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Gao : Les fruits et légumes frais sont rares et chers suite à l’embargo de la CEDEAO

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La fermeture de la frontière entre le Mali-Niger, suite à l’embargo de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur notre pays, après le coup d’Etat du 18 août 2020, a affecté la ville de Gao dans son approvisionnement en fruits et légumes frais. Ces produits sont devenus rares ou coûtent très chers dans la Cité des Askia.

Mme Traoré Ami est vendeuse des fruit et légumes frais au marché Damien Boiteux de Gao. Selon elle, l’embargo porte préjudice aux vendeuses de condiments. « Avec la fermeture de la frontière du Niger, nous manquons de produits. C’est à partir du Niger que nous (vendeuses de condiments) ravitaillons la ville de Gao en fruits et en légumes (oranges, banane, pomme de terre, igname et oignons) et même les œufs », dit Mme Traoré. « L’acheminement des marchandises du Niger vers Gao prend une journée. Tandis que les marchandises qui viennent de Sikasso (dans le Sud du Mali) et de Bamako, la capitale, peuvent faire une semaine voire deux, à cause de l’état de la route. Même si nos bénéfices sur les produits du Niger sont peu, nous les préférons à ceux de chez nous parce que leur acheminement est rapide », analyse Ami.

Mme Traoré Bintou Maiga est, aussi, vendeuse de fruits et légumes que nous avons retrouvée devant son étal sans produits. Elle précise que depuis l’annonce de l’embargo, les marchandises en provenance du Niger n’arrivent plus, ajoutant qu’elle est restée sans activité, au point d’entamer ses économies.

La présidente de l’Association des femmes vendeuses de fruits et légumes au marché Damien Boiteux de Gao, Mme Maiga Aminatou Samba, témoigne : « le premier jour de l’embargo a coïncidé avec l’embarquement de nos marchandises composées de fruits et de légumes, au Niger, en direction de Gao. Les marchandises sont restées longtemps à la frontière nigérienne dans les camions avant d’être transférées par pinasses à la frontière malienne ».

Tous les produits ont pourri à cause du temps d’attente des camions à la frontière du Niger. Résultats ? Les clients ne trouvent plus de fruits ou de légumes frais de leur choix.

Selon notre interlocutrice, un premier embargo handicapait déjà Gao : l’état désastreux des routes de ravitaillement par la Région de Sikasso auquel vient s’ajouter l’embargo de la CEDEAO. « Ce deuxième embargo imposé au Mali ne fragilise pas que notre pays. Il touche aussi les autres pays de la sous région et même l’Occident, parce que des commerçants maliens font la navette entre notre pays et les autres continents », dit Mme Maiga.

Le technicien en industrie et mines à la retraite, Mahamane Maiga, pense, pour sa part, que l’embargo de l’organisation sous régionale a enfoncé notre pays sur tous les plans, en particulier sur celui du développement.

Issoufa Maiga est chef de la voirie à la municipalité de Gao. Il soutient que la Région de Gao sent l’embargo parce que, selon lui, le prix du carburant a connu une augmentation, en même que le prix des denrées alimentaires et, aussi, à travers la réduction de la circulation des personnes vers le Niger.

Le chauffeur Alassane Touré estime que la CEDEAO veut punir la population malienne et non les meneurs du coup d’Etat.

Mme Touré Alfadilatou Maiga, agent du gouvernorat de Gao, précise que la ville de Gao ne consomme que des produits en provenance du Niger. Il s’agit de la volaille, de la patate douce, des légumes et des fruits. « Hier, je suis partie au marché à la recherche de poulets de chair. A ma grande surprise, aucun produit en provenance du Niger ne se trouve sur le marché de Gao. Et même si on en trouve, c’est cher. Par exemple, la pomme de terre de Niamey que j’ai l’habitude d’acheter à 500 Fcfa le kilogramme, coûte 1.250 Fcfa et le kilogramme d’oignons, qui se vendait à 200 Fcfa, est cédé à 900 Fcfa pour la même quantité », se plaint Mme Touré.

Pour l’agent d’assurance, Harouna, tous les problèmes de la ville de Gao ont pour cause la fermeture de la frontière du Mali avec l’Algérie et le manque de routes avec le Sud du pays. « Sinon, on s’en moque de l’embargo de la CEDEAO ! » lance-t-il, par dépit.

Selon lui, la Région de Sikasso peut ravitailler Gao en céréales, fruits, légumes, en grande quantité. L’Algérie peut en faire autant. « Si l’Etat malien règle le problème de la fermeture de la frontière algérienne, les populations de Gao et du Mali auront tous les produits moins chers », pense notre interlocuteur.

Le 2ème adjoint au maire de la Commune urbaine de Gao pense que « l’embargo va faire très mal à la population de Gao parce que la ville ne vit que des produits qui viennent de l’extérieur et du Sud de notre pays »

« Il n’y a pas de routes qui relient la Région de Gao au Sud. Donc, nos seuls points de ravitaillement en produits de première nécessité restent le Niger et l’Algérie », soutient-il.

Pour lui, le Mali ne peut pas échapper aux sanctions de la CEDEAO parce que le Mali fait partie de cette organisation sous régionale, tout comme il est membre de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ou encore de l’Union africaine (UA) dont il a signé les Chartes qui condamnent les coups d’Etat. « Pour soulager les souffrances de nos populations, il faut écourter la transition’, tranche-t-il.

AT/MD

(AMAP)

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