IBK et de son clan, le président de Ensemble Mali Koura (EMK), l’ancien ministre Cheick Oumar SISSOKO rendait public le bannissement (l’exclusion) du Coordonnateur général de la CMAS, El Hadj Issa Kaou NDJIM, par ailleurs porte-parole de l’Imam DICKO. Issa Kaou N’DJIM a été remplacé par l’Imam DIARRA au sein du Comité stratégique du M5-RFP.
Cheick Oumar SISSOKO assène que Issa Kaou N’DJIM ne s’exprime plus au nom du club des opposants du M5-RFP, tout propos de ce dernier n’engage que la CMAS de l’Imam DICKO. Cette position relève de la divergence des agendas politiques.
Même Cheick Oumar SISSOKO feint d’oublier que le M5-RFP a été mis en place, promu et entretenu par la CMAS, que sans la CMAS, le M5-RFP ne sera qu’une coquille vide.
Est-ce ces divergences d’avec le M5-RFP qui expliquent le choix du mardi 11 août pour tenir le prochain rassemblement au lieu de vendredi 7 ou de vendredi 14 aout ?

Le bilan des arrestations
Parallèlement à un impressionnant déploiement des Forces de l’ordre pour s’assurer de l’ordre de la désobéissance civile, l’appareil judiciaire est rentré en action pour sévir contre ceux qui enfreignent la loi.
Ainsi, à l’instar de la Commune I, 5 jeunes du M5-RFP ont été arrêtés hier matin par le Commissariat du 6e Arrondissement et déférés devant le Procureur de la République près le Tribunal de la Commune I. Ils ont été jugés et condamnés chacun à 45 jours de prison.
En Commune II, un jeune nommé Ousmane TRAORE a été interpellé par la Gendarmerie du Camp I. Avant cette interpellation, il avait témoigné sur Media A, qu’un véhicule de la Police avait roulé sur le crâne d’un manifestant à terre.
Ces interpellations se déroulent au moment où la direction politique du M5-RFP annonce avoir porté plainte auprès du Procureur près le Tribunal de la Commune 5 pour ‘’assassinat, tentative d’assassinat, coups et blessures volontaires aggravés’’ et toutes autres qualifications qui pourraient se révéler utiles à la manifestation de la vérité.
Le M5-RFP accuse l’Inspecteur Général de la Police Moussa Ag INFAHI, le Lieutenant-Colonel Boubacar DIAWARA, Commandant de la FORSAT et ses agents impliqués dans les tueries, ainsi que tous autres co-auteurs ou complices que l’enquête pourra désigner.
Il y a également la situation de notre confrère Yacouba Dionkoloni COULIBALY, Directeur Radio Djiguifa de Sanankoroba qui a été arrêté hier matin dans le cadre de son travail, battu à sang par les forces de l’ordre au mépris total de sa profession qui est garantie par l’article 7 de la Constitution. M. COULIBALY qui couvrait une manifestation de la désobéissance civile au niveau de la Tour de l’Afrique a été inculpé pour trouble à l’ordre public. Selon les sources, au moment de son arrestation par les agents des Forces de l’ordre notre confrère était en possession toutes les pièces justificatives de son statut de journaliste et de directeur de radio. Selon son avocat Maître Alifa KONE, son jugement est prévu pour aujourd’hui jeudi 6 août 2020 au Tribunal de la CVI.

PAR BERTIN DAKOUO

Info-Matin

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