Des rassemblements sont prévus ce jeudi dans plusieurs villes algériennes pour dénoncer les féminicides. Aucun chiffre officiel n’existe, mais le compte Facebook Algérie Féminicides, qui fait un travail de veille sur ce sujet, en recense 38 depuis le début de cette année. Le meurtre d’une jeune femme, Chaïma, relance la mobilisation.
Chaïma avait 19 ans et a été retrouvée morte la semaine dernière dans une station-service désertée près de Boumerdès, à l’est d’Alger. Les médias locaux affirment qu’elle a été violée, battue, puis brûlée vive. Selon le procureur, un suspect est passé aux aveux. Il est poursuivi pour « viol et homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, en utilisant la torture ».
La mort de cette jeune fille provoque une vive émotion, en Algérie. Selon sa mère, Chaïma connaissait son agresseur, et avait même porté plainte contre lui en 2016.
Ce qui renforce l’indignation, sur les réseaux sociaux, où le hashtag #jesuischaima est apparu. Dimanche dernier, le président Abdelmadjid Tebboune a ordonné l’application des peines maximales contre les auteurs d’enlèvement de personnes.
Le cas de Chaïma relance aussi le débat sur la peine de mort. Un moratoire est appliqué depuis 1993 en Algérie, mais sa remise en cause divise toutefois la société. La semaine dernière, c’est en Tunisie que ce même débat sur l’application de la peine capitale a été relancé. Le président tunisien Kaïs Saïed s’est prononcé pour l’exécution du meurtrier présumé d’une jeune femme.
Des manifestations dans le pays
Une centaine de personnes, des femmes en majorité, se sont même rassemblés ce jeudi matin à Alger. Elles étaient là pour dire leur colère concernant leurs « sœurs assassinées ». Mais elles sont finalement dispersées par la police. Parmi les personnes mobilisées, la journaliste et militante féministe Tinhinane Makaci.
Elle revient d’abord sur les raisons de cette mobilisation en mémoire de la jeune Chaïma, mais qui va aussi au-delà. Elle explique pourquoi : « Ce n’est plus un cas isolé. Les affaires de viols deviennent presque courantes, les meurtres de femmes deviennent aussi presque courants. On est en danger aujourd’hui. »
RFI