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Médina-Coura en commune II du district de Bamako : Quand les ordures prennent d’assaut le goudron

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Bamako, la capitale du Mali, se fait parler d’elle en termes d’insalubrité. Le débordement des dépôts d’ordures entraine des blocages de voies publiques. Le cas de Medina-Coura en commune II du district de Bamako est pire.

À Medina-coura,en commune II du district de Bamako, le goudron qui fait face au stade Modibo Keita est transformé en une poubelle. Cette situation encombre les usagers de la route, les commerçants au bord du goudron ainsi que les habitants de ce quartier.

Si l’on peut se le permettre, c’est l’enfer sur cette voie.On arrive à peine à respirer à cause de l’odeur nauséabonde de ces tas d’ordures. Desdéchets ressemblant à des collines qui ont complètement camouflé le goudron créant ainsi un fol embouteillage sur ladite voie. « On en a marre de cette situation », vocifèrent des usagers de cette route insalubre, le vendredi dernier, lors de notre passage.

Un conducteur de taxi à la place publique de Point-G, place réservée au transport en commun, Golo Kanté exprime sa révolution sur cette situation : « Ce problème d’ordure nous fatigue vraiment. Il nous empêche de circuler normalement. Et comme vous pouvez le constater, nous on travaille ici, avec ces déchets. On a du mal à acheter quelque chose à manger même si on a faim. Car les mouches nous dérangent et l’odeur, n’en parlons pas. »

En effet, à quelques mètres de cette montagne d’ordure s’emparant d’une voie publique, les chants des mouches nous donnent l’alerte que nous entrons sur leur territoire : la saleté.

Les commerçants au bord de cette route aussi se plaignent de la situation. Un pompiste assis à sa station d’essence, se couvrant le nez avec une contre-poussière, nous explique : « Depuis l’arrivée de ces ordures, nous ne sommes plus tranquilles. Les clients nous fuient. Personne ne veut s’arrêter sur des tas de déchets pour prendre de l’essence ».Ce vendeur précise comment ces ordures arrivent à cet endroit. À ses dires, « ces gens-là (les charretiers) viennent jeter les ordures la nuit dans les environs de 00h. Cela trouve que la plupart des vendeurs sont rentrés chez eux ». Et d’ajouter : « Si vous voyez qu’il y a encore un peu d’espace sur le goudron, c’est parce que certains commerçants passent la nuit dans leurs boutiques pour veiller à ce qu’ils ne déposent pas les ordures devant leur lieu de travail. »

Dans cette affaire, les habitants de Medina-coura ont les dents serrées contre les autorités locales. Ils les menacent de prendre la situation en main si jamais les celles-ci ne réagissent pas vite. « La vengeance est un plat qui se mange froid »,rappelle Monsieur Samacé Mohamed dit « Pipo », vendeur de pièces détachées des voitures au marché « Sougouni-coura ». Avec un visage laissant transparaitre la colère, Mohamed nous donne son point de vue : « Les autorités se foutent de notre santé ainsi que de notre sécurité ». À l’en croire, c’est la mairie de la commune II qui est la vraie responsable de cette situation. Ce n’est pas tout,M. Samacé indique que « les agents de la mairie nous ont trahies.Lors de la construction de cette cour, ils nous ont promis que les ordures ne passeront pas 24h à l’intérieur de la cour et voilà maintenant la cour est remplie et ce qui entraînel’envahissement du goudronpar les ordures».

À ses dires, « ce n’est pas la première fois que la population se révolte contre les autorités sur cette affaire. Chaque année, au même moment, c’est le même problème. Donc nous pensons que c’est de la foutaise et si c’est ainsi nous allons utiliser les moyens forts pour que les autorités puissent se redresser. »

Non loin du stade Modibo Keita, un chef de famille, qui était assis à la porte de sa demeure avec ses deux amis pour prendre du thé, accepte de nous parler du calvaire qu’il vit avec ce dépôt d’ordures. Avec une voie laissant sentir le désespoir, Salif Coulibaly s’exprime :« Si j’avais la force de déplacer mon bâtiment, je l’aurais fait. Cette situation nous bousille la vie ». A l’en croire, « les mouches qui quittent cette saleté viennent nous infectés. L’oxygène est irrespirable. Il faut que les autorités fassent quelque chose, sinon on en peut plus. »

Que disent les autorités de cette situation et de toutes ces accusations ?À la mairie de Medina-coura, nous nous sommes approchés à quelques employés afin d’en savoir plus sur les raisons concernant cette situation d’ordure. Selon ces employés, la mairie de Medina-coura n’est qu’un pion dans cette affaire.

Beaucoup de regards sont dirigés vers l’OZONE Mali, qui seraitle premier responsable de ce problème. Un monsieur portant un gilet ressemblant à celui des agents de l’OZONE et qui accompagnait un conducteur de moto taxi remplie d’ordures qu’il venait déposer sur ladite route a accepté de nous parler dans l’anonymat. Selon lui, le problème n’est pas à leur niveau, car leur travail consiste à venir ramasser les ordures et les déposer dans les champs. « En cette période d’hivernage, tous les champs ont été cultivés. À chaque fois qu’on amène des ordures, les cultivateurs nous disent qu’ils n’en ont pas besoin pour le moment. Qu’allons-nous faire, puisque les autorités supérieures ne nous ont pas montré un endroit spécifique pour le dépôt de ces trucs ? », s’interroge-t-il. À lui de préciser :« Cette cour n’est plus seulement le dépotoir de la commune II, il est devenu le dépotoir du district. Les déchets des communes 1, 3 et même 4 sont déposés ici. » Avec un air triste, il continue : « On ne dispose pas d’assez de moyens de transport pour transporter les ordures à leur dernière destination. Donc, c’est normal que la cour soit remplie et que les déchets viennent se retrouver sur le goudron. »

Pour inciter davantage les autorités à prendre cette affaire au sérieux, nous nous sommes adressés à un médecin pour qu’il puisse nous parler des impacts de ces ordures pour le bien-être de la population. Un infirmier du centre de santé de Médina Coura, qui était de passage, nous en dit un peu. Selon lui, « ces ordures peuvent être la cause de plusieurs maladies, surtout en cette période d’hivernage, ils peuvent être un facteur de multiplication des moustiques ». À l’en croire,« les mouches peuvent transporter les bactéries et les déposer sur les légumes des vendeurs qui sont au bord de la route et si ces légumes ne sont pas bien nettoyés avant d’être consommés, cela peut amener de la fièvre typhoïde. »

Sira Niakaté, stagiaire

Source: Le Pays

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