Quelques jours après sa dernière apparition publique aux côtés de la Junte militaire au pouvoir venue lui rendre visite, l’ancien président de la République, le Général Moussa Traoré, a tiré sa révérence hier mardi à son domicile. Evincé par un coup d’Etat en 1991 par Amadou Toumani Touré, Moussa Traoré, avait dirigé le Mali pendant 23 ans à la suite d’un coup d’Etat en 1968 contre le père de la Nation, Modibo Kéita.
Qui est Moussa Traoré ?
Moussa Traoré est un militaire et un homme politique malien, président de la République du Mali de 1968 à 1991. Il est né à Sébétou dans la région de Kayes le 25 septembre 1936 d’une famille malinké.
Formation scolaire
Fils d’un ancien soldat de l’armée française, Moussa Traoré s’y engage en 1954. Il fait ses études à l’École des enfants de troupe de Kati puis rejoint l’école d’officiers de Fréjus en France en 1960. Il en sort major de sa promotion.
Parcours militaire
Il est nommé sous-lieutenant en 1961, puis lieutenant en 1963. Il part au Tanganyika (l’actuelle Tanzanie) en qualité d’instructeur auprès des combattants de mouvements de libération. Il est ensuite nommé instructeur à l’École militaire interarmes de Kati.
Présidence de 1968 à 1991
Le 19 novembre 1968, il participe au coup d’État qui renverse le président Modibo Keïta. Il devient président du Comité militaire de libération nationale, puis chef de l’État.
Toutes les activités politiques sont interdites. Un régime policier est mis en place sous la direction du colonel Tiécoro Bagayoko. Des agents de renseignements vont dans les écoles pour écouter les cours des professeurs (le milieu scolaire et universitaire est en majorité hostile au régime militaire).
Le socialisme économique de l’ancien président Modibo Keïta est abandonné
En 1972-1973, une sécheresse importante s’abat sur le Mali. L’aide internationale arrive mais l’argent est détourné.
En 1974, il fait adopter une constitution qui crée la Seconde République.
En mai 1977, l’ancien président Modibo Keïta meurt de façon suspecte en détention à l’âge de 62 ans, entraînant une forte mobilisation populaire ; des milliers de personnes se rendent à ses obsèques, auxquelles participent également des délégations officielles de pays voisins (notamment Guinée et Côte d’Ivoire). Le régime militaire réagit violemment en procédant à de nombreuses arrestations, mais Moussa Traoré est obligé d’expliquer à Radio-Mali les raisons de la mort de Modibo Keita, due selon lui à « un œdème aigu des poumons » ; ces explications ne convainquent personne.
Le 28 février 1978, Moussa Traoré fait arrêter Tiécoro Bagayoko et Kissima Doukara, respectivement directeur de la Sûreté nationale et ministre de la Défense, qu’il accuse de préparer un complot.
Il propose d’aller vers une ouverture politique ce qui lui permet d’acquérir le soutien de certains intellectuels comme Alpha Oumar Konaré qui acceptera le poste de ministre des Arts et de la Culture pendant quelques années.
En 1979, il crée l’Union démocratique du peuple malien (UDPM), parti unique, ainsi que l’Union nationale des femmes du Mali et l’Union nationale des jeunes du Mali, organisations auxquelles respectivement toutes les femmes et tous les jeunes doivent alors adhérer.
En 1980, des manifestations étudiantes sont réprimées. Leur leader Abdoul Karim Camara, dit « Cabral », décède sous la torture, le 17 mars.
En 1982, il est promu général d’armée.
En 1990 sont créés le Congrès national d’initiative démocratique (CNID) par l’avocat Mountaga Tall et l’Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA) par Abdramane Baba. Ces deux associations vont avec l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) et l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH) combattre le régime de Moussa Traoré et exiger le multipartisme.
Le coup d’État de 1991
Le 22 mars 1991, un soulèvement populaire est réprimé dans le sang.
Le 26 mars 1991, un coup d’État militaire renverse Moussa Traoré. Un Comité de transition pour le salut du peuple est mis en place avec à sa tête le Lieutenant Colonel Amadou Toumani Touré. L’ancien président est emprisonné. Il sera, en 1993, condamné à mort. Cependant, le président Alpha Oumar Konaré commue sa peine en prison à vie puis, en mai 2002, le gracie.
En revanche, il doit dorénavant répondre de « crimes économiques », pour lesquels il est aujourd’hui condamné.
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