Directeur de l’Institut de recherche et d’innovation, il avait découvert la philosophie lors d’un séjour en prison. Bernard Stiegler est mort à l’âge de 68 ans.
Bernard Stiegler, philosophe très critique du système capitaliste qui avait consacré ses recherches aux mutations provoquées dans la société par le numérique, est mort jeudi à l’âge de 68 ans, a annoncé le Collège international de philosophie.
Penseur engagé à gauche, qui prenait position contre les dérives libérales de la société, Bernard Stiegler avait axé sa réflexion sur les enjeux des mutations – sociales, politiques, économiques, psychologiques – portées par le développement technologique.
Il avait notamment analysé les risques que faisaient peser ces changements sur l’emploi traditionnel, prédisant sa disparition.
Rennaissance carcérale
Le parcours de Bernard Stiegler est atypique. Né à Villebon-sur-Yvette (Essonne) en 1952, il découvre la philosophie en prison. Incarcéré en 1978 pour cinq ans, suite à plusieurs braquages de banque à main armée, le jeune détenu se plonge dans la lecture des grands philosophes – Platon, Aristote , Kant, Heidegger -, puis découvre la pensée contemporaine avec Jacques Derrida.
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Stiegler le dira plus tard : l’enfermement, la cellule ont permis sa renaissance intellectuelle, grâce à la découverte des champs immenses de la philosophie.
À sa sortie de prison, il rencontre Derrida et lui demande de devenir son directeur de thèse. Dès lors, plongeant pleinement dans le monde de la philosophie contemporaine, Bernard Stiegler connaît un parcours fulgurant : il écrit sa thèse sur Heidegger et se plonge dans les questions qui le passionnent : l’évolution technologique, la notion de réseau connecté, la numérisation des usages de la société.
Connu pour avoir créé le groupe de réflexion philosophique Ars industrialis, dans lequel il incite à renouveler la façon de penser notre rapport à la technique, Bernard Stiegler était également à la tête de l’Ircam, l’Institut de recherche et d’innovation au Centre Pompidou.
RFI