La nouvelle est tombée dans la journée du mardi 6 octobre 2020, juste quelques heures après la mise en place d’un gouvernement devant conduire la transition. Il s’agit de la levée des sanctions imposées au Mali par la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Elle a été confirmée à travers une déclaration des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, datée du 5 octobre et signée par le Président de la République du Ghana, Nana Addo Dankwa Akufo-Addo. « Prenant en compte ces avancées notables vers la normalisation constitutionnelle et pour soutenir ce processus, les Chefs d’Etat et de Gouvernement décident de la levée des sanctions sur le Mali. Ils appellent tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux à soutenir le Mali », lit-on dans ledit communiqué. Dans la même veine, les chefs d’Etat et de Gouvernement demandent aux nouvelles autorités de la transition de mettre en œuvre rapidement les autres décisions du sommet, en particulier la libération de tous les militaires et civils arrêtés depuis le 18 août 2020 et la dissolution du CNSP.
Conformément aux dispositions du protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance de 2001, les chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO ont pris d’importantes décisions lors des sommets extraordinaires des 20 et 28 août suite au coup d’Etat militaire du 18 août au Mali. Ce coup d’Etat a entrainé l’arrestation du président de la République démocratiquement élu en 2018, son Excellence M. Ibrahim Boubacar Keïta, ainsi que des membres du gouvernement malien. Conformément aux dispositions des protocoles communautaires, des sanctions ont été imposées au Mali.
Rappelant les faits dans son communiqué, les chefs d’Etat et de gouvernement ont noté que ce coup d’Etat est intervenu dans un contexte de crise sociopolitique déclenchée à l’issue des élections législatives de mars-avril 2020. Cette crise, selon le communiqué, a pris la forme de manifestations, parfois violentes, organisées par certains acteurs politiques, membres d’associations religieuses et d’organisations de la société civile.
Les chefs d’Etat et de gouvernement ont exigé la libération immédiate de Son Excellence M. Ibrahim Boubacar Keïta et lui ont souhaité un prompt rétablissement après sa sortie du pays.
Autres faits, rappelle par le communiqué de la CEDEAO, les chefs d’Etat et de Gouvernement ont tenu un mini-sommet à Accra le 15 septembre 2020 et à cette occasion ils ont rencontré les responsables militaires du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP).
Cette rencontre, selon la CEDEAO, visait à finaliser le schéma de la transition politique, conformément aux décisions prises par la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO lors de son sommet extraordinaire par visioconférence, le 28 août 2020 et par son 57ème sommet ordinaire tenu le 7 septembre 2020 à Niamey, République du Niger.
Lors du mini sommet à Accra, les chefs d’Etat et de gouvernement ont réaffirmé les décisions suivantes : « la transition politique sera civile conformément aux décisions de la conférence. Ainsi, le président et le premier ministre seront des civils durant toute la période ; le vice-président de la transition, prévu par la charte, ne pourra en aucune circonstance remplacer le président ; le CNSP sera dissout immédiatement après la mise en place de la transition civile ; la transition politique durera 18 mois, à partir du 15 septembre 2020 ; Après la mise en place de la transition civile, la CEDEAO apportera son soutien au Mali pour le retour de l’ordre constitutionnel, conformément à ses protocoles ; les sanctions seront levées après la nomination du président et du premier ministre de transition ».
Ainsi, la levée des sanctions infligées au Mali faisait débat depuis la nomination de Bah N’DAW et Moctar Ouane, respectivement président de la transition et chef du gouvernement, tous deux des civils. Il aura fallu la mise en place d’un gouvernement de 25 membres pour que l’organisation sous régionale lève ses sanctions.
Dans un communiqué émanant de ladite organisation, il ressort ce qui suit : « Prenant en compte ces avancées notables vers la normalisation constitutionnelle et pour soutenir ce processus, les Chefs d’Etat et de Gouvernement décident de la levée des sanctions sur le Mali. Ils appellent tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux à soutenir le Mali. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement félicitent le médiateur pour les progrès réalisés dans la normalisation politique au Mali ».
Dans la même veine, les chefs d’Etat et de Gouvernement demandent aux nouvelles autorités de la transition de mettre en œuvre rapidement les autres décisions du sommet, en particulier la libération de tous les militaires et civils arrêtés depuis le 18 août 2020 et la dissolution du CNSP.
Par ailleurs, les chefs d’Etat et de gouvernement ont pris acte de la nomination et de l’investiture de M. Bah N’Daw en tant que président civil de la transition tout en le félicitant et, par la même occasion lui exprimant le soutien de l’organisation pour le succès de sa mission.
La CEDEAO affirme également avoir pris acte de la nomination de Moctar Ouane comme premier ministre de la transition. La nomination du président et du premier ministre de la transition devrait conduire à la formation du gouvernement.
En outre la charte de la transition, publiée au journal officiel de la République du Mali, qui prend en compte d’autres décisions des chefs d’Etat et de gouvernement, a été reçue par la CEDEAO le 1er octobre 2020. Il s’agit : des responsabilités du vice-président de la transition, chargé de la sécurité et de la défense ; du retrait des dispositions permettant au vice-président de remplacer le président de la transition ; de la durée de la transition fixée à 18 mois.
Sidiki Adama Dembélé
Source: Le republicain mali