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Vie de la nation malienne : Les vérités et conseils de l’ancien Président ATT !

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L’ancien président de la République du Mali de 2002 à 2012, Amadou Toumani Touré affectueusement appelé ATT, a accordé, dans le cadre du 60e anniversaire de l’indépendance du Mali, une interview à l’ORTM, la télévision nationale. Droit dans ses bottes, ATT a parlé de ses multiples réalisations à la tête du pays, de ses regrets. Il a également craché ses vérités sur l’insécurité dans la sous-région, surtout le retard dans la mise en place du G5 Sahel, sur les coups d’État militaires au Mali et a donné des conseils aux futurs dirigeants de ce pays.

 

Contraint à la démission et à l’exil suite à un coup d’État militaire contre son régime en 2012, et accueilli en héros en 2018 de son retour de Dakar, l’ancien président de la République du Mali, Amadou Toumani Touré est sorti de son silence pour dire sa part de vérité sur la vie de la nation malienne, sur ce qu’il a fait comme réalisations pendant ses dix ans au pouvoir, sur ses regrets. Appelé Soldat de la démocratie malienne et bâtisseur, ATT a subi un coup d’État militaire à cause de l’insécurité que connaissait le Mali en 2012 et qui perdure jusque-là. Il était accusé de « laxisme », d’avoir permis l’entrée des groupes armés au Mali. On lui reprochait de n’avoir pas équipé l’armée. Ce sont la liste de ces longues accusations qui ont conduit à sa chute.

Les vérités d’ATT sur le problème d’insécurité

À l’époque, les Maliens avaient du mal à croire quand ATT disait que le Mali seul ne pouvait pas faire face aux groupes armés terroristes. 8 ans après la chute de son régime, l’insécurité va de mal en pis et a atteint les pays voisins. Selon ATT, l’insécurité s’est aggravée parce qu’il n’a pas eu le soutien des Chefs d’État des pays voisins à l’époque pour faire échec et mattes aux forces du mal. Selon lui, le G5-Sahel mis en place en 2017 devait exister depuis 2006. « En 2006, j’ai attiré déjà l’attention de notre communauté sous régional en les disant ce que je vois. Je leur ai dit que les caractéristiques de cette guerre que nous voyons au nord du Mali est une guerre frontalière, c’est une guerre asymétrique comme les gens le disent aujourd’hui et c’est une guerre à laquelle l’armée n’est pas préparée. Il faut que nous nous préparions et nous mettions du temps. Pour moi, ce qu’il faut faire, c’est de voir comment est-ce que nous devons nous mettre ensemble. Étant donné que le problème est régional, il faut que nous donnions une réponse régionale. Étant donné que le problème est transfrontalier, il faut que nous donnions une réponse transfrontalière », a rappelé ATT. Selon lui, cette proposition qu’il a faite à la communauté sous régional n’a pas été prise en compte. « Malheureusement, ils ont fait 11 ans pour m’écouter et personne n’a retenu ce que j’ai dit. 11 ans après, en 2017 qu’on est venu mettre en place le G5 sahel. Vous imaginez le temps qu’on a perdu. 11 ans, les autres ont eu le temps de se préparer, de se former, de s’armer, de corrompre et d’occuper le terrain. Et 11 ans après, nous on vient se fuser comme si on devait tout simplement tourner une page d’écolier. Ce qui a été extrêmement et particulièrement difficile.  Cela fait partie de ce qui peut être considéré comme mes échecs. Je n’ai pas réussi à les convaincre. J’ai tout fait, j’ai tout dit, mais personne n’était là pour m’écouter », a-t-il regretté.

À en croire l’ancien président de la République, s’il avait été écouté à l’époque, la crise n’allait pas atteindre le niveau actuel. Le général d’armée regrette dit ne pas être fier que d’autres, notamment le serval, viennent intervenir à leur place.

Les grandes réalisations dont ATT est fier 

Cette interview accordée à la télévision nationale a été l’occasion pour l’ancien président de la République de revenir sur certaines de ses multiples réalisations. Les infrastructures routières, l’eau, les logements sociaux… ATT a évoqué toutes ces questions. « En 2002, le Mali n’était lié par le butime que sur trois pays et en 2012, c’est pratiquement, à part l’Algérie qui avait l’axe sahélo-sahélien, tout le reste était butimé. Que ça soit Bamako Côte-d’Ivoire, Burkina, la Guinée. Tout a été butimé », a-t-il laissé entendre avec fierté. Selon ATT, il a construit plusieurs ponts, dont le Wabaria, le troisième pont de Bamako dénommé, le pont de l’amitié Mali-Chine.

Il a également parlé des vastes programmes d’infrastructures énergétiques : sapom, balingué, felou ; les différentes interconnections, l’amader qui a fait un travail important…Selon lui, en 2002, le Mali n’avait que 145 mégawatts installés, mais en 2012, on avait 425. En termes de l’eau potable, ATT dit en avoir beaucoup fait. À l’indépendance, dit-il, on était à 2% d’eau potable ; au coup d’État en 2012, on était à 73% .

À en croire l’ancien président de la République du Mali, l’Assurance maladie obligatoire, les logements sociaux sont les plus belles réalisations qu’il a faites pendant les dix ans au pouvoir. « L’une des belles réalisations que nous avons faites pour ce pays, c’est l’assurance maladie obligatoire, la CANAM, les logements sociaux… », s’est-il félicitée.

Il reconnait, par ailleurs, qu’il a connu aussi des échecs, notamment le fait de ne pas arriver à créer le G5 Sahel pour faire face à l’insécurité. « L’homme sage, c’est celui connait sa limite », a-t-il enseigné.

Les coups d’État ne sont pas la solution pour le Mali

Nombreux sont les Maliens qui pointent les acteurs du mouvement démocratique comme responsables de la crise actuelle du pays. Telle n’est pas la position de l’ancien Président ATT. Pour lui, ce mouvement a fait des efforts, a eu des réussites. Il a fait des échecs et a eu des regrets. Malgré qu’il ait, lui-même, fait un coup d’État, ATT trouve que ces coups ne sont pas la solution pour l’émergence du Mali. Les 4 coups d’État que le Mali a connu de 1960 à nos jours, ne sont pas, selon lui, une gloire pour ce pays. « Je ne suis pas convaincu que ce soit par les coups d’État que nous allons sortir notre pays du gouffre », a-t-il dit à qui veut l’entendre. Pour lui, il faut forcément trouver des solutions politiques aux problèmes politiques. « Il faut qu’on mène les débats jusqu’au bout. Menez les débats à partie et laisser les militaires venir régler notre problème n’est pas une solution. Ce n’est pas leur rôle à eux. Et nous, nous ne devons pas être aussi carrent de ne pas pouvoir mener un débat où nous devons trouver des réponses politiques aux questions politiques. Mais lorsqu’on donne des réponses militaires à des questions politiques, c’est difficile à expliquer », a-t-il regretté. 

Les conseils ATT aux futurs dirigeants

Comme beaucoup de leaders, ATT fait partie de ceux qui pensent que la mauvaise organisation des élections fait partie des maux de ce pays. Pour lui, les réformes politiques et institutionnelles sont recommandées.  « Tous les problèmes que nous avons aujourd’hui, c’est la mauvaise organisation de nos élections », a-t-il laissé entendre. Selon lui, tant que c’est le ministère de l’Administration territoriale qui organise les élections comme ce fut en 2013 et 2018, le gouvernement en place ne perdra jamais.

Pour mettre fin à ce problème lié à l’organisation des élections, ATT a donné d’amples conseils aux futurs dirigeants. Le premier de ces conseils, c’est de prendre en compte le document produit par la commission Daba pour les reformes. Selon lui, il est proposé, dans ce document, des solutions sur les réformes institutionnelles, la charte des partis politiques, le code électoral. Dans ce document, dit-il, il y avait une partie dénommée : la gestion des élections. Il est proposé la mise en place d’un organe indépendant pour l’organisation des élections. Cela, dans l’analyse d’ATT, pourrait éviter de fraudes électorales. « Si je dois rendre un service à ce qui vont gérer ce pays, je leur dirai de prendre le document de la commission Daba qui les permettrait de faire des reformes nécessaires », a entonné le soldat de la démocratie malienne.  Aussi, ATT a conseillé aux futurs dirigeants du Mali la retenue dans ce qu’ils disent et font.

ATT garde espoir pour un Mali nouveau

À la question de savoir que sera le Mali dans les 60 prochaines années, l’ancien président du Mali affirme qu’il garde espoir. Il affirme avoir confiance à la jeune génération qui a de l’intelligence et qui n’a plus droit à l’erreur. Il a ainsi invité la jeune génération à mettre en valeur l’agro-pastorale.

ATT rend hommage à Soumaila Cissé

Le passage à l’ORTM a été l’occasion pour l’ancien président de la République d’exprimer sa solidarité et son soutien à son ami, son frère et son camarade de promotion au collège de Mopti, Soumaila Cissé enlevé il y a six mois dans le cercle de Niafunké. « Je voudrais rappeler un petit souvenir, c’est Soumaila Cissé. C’est un ami, c’est un frère. On a fait tous le collège de Mopti ensemble. Donc on se connait bien. C’est pour dire également que j’ai une pensée profonde pour lui, à son épouse Astan, ses enfants, Bocar et cadets et leur dire surtout que quel que soit la difficulté qu’ils vivent, nous la partageons avec eux. Soumaila n’est pas leur seul père ou mari, c’est notre frère, c’est notre promotionnaire et nous avons grandi ensemble », s’est exprimé ATT. L’ancien président de la République a affirmé son engagement pour le retour sain et sauf de son frère Soumi. Ensuite, il a profité de l’occasion pour remercier le président de l’URD pour le service rendu à la nation malienne étant à l’UEMOA. « Je féliciterai toujours Soumaila et le remercier pour les 400 forages qu’il a donnés à notre pays lorsqu’il était président en exercice de l’UEMOA », a témoigné ATT.

Il faut préciser que lors de cette interview accordée à l’ORTM, ATT a évoqué les difficultés qu’il a rencontrées pendant la gestion de la transition en 1991 et a donné des conseils pour la transition en vue .« Il ne faut pas que les gens oublient : on ne refait pas le Mali avec la transition. Ce qu’on fait avec la transition, c’est de mettre un président démocratiquement et convenablement élu », a-t-il conseillé.

Boureima Guindo

SourceLe Pays

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