Les sanctions internationales contre la Corée du Nord sont-elles efficaces ? Après les révélations des ONG Global Witness et PPLAAF, c’est une autre ONG, The Sentry, qui démontre dans un rapport à quel point le système de sanctions internationales peut être facilement contourné dans un pays comme la RDC. Dans ce pays, deux ressortissants nord-coréens ont pu créer une société, obtenir des marchés publics et même ouvrir un compte en banque en dollars.
Le titre du rapport de The Sentry est : « Affaires risquées, des entrepreneurs nord-coréens enfreignent des sanctions internationales en RDC ». Ces « affaires » remontent à janvier 2018 quand l’ambassade de la RDC au Cameroun accorde un visa à deux ressortissants nord-coréens. Pak Hwa Song et Hwang Kil Su se rendent au Haut-Lomami et entament immédiatement des démarches pour créer une société.
Selon The Sentry, Congo Aconde – c’est son nom – a obtenu très vite des marchés publics pour la construction de bâtiments et statues pour le compte du gouvernorat de cette province du sud-est du pays. Ces projets n’avaient rien de secret. Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire général du PPRD, à l’époque parti présidentiel, les avaient même visités en mai 2018.
D’autres officiels proches de l’ancien chef de l’État Joseph Kabila, rapporte cette ONG, ont cité depuis, devant la presse, le nom de cette entreprise, même si tous les projets évoqués n’ont pas vu le jour. Pour The Sentry, c’est la preuve d’un certain niveau de connexion politique. Même si la RDC de Joseph Kabila avait démenti tout lien avec la Corée du Nord, alors même que la garde présidentielle avait été épinglée pour utiliser des armes nord-coréennes.
Mais le plus grave sans doute, c’est que la banque Afriland First Bank RDC, filiale d’une des plus grandes banques camerounaises déjà pointée du doigt, a permis à cette entreprise de créer un compte en dollars et l’a autorisé à faire des transactions avec sa banque correspondante à Paris, BMCE Bank International, filiale de la banque marocaine Bank of Africa.
Et ce, alors que cet établissement bancaire aurait dû a minima exiger les pièces d’identité des gérants et actionnaires de Congo Aconde et que sur des documents de la banque obtenus par The Sentry figuraient le lieu de naissance – Pyongyang – des deux hommes d’affaires nord-coréens.
Notre rapport démontre comment les Nord-Coréens peuvent exploiter les faiblesses des systèmes internes de contrôle pour éviter les sanctions. Donc nous suggérons aux autorités de se rendre compte du fait que ce genre de faiblesse dans les pays tiers constitue une lacune grave dans l’application des sanctions.
RFI