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Entre Nous : L’intenable pression

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Les jeunes officiers du Comité national pour le Salut du Peuple (CNSP) ne savent plus quoi faire. Les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont décidé de maintenir la pression en appelant, le 28 août dernier, la désignation d’un Président et un Premier ministre civils à la tête de la Transition dont la durée a été fixée au maximum à 12 mois.

La Cedeao a décidé de maintenir les sanctions prises le 20 août 2020, tant que ces mesures ne sont pas mises en œuvre par les nouvelles autorités du pays. Ces décisions de la Cedeao interviennent après la publication par le CNSP de son Acte fondamental. A cette pression sous-régionale sur les jeunes officiers de CNSP, est venue s’ajouter celle du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP).

Les responsables du CNSP ne devraient pas s’écarter de leur première déclaration. Ils ont volontairement affiché leur détermination à aller vers une transition politique civile. Ils doivent faire preuve de réalisme en faisant une lecture lucide du contexte national et international. Si déjà, ils ne peuvent pas respecter leurs propos du 19 août, cela ne rassure pas sur leur bonne intention.

Colonel Assimi Goïta et ses camarades ne doivent pas oublier qu’il y a d’autres forces qui ont labouré le champ puis semé les graines du départ du régime d’IBK afin qu’ils puissent réussir facilement leur opération du 18 août 2020. Ils seraient mal avisés de s’éloigner du principal mouvement contestataire en l’occurrence le M5-RFP qui devrait leur servir de force protectrice dans le cadre d’une complicité parfaite.

En isolant le M5-RFP autour duquel le CNSP devrait sonner le grand rassemblement des forces vives, et surtout en affichant vite leurs ambitions de diriger la transition de façon solitaire devant les médiateurs de la Cedeao, les jeunes officiers se sont rendus vulnérables. Qu’on le veuille ou pas, le M5-RFP a accompli un travail historique, lequel ne peut pas être balayé d’un revers de main.

Le CNSP et ses ‘’membres’’ ont plutôt intérêt à se méfier de chants de sirènes visant à les mettre en difficulté avec un peuple mobilisé qui a légitimé leur action. Ceux qui s’agitent aujourd’hui seront les premiers à envahir les rues demain si l’Etat n’arrive pas à faire face à ses obligations, à commencer par le paiement régulier des salaires. En dépit du fort désir de changement, il y a des actes que les Maliens dans leur majorité ne sont pas prêts à laisser passer.

Le Statisticien Économiste, Sidiki Guindo, a réalisé un sondage les 21, 22 et 23 août 2020 dans le district de Bamako. «Pour 16,2% de la population, la transition doit être gérée uniquement par des civils ; pour 57,0% elle devrait être gérée par des militaires et des civils et 26,8% prônent pour une transition uniquement par des militaires».

Dans un document intitulé «Appel d’intellectuels maliens pour une transition réussie au Mali», une pléiade de personnalités d’horizons divers comme Mossadeck Bally, patron du Groupe Azalai et Sadio Lamine Sow, ancien ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale rappellent que «le CNSP, s’il veut répondre aux demandes du peuple Malien, ne dispose pas d’un blanc-seing». Mieux, lors de la cérémonie organisée en hommage des victimes de la répression des 10, 11 et 12 juillet 2020, l’Imam Mahmoud Dicko a appelé les jeunes militaires à tenir leur parole. «Qu’ils facilitent la situation et allègent la souffrance des maliens. Ils sont censés être la solution, pas être des problèmes…», a-t-il souligné.

Le Colonel Goïta et ses camarades devraient se ressaisir rapidement. Et travailler à forger une cohésion nationale autour des objectifs de la Transition. Le report à une date ultérieure de la rencontre de samedi dernier est une opportunité pour travailler davantage à rassembler autour du Mali. Le rassemblement est le seul remède contre la pression et la fermeté de la Cedeao.

Chiaka Doumbia

Source : Le Challenger

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