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Troisième mandat controverse du président ivoirien : Alassane Ouattara va-t-il mettre à l‘eau ses innombrables réalisations ?

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Le président ivoirien Alassane Ouattara à Abidjan le 1er mai 2017

L’Afrique francophone est-elle maudite au point d’être à la traine dans tous les domaines ? C’est malheureusement la question que l’on est tenté de se poser au regard de ce qui se passe dans les pays colonisés par la France. La Côte d’Ivoire, la Guinée Conakry, le Sénégal, le Niger, le Burkina Faso, le Mali, pour ne citer que ces pays de la CEDEAO, sont ou seront tous bientôt dans l’œil du cyclone. La Côte d’Ivoire qui a connu l’une des crises les plus graves en 2010-2011 faisant plus de 3000 morts, est sur une mauvaise piste depuis la déclaration de candidature d’Alassane Ouattara pour un troisième mandat. Après avoir fait rêver les ivoiriens et toute la sous-région par ses grandes réalisations, Alassane Ouattara est désormais sur une pente raide et glissante et risque de se fracasser avec lui la Côte d’Ivoire toute entière. A-t-il mesuré les conséquences de son choix sur la fragile stabilité de la Côte d’Ivoire ? Même si la Constitution ne l’interdit pas, pourquoi n’a-t-il pas fait comme Mandela en remettant le flambeau à la nouvelle génération ? Pourquoi ce silence assourdissant de la France qui se dit adepte des principes démocratiques et d’alternance ?

Les regards des observateurs de la scène politique ivoirienne sont tournés vers Abidjan et les autres provinces de la Côte d’Ivoire pour savoir si l’annonce de la candidature d’Alassane Ouattara pour un troisième mandat va embraser le pays de Félix Houphouët Boigny. Cette candidature qui, il faut le rappeler, a été déclarée après la mort du candidat désigné par le regroupement de la Majorité, le RHDP. Et faut-il le reconnaître également qu’elle ne souffre d’aucun obstacle juridique, mais pour des raisons d’éthique et de stabilité de la Côte d’Ivoire, Alassane devrait passer le flambeau à la nouvelle génération. Donc, la couleuvre qu’il veut faire avaler par les ivoiriens passera difficilement aux yeux de l’opposition, qui a sa lecture de la Constitution. Pour la coalition de l’Opposition autour de Henri Konan Bédié, l’ancien Président de la République et ex allié d’ADO, après deux mandats, il serait hors de question de briguer un troisième même en cas de changement de République, comme c’est le cas en Côte d’Ivoire. Cette Coalition de tout sauf un troisième mandat d’Alassane Ouattara regroupera, à coup sûr, tous les blasés de la Côte d’Ivoire. De Bédié à Gbagbo, en passant par Soro, Blé Goudé, Affi N’Guéssan, Mabri et autre Kouadio Konan, tous les opposants seront vent débout pour empêcher Alassane de se maintenir au pouvoir.

Les appels à la mobilisation pour barrer la route à la dérive monarchique d’ADO, ont déjà commencé et les premières victimes sont tombées. Dans un pays où les clivages ethniques et communautaires sont visibles, Alassane Ouattara devrait renoncer à briguer un troisième mandat qui risquerait d’exacerber les tensions communautaires, de raviver la flamme ethnique et d’embraser le pays. Surtout que l’un des grands des points négatifs du bilan des dix années de gouvernance d’Alassane Ouattara a été son échec à réconcilier les ivoiriens. Hormis cette tare, son bilan économique est des plus élogieux dans la sous-région et même en Afrique. Des infrastructures sont sorties de terre comme des champignons et le niveau de vie des ivoiriens est l’un des plus élevés en Afrique.

Le bilan doit-il être le prétexte tout trouvé pour s’accrocher au pouvoir ? La réponse est sans nul doute non, sinon Barack Obama allait rester à la tête des Etats Unis. Pourquoi la France d’Emmanuel Macron n’a-t-elle pas convaincue Alassane Ouattara à renoncer à un troisième mandat ? Nous savons que le Président français, dans un tweet, s’était réjoui de la sage décision d’Alassane de ne pas briguer un autre mandat, mais il est resté silencieux quand ADO s’est rétracté en remettant en jeu sa candidature, après la mort du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, candidat désigné par le RHDP. Ce silence assourdissant en dit long sur la versatilité de la France en fonction de ses intérêts.

En définitive, M. Ouattara devrait désigner un autre dauphin après la mort du premier ministre Gon Coulibaly. En se présentant pour un troisième mandat, il sera pris pour responsable de tous désagréments, de toute crise pré et postélectorale. Et risque vraisemblablement de mettre à l’eau son très positif bilan.

Youssouf Sissoko

Inf@sept

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