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Boubou Cissé: la défiance de trop

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L’Assemblée nationale, vu la Constitution, a délibéré et adopté la loi dont la teneur suit : article 1er : ‘’la grille indiciaire annexée à la Loi n° 2018-007 du 16 janvier 2018 portant statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale, est modifiée conformément aux tableaux annexés à la présente loi. Article 2 : la présente loi qui abroge toutes dispositions antérieures contraires sera enregistrée et publiée au Journal officiel’’. Voici ce que fait une Assemblée censée être l’émanation du peuple. Elle complote avec le pouvoir sur le dos des enseignants, par un tripatouillage législatif abject. Les stratèges de l’intrigue n’ont laissé aucun détail au hasard. Dans un avis de réunion signé du secrétaire général adjoint du Gouvernement, daté du 5 août, l’ordre du jour mentionné est : ‘’Projet de loi portant modification de la Loi n° 2018-007 du 16 janvier 2018 portant statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spécial’’.

Cependant, président IBK, dans son adresse à la Nation du 8 juillet, n’avait laissé planer aucune espèce d’ambiguïté : ‘’c’est pour cette paix sociale, convaincu que nous avons du ressort pour rebondir à chaque crise, que dans mes précédentes adresses, j’ai tenu à signifier que j’ai entendu les colères et les interrogations qui sont les causes sous-jacentes de la crise actuelle. Et c’est pourquoi, sans hésiter davantage, et ce malgré le coût financier de la mesure et ses possibles effets domino, j’ai instruit l’application immédiate et pleine et complète de l’article 39’’.
Le Président a instruit l’application immédiate et pleine et complète de l’article 39’’. Le Gouvernement, lui, annonce fin août ; au plus tard le 5 septembre pour l’application de cet article 39. Avec les tours de passe-passe dont il a le secret, le PM qui incarnait à lui seul le Gouvernement, a réussi à zapper le mois de juillet qui devrait voir le début de l’application de l’article 39, et à jouer la procrastination. C’est cette date qui correspondrait pourtant à ‘’application immédiate’’. Insatisfait de gagner deux mois (juillet et août), le Gouvernement tente de modifier la loi avec une nouvelle grille, apparemment avec certaines complicités. C’est ce que laisse croire ce Twitt d’un responsable du SYNEB : ‘’les enseignants du Mali demandent le départ de Mamadou Konta et ses complices de la DRH pour le fait d’avoir falsifié le projet de PV de conciliation de l’article 39. Ils voulaient mettre dans l’eau l’œuvre d’une lutte farouche. À partir d’aujourd’hui, les enseignants du Mali considèrent Konta comme persona non grata à la DRH de l’éducation. Trop c’est trop’’.
Au niveau institutionnel, en dépit de la crise qui malmène et trimballe son employeur de Président de la République qui s’est mis sur le réculoir en catastrophe sur l’article 39, le PM tient à dicter sa loi, à tailler en pièces les enseignants pour lui avoir tenu la dragée haute en revendiquant l’application d’une loi de la République en leur faveur. Revendiquer un droit devient un crime de lèse-majesté. Allah akbar !
Réaction fulgurante des enseignants qui, tel le roseau qui plie, mais ne rompt pas, savent donner de la répartie : ‘’les Syndicats de l’Éducation signataires du 15 octobre 2016, dans le cadre de l’application de l’article 39 ont constaté avec indignation la volonté de certains responsables du ministère de l’Éducation nationale de tripatouiller le procès-verbal de conciliation du 17 juin 2020.
En réponse à cet acte ignoble et au regard du retard accusé dans l’application de la loi, les syndicats décident des actions suivantes : l’arrêt des cours dès lundi (Ndlr : aujourd’hui) sur toute l’étendue du territoire national ; la suspension des activités pédagogiques (formation, correction, surveillance, le boycott des examens…) ; la fermeture de toutes les structures de l’éducation nationale (établissements scolaires, CAP, Académies, directions nationales, MEN)’’. Les enseignants peuvent chialer. Ce PM-là qui est en proie à un narcissique ¬pathologique croyait laisser l’orage avant de porter l’estocade. Erreur.
Au finish, c’est quoi le projet de Boubou ? Précipiter la chute du régime, parce que 2023 est trop loin pour lui ? Les masques finiront par tomber, si d’ici là ils ne sont pas tous balayés par la vague de contestation.

Source : INFO-MATIN

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