Depuis près d’un mois désormais, Israël est le pays au monde qui a le plus de nouveaux cas de coronavirus par habitant. La contagion y est rapide et le nouveau confinement, entamé il y a deux semaines et demie, n’y fait rien pour l’instant. Comme lors de la première vague en mars-avril, deux communautés sont particulièrement touchées : les Arabes israéliens d’une part, mais plus encore les juifs ultra-orthodoxes.
de notre correspondant à Jérusalem,
Actuellement, un tiers des malades du coronavirus appartiennent à la communauté ultra-orthodoxe alors que celle-ci ne représente que 12 % de la population israélienne. Cette communauté, qui respecte scrupuleusement les règles du judaïsme, est donc nettement surreprésentée parmi les malades. Et la tendance ne devrait que s’accentuer dans les prochaines semaines.
Alors que le pays franchissait encore une fois un record de nouveaux malades, le coordinateur national de la lutte contre le coronavirus a révélé ce jeudi 2 octobre que 40 % des nouveaux cas sont des ultra-orthodoxes. Certaines personnalités très connues de la communauté sont également touchées. Vendredi, l’entourage de Chaïm Kanevsky, un rabbin très influent, a ainsi annoncé que le nonagénaire avait été testé positif.
Préserver un mode de vie
Au début de la pandémie, le manque d’information de cette communauté, qui vit assez coupée du reste du pays, a été un facteur important. Mais aujourd’hui, la réalité de la situation sanitaire est connue des ultra-orthodoxes et notamment de leurs dirigeants. En revanche, les consignes – le port du masque, la distanciation sociale et désormais le confinement – restent très peu appliquées.
Les mois de septembre et octobre sont une période de fêtes dans le calendrier juif. Une période de prières dans les synagogues, de rassemblements. Lundi 28 octobre, un rabbin très suivi avait ainsi organisé un grand repas pour marquer la fin du jeûne de Yom Kippour. Plusieurs centaines de personnes étaient présentes et elles ne portaient pas le masque.
Les dirigeants ultra-orthodoxes se sont aussi battus contre la fermeture des synagogues, des yeshivot – les écoles religieuses. Pour eux, il y a d’une part la conviction que l’étude de la Torah protège, mais aussi la volonté de préserver leur mode de vie. En fermant les écoles pendant plusieurs mois, ils craignent que les jeunes ne se détachent des études religieuses, que cela fragilise le lien social au sein de leur communauté. Et pour eux, la contagion représente finalement un danger moins grand.
Tensions avec le reste de la société
Pour de nombreux laïcs ou juifs pratiquants non-ultra-orthodoxes, cette attitude met tout le pays en danger. Car si la communauté ultra-orthodoxe vit largement repliée sur elle-même, la propagation du virus dans le pays ne pourra être endiguée sans son aide.
Par ailleurs, pour beaucoup d’Israéliens, y compris des professionnels de la santé qui le disent publiquement, le confinement actuel n’est pas justifié par des motivations sanitaires, mais politiques. Le plan initial initial du coordinateur national de la lutte contre le coronavirus était d’isoler les quartiers et villes les plus touchés. Mais les partis politiques ultra-orthodoxes, qui sont au gouvernement, s’y sont opposés.
Pour faire accepter les restrictions à leurs électeurs, ils ont exigé que les autres secteurs de la société se voient aussi imposer des restrictions. Les non-ultra-orthodoxes ont donc en grande partie le sentiment que le confinement leur est imposé pour ne pas froisser un électorat-clé pour un Premier ministre fragilisé.