Hospitalisé jeudi matin après l’atterrissage d’urgence de l’avion qui le ramenait de Sibérie à Moscou, Alexeï Navalny a été placé en réanimation. Les médecins de l’opposant russe refusent toutefois son transfert en Europe, car ils jugent son état « instable ».
De notre correspondant à Moscou, Étienne Bouche
Il est difficile d’obtenir des informations surl’état de santé de Navalny. Sur place, tout est contrôlé. À tel point que Ioulia Navalnaïa, l’épouse de l’opposant, a elle-même été admise tardivement à son chevet. Les militants présents sur place ont relevé une importante présence policière.
On a appris qu’une substance nocive a été détectée dans son organisme. Une information de source policière qui balaie une version fantaisiste des faits qui circulait depuis jeudi dans certains médias rapportant que Navalny aurait tout simplement beaucoup bu la veille du départ. De la propagande grossière selon Kira Iarmych, son attachée de presse qui était avec lui dans l’avion.
« On ne tombe pas dans le coma après une simple tasse de thé, c’est impossible. Les médecins ne parlent pas d’empoisonnement, car à l’évidence, on les a intimidés. Quand nous étions dans l’ambulance avec Alexeï, en route vers l’hôpital, les médecins qui se trouvaient dans cette ambulance n’avaient manifestement pas encore pris conscience de l’ampleur de l’affaire, car ils parlaient clairement d’une substance toxique. Pour eux, c’était évident », réagissait-elle ce jeudi soir dans l’émission en ligne diffusée par son équipe.
Navalny, évacué vers l’Europe ?
Un avion médical affrété par l’ONG allemande Cinema for Peace est sur le point d’arriver sur place. Mais son évacuation vers l’Europe est loin d’être aboutie. Pour ses proches, il y a clairement une volonté de faire obstruction, car l’hôpital de Omsk refuse de délivrer les documents nécessaires.
Pour le moment, un tel scénario est donc impossible. L’entourage de Navalny est médusé, car même si le transfert d’un malade dans le coma est déconseillé, l’hôpital où il se trouve est de toute façon incapable de le soigner. Il ne pourra donc pas être transféré en raison de son « état instable ». Pour Kira Iarmych, ce refus « est une décision qui menace sa vie ».
Le refus de transférer Navalny à l’étranger est une décision « purement médicale » a fait savoir le Kremlin. Berlin de son côté dit être « en contact » avec Moscou pour résoudre ce cas « humanitaire urgent ».
RFI
