Le président français dénonce l’ingérence de groupes jihadistes dans le conflit du Haut-Karabakh. Emmanuel Macron va appeler le président turc Recep Tayyip Erdogan pour lui réclamer « des explications », a-t-il annoncé vendredi, appelant l’Otan à « regarder en face » les actions d’Ankara, membre de l’alliance.
Dans sa déclaration à la presse lors du sommet européen ce jeudi à Bruxelles, le président français n’pas tourné autour du pot. « Selon nos propres renseignements, 300 combattants ont quitté la Syrie pour rejoindre Bakou en passant par Gaziantep [en Turquie], a déclaré Emmanuel Macron. Ils sont connus, tracés, identifiés, ils viennent de groupes jihadistes qui opèrent dans la région d’Alep. D’autres contingents se préparent, à peu près de la même taille. Une ligne rouge est franchie, c’est inacceptable. »
La France fait partie avec la Russie et les États-Unis du « groupe de Minsk » de l’OSCE chargé d’une médiation dans ce conflit. « J’appellerai le président Erdogan dans les tout prochains jours parce qu’en tant que coprésident du groupe de Minsk, je considère que c’est la responsabilité de la France de demander des explications », a martelé le chef de l’État français.
Ankara, le plus fidèle alliée de Bakou
Les combats se sont intensifiés jeudi dans la région du Haut-Karabakh malgré de nouveaux appels au cessez-le-feu. Ce territoire en majorité peuplé d’Arméniens avait fait sécession de l’Azerbaïdjan, entraînant une guerre au début des années 1990 qui avait fait 30 000 morts.
Depuis dimanche, les forces de l’enclave séparatiste, soutenue par l’Arménie, et celles de l’Azerbaïdjan s’affrontent dans les combats les plus meurtriers depuis 2016. Or, la Turquie est la plus fidèle alliée de l’Azerbaïdjan.
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« Regarder en face » le comportement de la Turquie
Par ailleurs, Emmanuel Macron a interpellé l’Otan : « J’invite l’ensemble des partenaires de l’Otan à regarder simplement en face ce qu’est un comportement de membre de l’Otan : je ne pense pas que ça en relève. »
Les 27 ont estimé ce vendredi qu’il ne peut y avoir « aucune solution militaire au conflit, ni aucune ingérence » au conflit du Haut-Karabakh, dans leurs conclusions de la première journée du sommet.
Moscou avait fait état mercredi d’informations similaires à celles d’Emmanuel Macron. La Russie, puissance régionale qui entretient des relations cordiales avec les deux républiques ex-soviétiques, s’est montrée également inquiète du rôle de la Turquie, concurrent géopolitique mais avec qui elle a des relations pragmatiques.
RFI