La Côte d’Ivoire s’apprête à élire, dans deux mois, un nouveau président de la République. Sont, pour l’heure, candidats : Alassane Dramane Ouattara le Chef de l’Etat sortant et Henri Konan Bédié, ancien occupant du fauteuil présidentiel. L’ancien président Laurent Gbagbo et l’ancien Premier ministre et président de l’Assemblée Nationale, Guillaume Kibafori Soro sont déclarés hors course.
Ces deux poids lourds politiques ivoiriens en sont disqualifiés pour des raisons judiciaires car condamnés tous deux par contumace à de lourdes peines. Mais pour de nombreux observateurs et analystes de la politique ivoirienne, cette radiation de la liste électorale est une intrigue du pouvoir devant faciliter la réélection d’A.D.O dès le premier tour.
Dans un contexte de crise politique aigüe, exacerbée par des affrontements inter-ethniques doublés de replis régionalistes, le président sortant pousse indéniablement la Côte d’Ivoire au bord du précipice. Car depuis des semaines, la Commission électorale indépendante avait déjà exclu Gbagbo de la liste électorale (tant comme électeur que comme éligible).
En déclarant, le 28 août ‘’mal fondée et irrecevable’’ l’appel de Soro au motif qu’il a déjà perdu ses droits civiques à la suite de sa condamnation à 20 ans pour recel de deniers publics détournés, la justice ivoirienne donne également carte blanche à la CEI de le radier.
De quoi faire dire à Jean Bonin, membre du Front Populaire Ivoirien, que ‘’Exclure Gbagbo, Blé Goudé et Soro en vue de s’accrocher au pouvoir est un mauvais signe et signal envoyés à la nation’’. Ces appréhensions se vérifient à travers le climat délétère et chaotique qui prévaut – hélas – aujourd’hui dans le pays d’Houphouët Boigny. Des vidéos haineuses produites par des Ivoiriens se réclamant d’ethnies du centre, de l’est et du sud, sont véhiculées par les réseaux sociaux pour demander à leurs frères de mêmes ethnies de chasser et tuer tout dioula (ressortissant du nord). Leur appel semble avoir eu des échos favorables. Car, on assiste, de plus en plus, à des attaques d’autochtones contre des halogènes (dioulas) dans de nombreuses agglomérations du centre, du sud, de est et de l’ouest. Ils sont tués et leurs commerces entièrement mis à sac. C’est le cas à Abidjan avec ses plus de 5 millions d’âmes de toutes les ethnies, tout comme dans d’autres villes du pays. Ces manifestations contre le 3è mandat d’ADO sont réprimées par les forces de l’ordre comme pour en tension. Force est de redouter une autre guerre inter-ethnique voire un remake de la crise 2000 – 2010.
Gaoussou Madani Traoré
Source : Le Challenger