Les Kurdes de Syrie ont combattu le groupe État islamique, capturé et emprisonné des milliers de jiahdistes, et pourtant ils s’apprêtent désormais à libérer les combattants syriens « les moins dangereux ».
Cette amnistie concerne également les familles de jihadistes de l’organisation État islamique. Environ 25 000 femmes et enfants syriens vont être relâchés. Dans le nord-est de la Syrie, très peu de voix s’élèvent contre cette décision. Mais certains s’y opposent fermement et alertent sur le danger de ces libérations.
Pour justifier leur décision, les Kurdes déplorent notamment le manque d’aide internationale. Mais ce jeune Syrien originaire de Raqqa, qui témoigne anonymement, dénonce une décision irresponsable. « Je sais qu’en Europe, votre seule préoccupation ce sont vos jihadistes occidentaux qui ont rejoint Daech. Vous redoutez leur libération. Mais vos jihadistes n’auraient jamais pu commettre les atrocités qu’ils ont commises s’ils n’avaient pas été soutenus par des jihadistes locaux. Et ce sont ces jihadistes locaux et leurs familles qui vont être libérés », souligne-t-il.
Pression sur les pays occidentaux
D’après les autorités kurdes, relâcher certains jihadistes syriens permettra de mieux surveiller les détenus étrangers. Car, jusqu’à présent, les pays occidentaux refusent de rapatrier leurs ressortissants membres du groupe EI.
Pourtant, notre témoin originaire de Raqqa prédit le retour du chaos. « La situation sécuritaire est déjà très instable. Régulièrement, les jihadistes déclenchent des mutineries dans les prisons. Vous croyez que relâcher certains d’entre eux les calmera ? Ils vont revenir et tenter de libérer tous leurs camarades restés derrière les barreaux », redoute-t-il.
Selon lui, les Kurdes sont parfaitement conscients de ce risque. Mais ils espèrent provoquer un déclic chez les puissances occidentales et obtenir davantage d’aide.
RFI