Emmanuel Macron va s’adresser aux Français ce mercredi à 20h à la télévision pour évoquer la situation sanitaire et économique. Le président de la République a jugé que sa parole était nécessaire alors que la France est entrée dans la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19.
Pas d’allocution solennelle, mais de la pédagogie. Voilà ce à quoi Emmanuel Macron va tenter de s’employer ce mercredi soir : expliquer la situation et ses enjeux, alors que le nombre de malades du Covid-19 en réanimation est au plus haut depuis mai. Il a choisi pour cela d’être interrogé par les présentateurs des 20h de TF1 et France 2, un rendez-vous à une heure de grande écoute pour s’adresser au plus grand nombre.
Cette fois, le président de la République veut répondre aux questions et mettre le poids de sa parole au service d’un message de mobilisation de tous les Français dans la lutte contre le virus. En substance, le chef de l’Etat veut leur dire qu’arrêter la deuxième vague est de la responsabilité de tous. Mais attention, il ne s’agit pas de faire la leçon aux citoyens, précise-t-on à l’Elysée. Pas question de les culpabiliser, mais de leur dire : « on gagnera ensemble ». Une responsabilisation positive en quelque sorte.
Le président doit aussi faire des annonces. Certains ballons d’essai ont été lancés, notamment sur la mise en place de couvre-feu dans les zones de forte circulation du virus, sur le modèle de la Guyane et de plusieurs villes allemandes. L’hypothèse de reconfinements locaux est toujours présentée comme une possibilité de dernier recours. Un conseil de défense a été réuni ce mardi pour examiner toutes les options. Dans l’entourage du président, l’objectif affiché est de « trouver les bonnes solutions et qu’elles soient audibles par tous ».
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Des changements, c’est en tout cas ce que préconise la mission présidée par le professeur Didier Pittet. Mis en place fin juin, à la demande d’Emmanuel Macron lui-même, afin d’évaluer la réponse française à la crise, ce groupe d’experts a rendu un premier rapport d’étape, ce mardi. Il souligne plusieurs défaillances déjà identifiées, sur les masques, les tests et le manque de coordination entre les différents acteurs notamment, et pointe la communication brouillonne du gouvernement.
« Faux départ »
En matière de communication, le gouvernement a prix « un faux départ », estime ainsi la mission Pittet. En changeant plusieurs fois de discours, sur les masques et les tests notamment, l’exécutif a donné l’impression à une partie des Français qu’il leur mentait et n’a pas su ensuite les convaincre de l’intérêt des stratégies mises en œuvre. « Il y a eu certainement un manque de pédagogie, une infantilisation au moment du confinement, observe l’infectiologue suisse Didier Pittet. Dans certains pays, comme la Suisse ou l’Allemagne, on a beaucoup plus responsabilisé d’emblée le citoyen. »
Ces erreurs de communication ont abimé la confiance des Français envers les pouvoirs publics. Une situation amplifiée par les médias, analyse encore le Pr Didier Pittet. « Cette défiance est restée une défiance permanente. Ensuite, il y a eu une multitude d’experts ou de pseudo experts qui ont pris la parole un peu partout et qui ont contribué à ce sentiment. »
Un sentiment qu’il faut maintenant contrecarrer, car pour le professeur Pittet, il faut absolument que les Français respectent mieux les gestes barrières et la distanciation physique. La mission recommande donc au gouvernement de délivrer un message plus clair, en particulier à destination des jeunes. Emmanuel Macron a lu ce rapport. Reste à savoir s’il en a tenu compte pour préparer son intervention télévisée.
RFI