Le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) est dans la logique de tenir une concertation nationale. L’objectif de forum qui se veut inclusif sera de déterminer l’architecture de la transition, la feuille de route, la durée de la transition, entre autre. C’est dans ce cadre que la junte a rencontré hier lundi 31 aout 2020, au ministère de la Défense et des anciens combattants, outre les autres forces vives de la Nation, les partis politiques et regroupements de partis politiques.
Voilà deux semaines, des militaires ont renversé le régime de Ibrahim Boubacar Keita. Mais depuis, c’est le statu quo. La transition politique et civile promise par la junte peine à prendre forme. Acculé, à la fois par le M5 et la CEDEAO, le CNSP envisage de tenir une concertation nationale avec toutes les forces vives de la Nation. Objectif : se tirer d’affaires par la mise en place d’une transition politique aussi inclusif que possible, notamment quant à sa gestion.
C’est dans ce cadre que le vice-président du CNSP, le Colonel Malick Diaw, 1er vice-président du CNSP, accompagné d’autres membres de la junte, a reçu la classe politique ce lundi au ministère de la Défense et des anciens combattants. Plusieurs leaders de partis politiques et chefs de regroupements politiques ont honoré de leur présence cette rencontre : Bokary Treta, Moussa Mara, Tiémoko Sangaré, Oumar Ibrahim Touré, Youba Ba, Yeah Samaké. Après les préliminaires la presse a été priée de sortir. Les deux parties pendant une heure ont discuté à huis clos.
Selon plusieurs participants, la rencontre qualifiée de « pré-concertation » a porté sur la proposition de Charte de la transition; le projet de Feuille de route de la transition; le projet d’architecture institutionnelle de la transition; et la durée de la transition. Au cours de la réunion, la délégation du CNSP a informé les participants qu’il sera soumis dans les plus brefs délais aux forces vives du pays des avant-projets de TDR de la « concertation nationale sur la transition » pour avis, ont rapporté plusieurs participants.
A leur sortie, le président de l’Alliance Ensemble pour le Mali (EPM), le Dr Bokary Tréta, s’est réjoui de la marche « d’équilibriste » de la junte face à tous les acteurs. « Nous marquons notre adhésion au processus de la transition politique et civile que les militaires ont annoncée. Nous avons espéré qu’ils tiennent à ce qu’ils se sont engagés à rendre le processus participatif, inclusif et d’être d’égal partage vis-à-vis des forces politiques et sociales », a indiqué le Dr Tréta par ailleurs président du RPM, tout en affirmant la disponibilité de l’EPM à apporter sa contribution à l’organisation et à la réussite de la transition.
En dépit du mécontentement de certains au sein l’ancienne majorité les alliés du président promettent d’être à ce rendez-vous. « Nous viendrons dire comme toutes les forces vices et politiques ce que l’EMP pense de la transition», a insisté Bokary Treta. Mais en attendant la finalisation de leurs propositions en cours de rédaction, l’EPM, selon son président, adhère aux propositions de la CEDEAO qui doivent être seulement adaptées à la situation du Mali. En effet, le vendredi dernier, les chefs d’Etat de la CEDEAO ont tenu un autre sommet extraordinaire virtuel sur notre pays. Il a été sanctionné par des résolutions de sortie crise. Ils exigent notamment une transition d’une année avec à sa tête un civil ou un militaire à la retraite. La levée de l’embargo sur le Mali est liée à l’application de ces mesures.
Le vice-président du CNSP, Malick Diaw, de son côté, a souligné la nécessite pour les Maliens de discuter au tour de la même table « La concertation va être un cadre d’échange afin de convenir des initiatives pour la bonne marche de la transition. Aujourd’hui, le Mali a besoin de tous les Maliens », a-t-il indiqué tout en rassurant de la bonne marche du processus.
Cette approche d’inclusive de la junte est saluée et appréciée, pour sa part, par le président de l’Adema PASJ, Tiemoko Sangaré. « Nous avons senti la volonté du côté d’agir avec l’ensemble des Maliens et de faire face aux urgences du Mali. A ce titre, nous avons exprimé notre disponibilité à accompagner la démarche et à jouer notre rôle force politique. C’est un bon début, en attendant les autres rencontres », a déclaré le président Sangaré. Selon lui, la politique d’exclusion prônée par le Mouvement du 5 juin pourrait conduire à l’échec de la transition. Les problèmes du Mali n’auront de solution que lorsque les Maliens auront l’intelligence de se mettre ensemble et d’agir ensemble, a-t-il soutenu.
Selon lui, le pays a des défis importants à relever. Pour ce faire, des uns et autres doivent dépasser certaines considérations pour faire face à l’essentiel, conseille-t-il. « Ce qui importe aujourd’hui c’est que personne ne gagne en se mettant dans une posture d’exclusion. Il faut rappeler qu’au-delà de ce qui se passe, on se connaît tous dans ce pays. Donc de ce point, il est important que chacun sache raison gardée », a-t-il déclaré.
Pour le Pr Sangaré, il est facile d’invectiver, il est facile de critiquer, mais ce qui est difficile c’est de poser des actes positifs qui permettent d’avancer. C’est pourquoi, poursuit-il, il faut sortir de certaines postures et de comprendre que le Mali c’est pour nous tous. « Le Mali ce n’est pas Bamako, mais l’ensemble du peuple malien. C’est à preuve du contraire, personne ne peut parler au nom de l’ensemble du peuple du Mali », a déclaré le président Tiemoko Sangaré.
Quant au président du parti Yelema, Moussa Mara, il a affirmé qu’ils ont convenu que les termes de référence de cette rencontre, dont l’avant-projet est déjà prêt, seront envoyés aux participants pour que les uns et les autres puissent regarder afin que la rencontre soit vraiment profitable. « Donc, ça été vraiment positif. Et Inch Allah, on sortira de cette rencontre avec une architecture de la transition », a déclaré l’ancien Premier ministre.
Par Sikou BAH
Info-Matin