Il fallait chercher longtemps le mot « palestinien » dans l’accord signé ce jeudi 13 août entre Israël et les Émirats arabes unis, annonçant la normalisation des relations. Il n’apparait qu’à la fin et place la question palestinienne au second plan. Ni consultés, ni informés, les Palestiniens voient cela comme une trahison. Ce dimanche, Saeb Erekat s’est exprimé devant la presse à Ramallah. C’était la première prise de parole de l’Autorité Palestinienne. Un « accord » inacceptable, a dénoncé le secrétaire général de l’OLP.
« Cela va définitivement tuer la solution a deux États », dit le célèbre négociateur des accords d’oslo. Cela « récompense Netanyahu et les extrémistes » et cela éloigne encore plus la possibilité d’une résolution et d’une paix israélo-palestinienne. Bref, selon lui c’est une trahison.
Tous les dirigeants palestiniens l’ont souligné : Hamas, comité conjoint de l’Autorité palestinienne et Hanan Ashrawi, du comité exécutif de l’OLP, l’Organisation de libération de la Palestine. Elle avait été la première à réagir sur son compte Twitter, souhaitant au prince émirati MBZ « de ne jamais ressentir la douleur de vivre sous occupation, de ne jamais voir la démolition de sa maison ou le meurtre de ceux qu’ils aiment, et surtout de ne jamais être vendu par ses “amis” ».
Éviter l’effet domino
Face à ce rapprochement, les marges de manœuvres des Palestiniens sont assez faibles. Ramallah tente d’alerter : une réunion d’urgence de la Ligue Arabe a été demandée mais il n’y a toujours pas de réponse. La Ligue Arabe elle-même est trop divisée. Il n’y a pas non plus de condamnation réelle de ce rapprochement Emirats-Israël de la part du monde arabe.
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Cependant, les Palestiniens veulent rester optimistes, et Saeb Erekat, le secrétaire général de l’OLP, dit faire tout pour éviter l’effet domino : que d’autres pays du Golfe fasse de même. Il a écrit à l’Arabie saoudite, au Bahreïn, s’assurant qu’ils sont bien en faveur d’une solution à deux États et que la question palestinienne n’est pas totalement éclipsée.
L’unité entre le Fatah et le Hamas
Une dernière solution serait la réconciliation des factions ennemies, le Fatah et le Hamas. On l’a vu à chaque événement qui mettait en péril l’établissement d’un hypothétique État palestinien. Par exemple, quand Donald Trump a dévoilé le fameux projet de paix au Moyen-Orient en janvier, ou juste avant le 1er juillet, quand l’annexion pouvait être proclamée par Netanyahu et que le Fatah et le Hamas avaient organisé une conférence conjointe.
Avec les Emirats, c’est pareil. Ce jeudi soir, le chef du bureau politique du Hamas Ismaël Haniyeh a contacté le président de l’Autorité palestinienne pour tenter justement de trouver une voie commune face à cette normalisation qui « sacrifie » la cause palestinienne. Un peu comme si, face à l’aveu de faiblesse, il y avait volonté d’unité.
RFI