Une semaine après sa nomination, Moctar Ouane est toujours en train de travailler à la mise en place de l’attelage gouvernemental. De quoi alimenter des impatiences et des commentaires
Le Premier ministre, Moctar Ouane, a été nommé le 27 septembre dernier, par le président de la Transition, Bah N’Daw. Depuis, il s’est mis à la tâche pour la formation du gouvernement. Le chef du gouvernement poursuit les consultations, sous la direction du président Bah N’Daw et du vice-président, le colonel Assimi Goïta.
Des sources avaient annoncé que la composition du nouveau gouvernement serait connue dès le mardi 29 septembre dernier. Mais jusqu’à présent, l’attelage qui devra mettre en musique les directives des dirigeants de la Transition se fait toujours attendre. La fumée blanche ne s’élève toujours pas au-dessus du palais de Koulouba.
L’attente commence à être longue. Et cela suscite inévitablement des commentaires. Certains observateurs expliquent ce temps relativement long par la nécessité de renouer avec les enquêtes de moralité à mener au préalable sur les hommes et les femmes qui seront appelés à siéger dans le futur gouvernement. Ce principe de précaution qui semblait être quelque peu négligée ces derniers temps, marquerait, estiment-ils, le début du changement auquel des millions de Maliens aspirent depuis la chute du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta en août dernier. Cet avis n’est pas partagé par tout le monde.
D’autres observateurs soutiennent au contraire que ce «retard» dans la formation de l’équipe de Moctar Ouane s’expliquerait par le fait qu’il y a un blocage au sujet de la répartition des portefeuilles ministériels entre les principales forces du changement, à savoir le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) et le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP).
Les deux entités auraient, croient savoir les tenants de cette hypothèse, du mal à accorder leurs violons pour effectivement mettre les organes de la Transition sur les rails. Les réseaux sociaux bruissent de commentaires faisant état d’un divorce consommé entre le CNSP et le M5-RFP. Faut-il accorder du crédit à ces allégations ?
Il est constant que certains leaders du mouvement de contestation ayant ferraillé longtemps contre le régime défunt, n’ont pas hésité à faire publiquement état de leur mécontentement pour ce qui concerne les circonstances du choix du président de la Transition et du Premier ministre. L’un des leaders influents, en la personne de Cheick Oumar Sissoko a fait, la semaine dernière, une sortie médiatique en déclarant que son mouvement, bien qu’ayant mouillé le maillot pour le départ du président Keïta, n’a pas seulement été «marginalisé mais dribbé» par le CNSP lors de la désignation du nouveau chef du gouvernement.
Le M5-RFP ne cache pas sa déception de n’avoir pas eu à peser sur le choix des dirigeants du pouvoir intérimaire. Il est vrai que l’épisode, un rien ubuesque de l’envoi des curriculum vitae de certains membres du Mouvement, a montré un certain malaise.
Le fait d’étaler ses états d’âme sur la place publique permettra-t-il au M5-RFP de se tailler des places à la mesure de ses ambitions de changement ? Mystère. Ce qui est sûr, Moctar Ouane poursuit les consultations sur instructions du président de la Transition, Bah N’Daw. Le Premier ministre multiplie les consultations en vue non seulement de la formation de son équipe mais aussi pour obtenir le maximum de consensus sur les projets de la Transition.
Dans ce cadre, révèle un communiqué de la Primature, Moctar Ouane a reçu en audience, le vendredi 2 et le dimanche 4 octobre 2020, les forces vives de la nation représentées au sein du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques du Mali (M5-RFP), des partis et regroupements politiques, des organisations de la société civile et des Maliens établis à l’extérieur, des mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger et des mouvements de l’inclusivité.
«Les échanges s’inscrivent dans le prolongement du Dialogue national inclusif (DNI) organisé en fin décembre 2019 et des Concertations nationales qui se sont tenues du 10 au 12 septembre 2020, afin d’obtenir le plus large consensus autour de la meilleure prise en charge des recommandations, suggestions et contributions formulées pour une Transition réussie», précise la Primature, ajoutant que ces rencontres traduisent la volonté de rassemblement exprimée par le président de la Transition, Bah N’Daw, dans son discours d’investiture et appelant tous les fils et toutes les filles du Mali à se réunir autour de l’œuvre de redressement national.
Au cours des rencontres, le Premier ministre n’a pas manqué de rappeler la nécessité, pour les Maliens, de se retrouver autour de l’essentiel, de manière inclusive, pour une transition apaisée. Ce fut également l’occasion pour lui d’échanger avec les différentes organisations sur la situation sociopolitique et sécuritaire du pays ainsi que sur sa vision de l’action gouvernementale dans la conduite de la Transition.
Madiba KEÏTA
Source : L’ESSOR