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Mali, Cour d’Assises : Une bande malfaiteurs totalement anéantie

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Ils sont accusés d’avoir froidement assassiné un citoyen pour lui dérober son argent. Les jurés ont reconnu leur implication dans ce forfait et la cour les a condamnés au châtiment suprême.

La peine de mort. C’est celle que les juges de la cour d’assises de Bamako ont infligée, la semaine dernière, à une bande de quatre malfrats. Ces derniers sont accusés d’avoir froidement abattu KB, pour s’emparer de son argent et disparaître dans la nature. Cette triste histoire s’est passée dans la nuit du 29 au 30 août de l’année dernière à Dianéguéla, quartier populaire de la Commune VI à la périphérie du District de Bamako. Si cette bande a écopé du châtiment suprême, c’est parce qu’elle s’est rendue coupables du crime d’«association de malfaiteurs, assassinat, vol commis en bande et à main armée et détention illégale d’armes à feu ».

Ces faits sont prévus et punis par les dispositions des articles 175, 199, 200, 253 alinéas 1 et 2 du Code pénal et 43 de la loi n° 04- 050 du 12/11/2004 régissant les armes et munitions en République du Mali. Ils peuvent donner lieu à l’application de peines criminelles.

Celui que nous désignerons par ses initiales DT est un élément dangereux de la bande. Mais parallèlement, il se trouve qu’il est également un collaborateur du défunt KB. Il le connaissait mieux que les autres membres du groupe. C’est lui qui était également censé connaître les habitudes de la victime en même temps que ses revenus financiers journaliers. C’est tout cela qui semble l’avoir poussé à donner un coup de main aux trois autres membres de la bande pour commettre le forfait cité plus haut.

Pour cela, le quatuor s’était muni d’un véritable arsenal pour arriver à sa fin. Il s’agit d’un pistolet mitrailleur, d’un pistolet automatique et des cagoules. C’est le même DT qui a fourni de précieuses informations sur les rentrées et sorties quotidiennes de leur future victime.

C’est comme cela qu’à la date indiquée plus haut, DT a filé son défunt collaborateur avant de donner à ses complices le maximum d’informations sur lui, dans le but de l’assassiner pour lui prendre son argent. Le jour des faits, KB (la victime) est rentré à la maison après une journée de labeur. Ses futurs bourreaux qui disposaient d’informations précises sur lui savaient qu’il possédait de l’argent en liquide. à son arrivée à son domicile aux environs de 01 heure du matin, alors qu’il ne se doutait de rien il a été subitement pris à partie par ses bourreaux.

Ces derniers lui ordonnèrent de leur remettre son sac et tout son contenu d’argent liquide. Pour KB, cela semblait trop facile de remettre à des inconnus tout l’argent qu’il avait dans son sac. Il a refusé d’obtempérer aux injonctions des bandits et a tenté de résister. C’était l’erreur à ne pas commettre.

Les malfrats ne lui donneront pas le temps de leur tenir tête. Dans la foulée, l’un d’eux sur lui tire deux coups de feu à bout portant. Le reste était facile pour eux. Ces derniers se sont saisis de son sac qui contenait toutes les recettes du jour estimées à plusieurs dizaines de milliers de francs CFA.

Avant de disparaître dans la nuit noire, ils ont tiré des coups de feu en l’air dans la rue. Histoire de dissuader d’éventuels intervenants pouvant les mettre le bâton dans les roues. Ils ont laissé derrière eux, KB grièvement blessé gisant dans son sang. Très rapidement, des proches, alertés par tous les bruits, sont vite intervenus pour secourir le blessé. Celui-ci a été acheminé vers le CHU Gabriel Touré où il a subi une opération chirurgicale à la suite de laquelle, les balles ont été extraites. Mais la victime semblait être touchée à des organes vitaux. Il a ainsi succombé suite à ses blessures quelques heures
plus tard.

Les proches et parents du malheureux n’avaient plus que leurs yeux pour pleurer la perte d’un des leurs. Fatalistes, ils s’en sont remis à la volonté de Dieu pour la suite de cette triste histoire.

Quelques semaines plus tard, certains proches de KB ont appris l’arrestation d’un malfrat par les limiers du commissariat spécial des chemins de fer. Cela faisait suite à un cas de braquage similaire au présent cas. Pis, il semble que le nommé DT y était fortement impliqué.

Très vite ces informations seront confirmées lorsqu’un des frères du défunt KB s’est présenté au commissariat de police cité. Il en a profité pour déposer une plainte contre celui qu’il suspecte d’être impliqué avec d’autres complices, dans l’assassinat de son frère à Djanéguéla. Coincé par les policiers, DT a dénoncé ses complices. Et de fil en aguille, les autres ont été alpagués par les limiers. La procédure a été diligentée pour les envoyer en assises afin d’y être jugés conformément à la loi.

à la barre, ils ont affirmé tout le contraire de ce qu’ils avaient dit à l’instruction de leurs dossiers. Ils ont choisi la dénégation des faits comme moyen de défense. Suspecté d’être le cerveau de la bande, un certain MT a été le premier à s’expliquer. Sans vouloir se donner la peine d’entrer dans des détails, il a soutenu qu’il a avoué les faits sous la torture. Ce qui obligea le président de lui rappeler certains passages de son dossier. Passages dans lesquels il a avoué avoir effectivement pris part à la conception et à l’exécution de l’assassinat de KB à Djanéguéla.

Un autre passage du PV de la police lui attribue la paternité des propos selon lesquels il dit être un complice et non l’auteur des faits. En dépit de tout, l’accusé a, mordicus, soutenu avoir affirmé ces propos sous la torture. Comme s’ils avaient convenu d’adopter la même attitude de dénégation, tout le reste de la bande a agi ainsi. En professionnels, cela a amené les juges à leur faire savoir que ce moyen de défense ne saurait prospérer. Les magistrats pensent que les accusés l’ont adopté juste dans l’espoir d’échapper à la machine judiciaire.

Le ministère public n’est pas allé avec le dos de a cuillère. Pour le défenseur des citoyens, il ne fait aucun doute que le rapprochement de ces individus s’explique par le projet commun qu’ils ont élaboré pour braquer les honnêtes citoyens dans le but de les déposséder de leurs biens par tous les moyens. Y compris par l’usage d’armes à feu. De l’analyse de leurs dossiers, il est ressorti que les inculpés ont mis une bande en place, quasi-spécialisée dans le braquage.

Et au cours de leurs lugubres opérations, la bande cible un certain groupe de personnes qu’elle estime aisées, pour ensuite les attaquer et les spolier de leurs biens. Leurs dossiers fait également ressortir l’une de leur opération qui a été filmée par des caméras de surveillance. Chose qui a d’ailleurs permis de les interpeler un par un. à partir de là, les suspects étaient restés comme figés, sans issues.

Tels qu’exposés par le défenseur des citoyens, celui-ci a estimé que les charges étaient suffisantes pour les maintenir dans les liens de l’inculpation. Le conseil de la partie civile a quasiment abondé dans le même sens. Pour lui, « les éléments constitutifs de l’assassinat sont réunis : l’élément moral, matériel et l‘intention ». D’où cet appel de l’avocat de la victime de maintenir les suspects dans les liens de l’accusation, sans possibilité de les faire bénéficier de circonstances atténuantes.

Visiblement, le parquet et l’avocat de la partie civile sont allés dans le même sens durant ce procès : « tous les éléments constitutifs de l’assassinat sont réunis. L’assassinat et l’association de malfaiteurs son avérés » a, à son tour, clairement dit le défenseur des citoyens.
Quant à la défense des accusés, elle n’a pas hésité à qualifier les plaidoiries de ses prédécesseurs de « grotesques ». « Je trouve que c’est un montage grotesque. Je n’entre pas dans ce jeu là », a martelé la robe noire qui s’est agrippé sur l’absence de preuves et l’existence de zones d’ombre dans les dossiers. Il est allé jusqu’à mettre en doute les enquêtes policières effectuées en aval. « Ils ont été torturés. Tout le monde sait ce qui se passe mais personne ne dit rien », a-t-il avancé pour soutenir ses dires.

Après plusieurs heures de débats, les accusés ont été reconnus coupables avec des circonstances aggravantes. Ce qui a réjoui la partie civile qui a sollicité la peine maximale. Tout comme le défenseur des citoyens qui a lui aussi abondé dans le sens, en requérant la peine de mort pour cette bande de malfrats. Aux termes des débats, le conseil des accusés semblait esseulé.

La cour, dans sa sagacité, n’est pas allée avec le dos de la cuillère. Elle a condamné les accusés à la peine de mort et au paiement de 80 millions de francs CFA.

Tamba CAMARA

Source : L’ESSOR

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