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Écoles privées de formation en sciences de la santé : Quelle perspective ?

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Les insuffisances dans les textes de création et d’ouverture favorisent la pléthore d’établissements de formation en sciences de la santé. Il est important de recadrer les choses pour éviter un dérapage parce que les produits de ces écoles officient sur l’humain

La formation du personnel paramédical n’est pas l’apanage du seul public. Des écoles privées de formation en sciences de la santé mettent aussi la main à la pâte et versent aussi leurs produits sur le marché de l’emploi. Aujourd’hui, ces établissements pullulent du fait de certaines insuffisances dans les textes. Tous les observateurs s’accordent pour dire que la pléthore n’aurait pas été un casse-tête si le contenu y était, autrement dit ces écoles privées de formation en sciences de la santé répondaient aux exigences de qualité. Si aux yeux de la loi, on ne peut rien reprocher à la création et à l’ouverture de ces établissements, mais on a jamais autant douté de la qualité des produits qui en sortent.

En tout cas, le phénomène préoccupe nos compatriotes qui ne comprennent pas les conditions d’existence de ces établissements. Les interrogations de nos concitoyens et autres interprétations des textes justifient l’intérêt porté par nos reporters sur les conditions de création et d’ouverture des établissements d’enseignement privé, y compris des écoles de formation en sciences de la santé.
Certains promoteurs d’établissements privés d’enseignement des sciences de la santé que nous rencontrés n’ont pas éludé le débat. Bien au contraire, ils ont accepté de partager leurs arguments.

Dr Hamadoun Garba Cissé, gynécologue de son état, figure parmi les vieux de la vieille dans la gestion d’une école de formation en sciences de la santé. Pas étonnant qu’il soit le président d’honneur de l’Association des écoles de santé privées au Mali. Il possède une école de santé : « Le Bouctou » et nous renvoie simplement aux textes, notamment à la loi n° 94-032 portant statut de l’enseignement privé dans notre pays et le décret n° 94-276/P-RM 2-3 du 15 aout 1994 qui fixe les modalités d’application de la loi portant statut de l’enseignement privé.

Selon Hamadoun Garba Cissé, cette loi permet à tous les citoyens de créer ou d’ouvrir une école de santé suivant des critères bien déterminés. Il faut tout d’abord fournir des dossiers de création, notamment sur l’établissement, le promoteur, le directeur des études, le plan du bâtiment de l’école et fournir des renseignements sur les enseignants. Il ajoute que tous ces documents doivent être déposés au ministère en charge de l’Éducation nationale pour les écoles secondaires et au ministère en charge de l’Enseignement supérieur pour les écoles supérieures. Aujourd’hui, les deux départements ministériels ont fusionné.

En outre, le promoteur de l’école de santé « Le Bouctou », explique que la création d’une école d’enseignement privé ne donne pas droit à l’ouverture. Il explique la nuance et pense que le législateur malien a été moins rigoureux sur la question. Les textes disent qu’après avoir obtenu l’autorisation de création, on attend de l’administration compétente une réponse à la demande d’ouverture dans un délai de 3 mois. La même loi stipule que passé ce délai, même sans une réponse de l’autorité compétente, on peut ouvrir son établissement. Cette insuffisance des textes explique peut-être la prolifération des établissements d’enseignement privé, y compris les écoles de santé.

Hamadoun Garba Cissé estime que de nombreuses personnes profitent de cette situation. Il souligne aussi que la création et l’ouverture d’une école de santé doivent répondre à une logique de qualification, c’est-à-dire, soit être médecin, infirmier d’état, soit être sage femme. Il incrimine l’État qui, selon li, est laxiste sur les bords. Il explique avoir mis en place un réseau d’écoles de santé à travers le pays, notamment à Bamako, Tombouctou, Bandiagara, Bankass et Ménaka. L’établissement qu’il a ouvert à Kidal a été saccagé, selon lui, par une horde de djihadistes. Celui qui explique avoir, désormais, un peu plus de 20 d’expériences dans la formation du personnel paramédical applique aussi le système LMD (licence, master, doctorat).

Mais il s’empresse d’apporter la précision que le master et le doctorat dans son réseau d’établissements sont enseignés uniquement à Bamako où, son école mère dispose des compétences requises pour ces niveaux de formation. 16 nationalités y seraient accueillies. Le Complexe scolaire et universitaire Ba Aminata Doucouré, dont l’ouverture remonterait en 1994 mais sous un autre nom, s’emploie aussi à la formation en sciences de la santé. Il comprend deux cycles, notamment celui de technicien de santé et de technicien supérieur de santé.

Pour le premier cycle, le postulant suit une formation de 3 ans après le Diplôme d’études fondamentales (DEF) tandis que pour le cycle de technicien supérieur de santé, le diplôme est obtenu aussi à la fin d’une formation de 3 ans mais cette fois-ci après le Baccalauréat. Abdoul Karim Keita, gestionnaire, en est le promoteur. Il n’hésite pas à confirmer que son établissement répond aux normes de création et de l’ouverture d’un établissement d’enseignement privé. Il explique avoir hérité de la gestion de cet établissement de formation du corps paramédical de son père et essaie de coller à l’air du temps avec le système LMD. Pour l’instant, son établissement ne forme pas au-delà de la licence. Il explique que l’État organise les examens de fin d’année et délivre les diplômes comme pour expliquer que le parchemin délivré par son établissement est bien homologué.

Abdoul Karim Keita souligne aussi que les établissements de santé privés ont signé une convention avec les établissements hospitaliers, les centres de santé de référence (Csref) et de santé communautaire (Cscom) pour encadrer le stage de leurs élèves et étudiants. En contrepartie, les écoles de santé privées versent une compensation en fonction du niveau d’encadrement et par élève ou étudiant, soit de 10.000 Fcfa pour les hôpitaux, 8.000 Fcfa pour les Csref et 5.000 Fcfa pour les Cscom. Si ces frais de stage sont ajoutés aux frais scolaires, notre interlocuteur déplore le fait que certains élèves ou étudiants n’arrivent pas à s’acquitter correctement de ces frais. Cela est en train de devenir une épine dans nos pieds, relève-t-il.

Au niveau de l’Université Bazo, le promoteur des lieux, Dr Touré Mahamane A Salia, radiologue, explique aussi les procédures pour ouvrir une école de santé. Il énumère les préalables notamment une autorisation de création et d’ouverture, le relevé bancaire pour attester la capacité du promoteur à prendre en charges les dépenses de fonctionnement de l’établissement pendant au moins une année et bien d’autres. A l’université Bazo qui existe depuis 2018, 3 filières étaient enseignées pour le niveau DEF. Mais à partir de l’année 2011, l’établissement a accueilli des élèves de niveau Bac. Il aurait même eu l’autorisation d’ouvrir la filière nutrition en 2017 pour former en master dans cette spécialité. Le radiologue fait remarquer que généralement une école de santé est différente d’une faculté de médicine parce que la première forme un personnel paramédical et la seconde des médecins.

Dr Touré Mahamane A Salia observe aussi qu’auparavant, l’Institut national de formation en sciences de la santé (INFSS) organisait les examens de fin d’année des écoles de santé et les choses se passaient bien. Maintenant, c’est le département de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qui organise et on constate de plus en plus de fuite dans les sujets d’examen. Cela est en train d’entacher la réputation des écoles privées. Il estime que les produits qui sont formés dans les écoles de santé privées officieront aussi sur l’humain, donc ils doivent acquérir intrinsèquement des compétences et non bénéficier de certaines facilités.

Amsatou Oumou TRAORÉ

Source : L’ESSOR

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