Plusieurs correspondants étrangers travaillant pour des médias américains en Chine n’ont pas pu renouveler leur accréditation pour cette rentrée. Les autorités chinoises leur ont fait savoir que leur statut était suspendu aux mesures de restrictions annoncées par l’administration Trump visant les médias chinois d’État aux États-Unis.
Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Ce sont les limbes du journalisme en Chine. Selon le New York Times, au moins 5 consœurs et confrères de quatre médias dont CNN, le Wall Street Journal et Getty Image n’ont pas été en mesure de récupérer leur nouvelle carte de presse chinoise pour cette rentrée. Ce document est indispensable au renouvellement de leur visa de journalistes auprès du bureau de la Sécurité publique.
Pour l’instant, ces derniers peuvent continuer à travailler en Chine. La lettre qu’ils ont reçu du ministère chinois des Affaires étrangères va dans ce sens, mais précise aussi très clairement que ce statut peut être révoqué à tout moment. Les autorités chinoises ont également affirmé à l’un des correspondants de CNN que cette décision n’avait rien à voir avec ses reportages, mais qu’il s’agissait d’une « mesure réciproque » en réponse au traitement réservé par l’administration Trump aux médias chinois aux États-Unis.
►À écouter aussi : Atelier des médias – Coronavirus: une presse libre en Chine aurait sans doute permis d’éviter la pandémie, affirme RSF
Ce n’est pas la première fois que Pékin décide de telles représailles. Dents pour dents, correspondants pour correspondants… L’épée de Damoclès est ici liée aux élections américaines de novembre, mais plusieurs journalistes travaillant pour les médias américains pourtant peu appréciés de la Maison Blanche ont vu la durée de leur visa de travail réduite de 1 an a parfois 1 ou 2 mois, d’autres ont été expulsés de Chine ces derniers mois.
La diplomatie des correspondants
« Si les États-Unis continuent d’avancer sur la mauvaise voie, a fait savoir récemment Hua Chunying, l’une des porte-parole de la diplomatie chinoise, la Chine n’a d’autre choix que de réagir pour défendre ses droits légitimes. »
De son côté David Stilweell, secrétaire adjoint du département d’État américain pour l’Asie de l’Est et du Pacifique évoque des « représailles hors de proportion », rappelant qu’« il y a 150 diplomates ou plus des personnels des médias d’État chinois travaillant pour le ministère de la Propagande ici aux États-Unis », alors qu’il ne reste en Chine qu’une poignée de journalistes américains actuellement.
RFI