La France, l’Algérie, la Cma pressent les nouvelles autorités pour la mise en œuvre intégrale de l’Accord d’Alger. Pendant ce temps, les maliens exigent la révision de certaines dispositions dudit Accord. Deux positions qui mettent le Président de la Transition, Bah N’Daw dans un dilemme.
Depuis quelques jours, la Communauté internationale en première ligne la France et l’Algérie s’activent afin que les nouvelles autorités du Mali fassent de l’Accord d’Alger l’une de leurs priorités. Un Accord qui peine à être mis en œuvre. Cette position inquiète les chancelleries occidentales et la médiation internationale. Celles-ci ne cessent de rappeler et pousser Bamako à tenir ses engagements dès la mise en place du nouveau gouvernement.
On se souvient que la junte, dans son premier communiqué en date du 19 août 2020, au lendemain du coup d’Etat, avait promis d’appliquer l’Accord d’Alger. Ces propos avaient été bien accueillis par la direction de la CMA, qui dans un communiqué avait réaffirmé son attachement à l’Accord. Au même moment, Paris continuait ses pressions sur les militaires à travers plusieurs Ambassades. Le message de Macron a été bien véhiculé et Bamako semble le comprendre. C’est ce qui explique la sortie du président de la Transition, le jour de son investiture, le 25 septembre 2020. M. Daw avait laissé entendre que le Mali respectera ses engagements internationaux. Et d’affirmer que « l’Accord d’Alger sera appliqué ».
Cette volonté affichée de Bah N’Daw d’appliquer de façon intégrale l’Accord ne semble pas être de l’avis de la majorité des maliens. On se souvient que l’une des recommandations du Dialogue national inclusif est la relecture de « certaines dispositions de l’Accord ». Se souvenant, quel sera l’attitude de Bah N’Daw ? Pour le malien lambda, il ne s’agit pas pour le colonel N’Daw de seulement faire plaisir à la France ou à la CMA et d’occulter les préoccupations de ses compatriotes, mais de satisfaire ce qu’à décider les maliens.
On se souvient que le président sortant, Ibrahim Boubacar Keita, avait pris un peu de recul quant à l’application de l’Accord après la tenue du DNI. Au finish, cette prise de position d’IBK a fini par « détériorer » les relations avec le président Macron.
Puisque IBK n’est plus aux affaires, la France ne lâche pas. Elle fait du respect de l’Accord en sa forme actuelle, une exigence. Un dicton de chez nous dit : « On n’apprend pas à un vieux singe comment faire la grimace ». Bah N’Daw s’aura-t-il bien déjoué le piège que la France et ses amis veulent bien lui tendre ? S’il ne parvenait pas à le faire, alors il aura affaire avec des Maliens bien déterminés à l’affronter pour que les recommandations du DNI soient respectées à la lettre. Malien qu’il est, Bah N’Daw saura trouver les arguments pour bien convaincre le pays colonisateur de réviser l’Accord.
En attendant, des citoyens restent mobilisés pour que la volonté des maliens soit respectée. Plusieurs universitaires, hommes politiques, cinéastes, et analystes ont jugé la nécessité de réviser l’Accord afin sa mise en ouevre soit une réalité. Parmi eux, il y a Cheick Oumar Sissoko, et Dr Choguel Maiga…
Ténors du M5, Dr Choguel Kokala Maiga avait affirmé qu’appliquer l’Accord d’Alger à l’état actuel, c’est « accepter la partition du Mali ». Et avait ajouté que le régime (IBK) ne doit pas tomber dans les pièges de la « Communauté internationale et des séparatistes qui exigeant l’application intégrale de l’accord, favoriseraient la partition du Mali. Dans la même veine, Cheick Oumar Sissoko, a, dans une longue tribune demandé à ce que les maliens eux-mêmes décident de leur avenir.
Cinq ans après sa signature, l’Accord n’a pu ramener la paix. Cela dénote qu’il contient des insuffisances. « Qu’on le veuille ou non, quels que soient les efforts faits, quels que soient les sacrifices consentis, il y a des contraintes objectives sur le terrain qui font que l’on ne peut pas toujours avancer à l’allure que l’on souhaite », affirmait Ahmed Boutache, président de la Commission de suivi de l’accord.
Djibril Diallo
Source : Arc en ciel